Escorte

Meng finit par arriver dans une impasse relativement large, dans laquelle une demi douzaine de soldats Modsai se trouvaient ainsi qu'une dizaine de mercenaires natifs de Neva Kar. L'un des soldats arriva vers elle et demanda :

« N'p'osenaf fi se saz shenez ? »

La jeune femme hocha la tête, avant de répondre, montrant qu'elle comptait bien recevoir sa paie :

« Tins. »

Le Modsai eut un rire devant l'exigence sèche de Meng et alla vers celui qui était vraisemblablement son supérieur avant de revenir vers elle pour accéder à sa requête, et lui tendit alors une poignée de crédits, qu'elle prit et rangea immédiatement. Finalement, après quelques minutes durant lesquelles quelques autres mercenaires arrivèrent, le supérieur qui semblait diriger l'opération haussa le ton et demanda :

« Sfei Modsai ? Gwltinc sêtak ? Langue basique galactique ?»

Une majorité de personnes approuvèrent quand il prononça le nom du dernier language et, visiblement mécontent, il expliqua alors, parlant avec difficulté :

« La caisse de matériel est très importante. Vous aidez à protéger, vous aidez à fuir si il y a le besoin. Pas d'essai de vol, sinon vous êtes morts. Pas de questions sur la caisse. Bon ? »

Les mercenaires approuvèrent, et quelques un traduirent à d'autres ne parlant pas le basique galactique, langue officielle dans l'Union. Finalement, les soldats entrèrent dans une des façades avant d'en ressortir avec une caisse métallique qu'ils manipulaient avec précaution. Une fois dehors, ils la soulevèrent et deux autres placèrent des petits modules antigravité en dessous, la faisant flotter à environ un mètre du sol. Les Modsai entourèrent alors la caisse, et ordonnèrent aux mercenaires de se placer autour d'eux. Une fois en position, le supérieur porta parla rapidement vers son poignet et sembla recevoir un ordre. Ils se mirent alors en marche, sortant de l'impasse pour arriver dans la rue.

Sur leur chemin, les habitants de la ville s'écartaient prudemment et détournaient le regard, préférant ne pas se mêler à ce qui semblait être une affaire compliquée. La présence de soldats du Fléau était déjà rare et source de tensions en elle-même, qu'ils aient engagés des mercenaires pour les aider montrait qu'ils ne comptaient pas prendre le moindre risque. Meng marchait doucement, gardant toujours le doigt proche de la détente de l'arme qu'elle tenait, surveillant les alentours, et scrutant les personnes ayant le courage de les observer afin de s'assurer qu'ils ne comptaient pas s'en prendre à l'escorte pour voler cette caisse, quoi qu'elle contienne. La curiosité de la jeune femme n'était pas plus piquée que cela. Certe beaucoup de moyens étaient mis pour transporter une simple cargaison, mais ce qui l'étonnait le plus était la présence de Modsai, et non ce qu'ils venaient chercher. Après tout, la ville recelait de nombreuses technologies illégales et des savoir-faires peu commun, il n'était pas rare d'y voir passer des individus en recherche de quelque chose de spécial.

Le regard de Meng fut attiré par des yeux perçants, à l'angle d'une rue, qui étaient fixé sur la caisse. Cependant, avant qu'elle n'ait le temps de s'y attarder, quiconque les avait observé avait disparu. Tout était allé si vite qu'il n'avait pu s'agir que d'un effet de son imagination, le reflet d'une pièce métallique bizarrement éclairée et vue selon un angle particulier, ou bien d'autres choses encore. De plus, personne autour ne fit de remarque ou ne semblait avoir relevé l'événement, achevant de la convaincre qu'elle avait rêvé à force de tenter absolument de scruter les moindres détails à la recherche d'un élément suspect. Ils continuèrent de marcher ainsi plusieurs dizaines de minutes, sans que l'occasion ne se reproduise, même si une dérangeante sensation d'être observée envahissait progressivement Meng. Elle se rassurait comme elle pouvait, se rappelant à intervals réguliers qu'elle avait déjà été payée et que même si les choses se passaient mal, elle avait déjà son argent.

Cependant, vers la moitié du chemin, Meng eut l'impression de voir passer une silhouette sur un toit, se déplaçant rapidement. Peut-être un simple animal, ou quelque enfant s'amusant, comme elle la veille, à suivre un étrange convoit qui était rarement vu dans les environs. Plus ils s'approchaient de l'astroport, plus la jeune femme se sentait paradoxalement à la fois mieux, par l'arrivée progressive de la fin de cette escorte, et moins bien, par cette sensation montante d'être espionnée et l'idée que si quelqu'un avait prévu une action, plus le temps passait plus la probabilité qu'elle ne soit lancée augmentait. Cette fois, cette impression fugace de voir quelque chose d'étrange se renouvela, tandis qu'à nouveau une ombre cacha rapidement les étoiles sur un toit. Meng posa doucement le doigt sur la détente, prête à tirer si besoin. Cependant, toujours personne ne réagissait, et elle tenta de se rassurer en se convaincant qu'il s'agissait encore d'une jeune personne s'amusant à les espionner. Si vraiment quelqu'un avait de mauvaises intentions à leur égard, ils étaient de toute façon une vingtaine, bien armés, et une seule personne, même sur un toit, aurait de grandes difficultés à les neutraliser.

Ils arrivaient maintenant dans une rue plus large, qui calma légèrement la tension de Meng, la sensation d'oppression des murs diminuant quelque peu. La foule était plus compacte cependant, tandis que la ville s'était vraiment réveillée, et l'escorte fut ainsi forcée de ralentir, tandis que la foule s'écartait difficilement. Leur avancée se faisait plus ardue, tandis que de plus nombreux regards étaient portés sur les peu discrets soldats Modsai et leur grande taille. Dans les commerces des alentours, les habitants les observaient passer depuis l'intérieur. L'astroport était toujours plus proche cependant, et avec lui arriverait la libération de ce court travail qui avait pourtant assuré à Meng sa substance pour plusieurs semaines.

Alors qu'ils arrivaient au milieu de la rue, plusieurs caisses posées en travers de la route et en cours de rangement dans l'un des commerces les força à s'arrêter, tandis que l'un des Modsai criait aux employés de se dépêcher. Alors qu'ils étaient immobilisés, une personne de forte corpulence dissimulée sous une cape apparut de derrière l'obstacle et fit rouler au sol un petit engin avant de disparaître à nouveau. Sans laisser à quiconque le temps de réagir, l'appareil explosa alors.

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