Ylys se posa doucement sur une plateforme d'atterrissage, et avant même que ses moteurs ne soient coupés, cette dernière s'enfonça doucement dans le sol avant qu'une lourde porte ne se referme hermétiquement au dessus. Après quelques heures de voyage, Daenide venait d'arriver à la station spatiale Héliocycle 78. Elle était constituée d'un long cylindre central, de plus d'une centaine de mètres de diamètre et d'un peu plus d'un kilomètre de long, et entourée de d'anneaux au diamètre de cinq cent mètres, reliés au cylindre par des passerelles dans lesquelles roulaient de petites navettes afin de faire la liaison plus rapidement. Un bouclier thermique puissant protégeait la station contre les intenses vagues magnétiques et de chaleur provenant de l'étoile autour de laquelle elle orbitait, la baignant en permanence d'une brillante lumière orange qui alimentait ses batteries solaires.

L'archéologue sortit de son vaisseau avant de se diriger vers la navette, qui l'amena dans le cylindre central. Là, il prit un ascenseur qui l'amena plus bas dans la station. Les portes s'ouvrirent sur ce qui était probablement une forme de déchetterie et d'atelier fusionnés en un seul lieu, afin de réutiliser le maximum de composants pour les réparations de la station. Daenide interrogea alors l'un des ouvriers, occupé à pousser un chariot sur lequel se trouvaient quelques droïdes endommagés.

«Excusez moi, sauriez vous où se trouve Hax ? Le ferrailleur ? »

L'ouvrier lui indiqua du menton la direction de la passerelle menant à l'anneau avant de dire :

« Tout ce quart de l'anneau est à lui. Vous pourrez pas le rater.

- Merci bien.»

Daenide se dirigea dans la direction indiquée, arrivant après quelques minutes dans l'anneau, qui était constitué principalement de hangars, les uns après les autres, reliés par un même couloir de quelques mètres de large. À peine sorti de la passerelle, un droïde se déplaçant sur une unique roue arriva en grinçant et demanda :

« C'est pour Hax ?

- S'il vous plaît.

- Hax ! On te demande ! »

Un individu qui était alors en train de travailler sur un moteur de plusieurs mètres de long se retourna alors et marcha dans leur direction sur ses quatre larges pattes, en essuyant ses mains salies d'une huile noire sur son tablier gras. Sa peau blanche était constellée de petites rayures noires, et l'arrière de son crâne chauve était occupé par une sorte de réserve de graisse lui tombant dans le dos jusqu'aux omoplates. Une fois ses mains propres, il tendit sa gauche à Daenide, qui la serra. Hax demanda alors :

« Danide, c'est ça ? Pile à l'heure convenue, merci bien !

- C'est Daenide, mais je vous en prie.

- Daenide, pardonnez moi. Bien, c'est pour la corvette Modsai, c'est bien ça ?

- C'est bien ça.

- Allons-y alors.»

Ils se mirent alors à marcher dans le long couloir, passant à côté des hangars, certains vides, d'autres remplis d'une grande quantité de matériel et d'autres enfin où un vaisseau était stationné. Durant le trajet, Hax fit la conversation :

« Ce n'est pas tous les jours que les vaisseaux Modsai sont demandés par des non-Modsai ! Habituellement ils sont à chercher jusqu'au dernier chasseur qu'on a en réserve, ce n'est pas la joie pour eux. La guerre les a privé d'une bonne partie des chantiers navaux sur lesquels ils construisaient leurs croiseurs. Mais je dois avouer que je suis fier de ma trouvaille. Une corvette entière et en bonne état, ce n'est pas tous les jours. Et même si elle a quasiment 50 ans, elle fonctionne toujours parfaitement, je fais gaffe à lui faire faire de petites sorties de temps en temps pour éviter d'empoussiérer les moteurs. Ah, nous y voilà.»

