Ils se mirent alors à détaler ensemble vers l'orée de la ville, traversant les ruelles mal famées illuminées avec des néons et traversant des allées plus fréquentées. Dans le ciel au dessus de Deloth, quelques petits vaisseaux individuels circulaires en forme de soucoupe volante mais avec une turbine tournoyant en permanence à l'extérieur volaient en formation. Il s'agissait de chasseurs Modsai, mais ils ne semblaient pas se fixer sur un point particulier et effectuaient simplement des recherches. L'attaque de la cargaison avait été signalée et des renforts envoyés, le temps était maintenant limité. Finalement, ils arrivèrent dans une zone à peine éclairée de la ville, aux bâtiments bien plus modestes et espacés, et dont le sol était simplement le sable du désert. Ils étaient à l'opposé complet de l'astroport, et continuèrent de courir avant d'arriver à une forme sombre dans le sable. Ce qui ressemblait à un rocher dans la nuit de Neva Kar s'avéra être une bâche, que Kohad retira, faisant apparaître deux motos flottantes.

Daenide monta sur l'une des deux et activa le moteur brillant avant de foncer en direction du désert, tandis que Kohad enroulait rapidement la bâche et la fixait à l'arrière de la sienne avant d'ordonner à Meng de monter. Cette dernière le fit, et elles partirent à leur tour en direction du désert. Plusieurs minutes passèrent, tandis que les véhicules filaient à toute vitesse au travers des dunes, sans grand confort pour les passagers. De grands rochers apparaissaient de façon parcellaires et après un certain temps, ils s'arrêtèrent à côté du plus imposant qu'ils aient croisé jusqu'à lors. Descendant des motos, ils marchèrent dans sa direction tout en tractant les véhicules avec une corde usée accrochée à l'avant, avant de contourner le roc. Derrière se trouvait un vaisseau d'une vingtaine de mètres de haut, et d'une trentaine de long, aux allures compactes. Sur ses flancs se trouvaient de chaque côté deux longues turbines équipées d'un aileron, et les éclairages des motos permettaient de deviner sa couleur grise d'un métal peu brillant, usé par les années, ainsi que les quelques rayures vertes à la peinture s'écaillant.

Daenide marcha vers l'arrière du vaisseau et l'ouvrit, faisant descendre une large rampe donnant sur une grande soute, qui semblait représenter près d'un tiers de l'espace du vaisseau. Ils y montèrent alors et rangèrent les motos, tandis que la rampe remontait dans un long grincement peu agréable. Les lumières s'allumèrent en clignotant, montrant le désordre présent dans la soute, entre les quelques sièges repliables sur les murs, les caisses de matériel en bois ou métal, la tuyauterie sur les murs et les outils traînant au sol. Ce vaisseau semblait être plus proche du tas de ferraille destiné à la casse que du véhicule fonctionnel, mais il faudrait s'en contenter. Au fond de la soute se trouvait une porte menant à une pièce aussi large que le vaisseau mais longue d'à peine un mètre cinquante, avec des échelles sur les murs menant probablement aux quartiers. En face de la porte de la soute se trouvait le cockpit, où Daenide et Kohad s'étaient immédiatement rendus, s'asseyant sur deux sièges de cuir synthétique ne brillant plus depuis des années et dont la mousse jaunâtre sortait à quelques endroits.

Daenide indiqua à Meng un fauteil se trouvant derrière eux, tandis qu'il activait divers circuits sur sa console, et que le vaisseau démarrait dans un bourdonnement. Le son des réacteurs ainsi que le temps qu'ils mettaient à s'allumer participaient à montrer l'âge de ce vaisseau et son état de décrépitude. Ils abaissèrent plusieurs levier, activèrent des interrupteurs, et le vaisseau s'éleva doucement, rétractant ses trains d'atterrissage dans un grincement désagréable. Les réacteurs grondaient maintenant fortement, et Kohad se mit à entrer des coordonnées dans la console, vers la planète relativement proche de Jenalem. Après quelques instants, le vaisseau commença à monter vers le ciel, tandis que Meng cachait son excitation avec difficulté. Ce n'était pas la première fois qu'elle montait dans un vaisseau, mais jamais ceux qu'elle avait prit n'avaient dépassé l'atmosphère, se contentant de remplir des vols internes. Pourtant, celui ci ne paraissait pas vouloir s'arrêter, montant vers les étoiles et laissant la planète Neva Kar derrière lui.

Les calculs pour le saut en vitesse subluminique s'effectuèrent progressivement, mais une alerte indiqua alors qu'un obstacle était trop proche pour pouvoir effectuer le saut. Une soucoupe, bien plus grande que les autres, avançait dans leur direction, équipée de plusieurs longs réacteurs sur les côtés. Meng crut reconnaître un croiseur léger Modsai, même si elle n'en avait jamais vu autre part qu'en images ou vidéos. Kohad jura :

« C'est sûrement Nehfir. Prépares toi à lancer le saut une fois qu'on aura changé la direction.»

Leur radio de bord indiqua alors une transmission entrante, qu'ils acceptèrent, et la voix rauque d'un Modsai s'en échappa, plus dure encore que les autres :

« C'est la fois de trop. Vous êtes toujours dans mes pattes, mais cette fois vous avez avec vous quelque chose que vous je comprenez pas.»

Kohad rétorqua alors, tandis qu'ils faisaient lentement pivoter le vaisseau :

« Détrompe toi Nehfir, on sait très bien ce qu'on vient de te voler. On ne l'a pas volé pour rien tu sais.

- Tiens, bonjour Némésis. Toujours rancuniers ? Donnez moi la source, sinon j'ordonne de tirer sur votre épave.»

Daenide prit la parole à son tour, alors qu'ils continuaient leur manœuvre :

« On sait très bien que tu ne vas rien faire, la source est bien trop précieuse pour toi. Tu ne vas pas prendre le risque de la détruire.

- Touché. Mais vous ne vous en tirerez pas comme ça. Je vais vous retrouver et la reprendre, et j'en profiterais pour vous tuer.»

Meng demanda alors aux pilotes :

« Comment cous avez fait pour vous mettre à dos un chef de guerre Modsai à ce point ? »

Le micro, qui devait être sensible, capta la voix de Meng, et Nehfir répondit alors :

«Tiens, vous avez une nouvelle amie ? Ce n'est pas votre genre.

- Je m'appelle Lin Meng, mais je fais que passer, vous occupez pas de moi, je serais pas là la prochaine fois que vous vous verrez.

- Lin Meng ? »

Alors qu'il allait commencer une nouvelle phrase, la manœuvre fut terminée, ainsi que les calculs ajustés, et le vortex bleu de la vitesse subluminique s'ouvrit devant eux, les entrainant loin de là.