Découverte

Meng s'approcha de la porte et l'observa, tandis que Alice expliquait :

« C'est ça une porte d'Union. Quand elles étaient activées, elles permettaient de voyager entre les planètes de façon presque instantanée. Évidemment il y avait des variantes, plus la masse à déplacer était grande, plus le temps passé dans le vortex était long par exemple. Mais il n'y a aucune commune mesure avec même les plus rapides de nos vaisseaux actuels. C'est une technologie incroyable, et personne n'a encore réussi à la dupliquer.»

Daenide passa doucement la main sur le cercle métallique et affirma :

« Plus une goutte d'énergie là dedans. Elle est entièrement inutilisable pour l'heure. Et c'est sans compter les brèches du système.

- Les brèches du système ? demanda Meng

- Quelques portes ont pu être réactivées dans certains temples, mais le réseau qui les reliait a été détruit, comme on te l'a expliqué. Les sondes envoyées dans le vortex se sont perdues, et ne sont jamais ressorties de l'autre côté. Et nous n'avons pas encore compris comment le réparer.»

Meng continua d'observer la machine, tandis que les deux archéologues reprenaient leur exploration du temple. À cette distance de la sortie, si l'air était toujours particulièrement froid, même le son du vent ne leur parvenait plus, et la structure était entièrement silencieuse. Seuls résonnaient le bruit de leurs pas sur le sol métallique et le frottement des quelques gravas qu'ils repoussaient d'un mouvement de pied. Alice finit par faire remarquer, après de nouvelles longues minutes de marche :

« Je détecte encore de l'énergie. Mais cette fois bien plus concentrée, pas les quelques résidus restants ou le bruit de fond causé par la source qu'on transporte. Ça vient de cette direction.»

Elle pointa un couloir adjacent, qui était semblable aux dizaines d'autres qu'ils avaient déjà croisé depuis leur entrée dans le temple. Ils s'y engagèrent alors, afin de comprendre d'où venait cette différence. L'air y était toujours aussi froid, et l'obscurité percée par leurs lampes et les quelques rares sources d'éclairages encore faiblement actives était toujours aussi oppressante. Rien ne semblait différencier ce couloir, si ce n'est les données de leurs scanners, qui indiquaient clairement que quelque chose était toujours en marche. Alors qu'ils avançaient, un léger bourdonnement commença à apparaître, et s'intensifia au fil de leur cheminement. Ils arrivèrent alors devant une porte fermée qu'ils ouvrirent comme toutes les précédentes. Cette dernière cependant n'ouvrit pas sur une énième pièce vide et plongée dans le noir comme les autres, mais sur une pièce remplie de divers équipements technologiques éteints ou vidés de leur énergie pour la plupart, éclairée d'une lumière bleue, presque blanche, particulièrement froide, qui venait d'un imposant cylindre posé contre un mur, légèrement incliné. Ils s'en approchèrent doucement, et Alice posa prudemment une main sur le cylindre avant de la retirer immédiatement avec un léger cri de surprise :

« C'est glacé ! »

Tous les câbles de la salle convergeaient vers le cylindre lumineux, qui semblait être la source du bourdonnement. S'en approchant, Meng constata que sa texture était en réalité transparente, et que derrière une épaisse vitre se trouvait une couche de glace opaque empêchant de voir au travers, ne laissant passer que la lumière qui éclairait la pièce. Daenide affirma, les sourcils froncés :

« Ça ressemble drôlement à un tube cryogénique.»

Alice ouvrit de grands yeux et poursuivit :

« Un tube cryogénique encore actif, après tout ce temps ? Tu penses qu'il y a une chance pour que... Quoi qu'il y ait à l'intérieur, ce soit encore vivant ?

- En tout cas, qu'importe ce qui est dans le tube, on a fait des efforts pour assurer qu'il reste alimenté même après des millénaires. »

Ils continuèrent de l'observer, prenant même des photos et des notes, et Daenide demanda :

«Est-ce que Kohad saurait sortir le sujet de la phase cryogénique ?

- J'ai l'impression qu'elle dort pour l'instant. Et je n'ai pas les connaissances nécessaires.»

Meng affirma :

« J'ai souvent eu affaire à des tubes cryogéniques, certains travails en nécéssitaient. Ça ne peut pas être si différents des notres, si ?

- Je ne sais pas... Le principe est certainement le même, mais comment tu sauras quel bouton utiliser ?

- Il n'y a pas des inscriptions notées dessus ? »

Daenide inspecta les petits panneaux de contrôle sur les côtés du cylindre et affirma en se redressant :

« Il y en a. Je ne suis pas sûr d'avoir une traduction parfaite en réserve, il y a beaucoup de termes techniques, mais je peux essayer.»

Meng s'approcha alors et demanda une traduction de l'ensemble des inscriptions, qui lui fut quelque peu laborieusement fournie, puis réfléchit un instant. Elle redemanda la traduction de chaque bouton avant d'appuyer, mais se mit au travail. Elle abaissa un petit curseur, qui fit alors baisser le bourdonnement. Dans le tube, des sortes de petits craquements se faisaient entendre. Elle appuya ensuite sur une petite série d'interrupteurs, et la lumière bleue devint moins intense et moins froide, tournant même à un jaune clair. Finalement, elle appuya sur un dernier bouton et se recula, tandis que la glace sur les parois fondait, se transformant en une épaisse buée qui empêchait tout autant d'observer l'intérieur. Dans un long grincement métallique, le tube s'ouvrit alors doucement, laissant sortir une épaisse fumée blanche qui envahit la pièce.

En disparaissant, elle révéla le tube, dont toute la paroi avant était maintenant ouverte, laissant voir ce qui se trouvait à l'intérieur. Ou plutôt qui. Dans le tube, la peau trempée, nu, les yeux ouverts qui regardaient sans voir, était un Etchoki. De près de deux mètres de haut, particulièrement mince et osseux, sa peau blanche épaisse était parcourue de reflets d'un bleu terne. Ses mains pourvues de quatre doigts aux ongles noirs étaient fermées en poings. Sa tête, aux structures osseuses particulièrement apparentes, presque comme si la peau avait été tirée directement sur le squelette, avait des paumettes saillantes, ainsi qu'une sorte de spirale de chaque côté, menant à un orifice oditif. Sa bouche peu large et sans lèvre était très légèrement entrouverte, et ses yeux d'un magnifique bleu clair étaient particulièrement gros pour un humanoïde. Alors que le temps semblait suspendu dans la contemplation de cet être âgé de plus de dix mille ans, sa cage thoracique se souleva lentement dans une inspiration.

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