Le ferrailleur tapota sur un clavier, faisant s'ouvrir une porte donnant sur un long hangar. À l'intérieur était garé un vaisseau d'une centaine de mètres de long, de forme ovale, avec de longs réacteurs allant de son dernier tier jusqu'à dépasser en partie l'arrière, à la façon typique des vaisseaux Modsai. Si le métal de la coque était de toute évidence usé, le vaisseau semblait cependant extérieurement toujours en état de voler. Hax affirma donc, tout en marchant vers le vaisseau :

« Bien, passons aux choses sérieuses. Je vous la fait à 500 000 crédits. C'est moins de quatre fois le prix initial du vaisseau.

- Je n'ai pas 500 000. Cependant, je compte utiliser ce vaisseau que pour une durée limitée, deux mois tout au plus. Je m'engage à vous le rendre une fois le délai passé.

- Vous comprenez bien que je ne peux pas me séparer simplement d'une corvette Modsai comme ça.

- Je propose 200 000, et disons 5000 de plus à chaque jour dépassé après un délai de deux mois. Je peux également vous donner des coordonnées où de nombreux composants technologiques, et probablement même des pièces de vaisseaux seront présentes d'ici peu de temps.

- Mmh... C'est une très grosse réduction du prix, ça.

- Certe, mais si tout se passe bien, vous gagnerez cette somme, de nombreux composants, et retrouverez même le vaisseau après quelques temps. Le bénéfice est total pour vous. »

Hax fronça les sourcils tout en se frottant le menton. Il observa le vaisseau, puis Daenide avant de réfléchir et de répondre :

« En imaginant que j'accepte cet accord, quelle est ma garantie de retrouver effectivement la corvette après deux mois ?

- Je ne peux pas vous le garantir entièrement.

- C'est bien ce que je pensais. J'aurais besoin d'être sûr que je ne perd pas d'argent. Peut-être que vous pourriez me faire une petite avance sur ces fameux 5000 par jour après le dépassement du délai.

- Vous en voulez 250 000 ?

- Oui. Plus ce que vous m'avez déjà dit : les coordonnées de ce fameux lieu riche en composants.

- C'est d'accord.

- Ha ! Parfait. Je suppose que vous n'avez pas 250 000 sur vous, je vous propose d'aller à un terminal afin d'effectuer un transfert.

- De ce pas. Je dois simplement contacter quelques personnes avant.

- Très bien.»

Hax se détourna pour aller inspecter l'intérieur du vainsseau et s'assurer que tout était en ordre, tandis que Daenide utilisait l'appareil à son poignet pour indiquer le prix de vente. Entre son argent personnel, les fonds récoltés par la vente de nombreux artefacts Etchoki ces derniers jours au grand dam de leur détestation des collections privées, ainsi que la cagnotte participative rassemblée auprès de ceux qu'ils avaient recruté en vue de l'achat du vaisseau, le pallier des 250 000 fut tout juste atteint. Si Hax avait été plus dur en négociation, il aurait été complexe de trouver comment payer. Après avoir communiqué le prix, l'argent fut transféré sur son compte personnel depuis les diverses cagnottes créées. Il alla ensuite sur le terminal et transfera le tout sur le compte de Hax, qui hocha la tête, satisfait, et raccompagna Daenide avec un grand sourire :

« Au plaisir de faire affaire avec vous. Et pour ces coordonnées ?

- Vous les donner maintenant risquerait d'empêcher justement cette présence de composants. Mais dès que tout se confirme, probablement d'ici quelques semaines tout au plus, vous serez le premier informé.

- Très bien.»

Daenide répartit avec Ylys, manœuvrant autour de la station pour se rendre au hangar de la corvette. Au milieu de la corvette se trouvait également un petit hangar, juste assez grand pour contenir Ylys. Daenide l'y stationna, avant de se diriger vers le pont du vaisseau Modsai. Là, il déclencha les moteurs, puis sortit de petits appareils de sa sacoche, avant de les poser sur le tableau de bord. Les appareils se connectèrent alors seuls au système, prenant le contrôle d'une grande partie des différentes fonctions. Avec cette intelligence artificielle en plus, qui était absente en grande partie des vieux vaisseaux Modsai, Daenide était en capacité de piloter la corvette à lui seul, sans avoir le besoin vital d'un copilote, même si toute manœuvre complexe serait probablement presque impossible à mener seul, malgré l'aide informatique. Il décola alors de la station et lança la vitesse subluminique.