Chapitre 3 : Les couleurs finissent de couler
Même l'Angleterre pouvait être sympa si l'on parlait de la beauté de l'Europe. Bien que beaucoup en doutaient. Hannibal en priorité. Mais pas Will. Il avait aimé l'Angleterre, il avait aimé Londres.
Hannibal lui avait déjà dit que s'il avait aimé Londres, c'était sans doute parce que son sens du goût était catastrophique. Et qu'il n'avait jamais compris la cuisine. Un vrai bon Anglais. Même en tant qu'Américain, il avait gardé cette fâcheuse tendance à se foutre de la nourriture et à manger n'importe quoi du moment que c'était nourrissant. Ce qui peinait le médecin bien plus que n'importe quoi.
C'était sans doute pour ces raisons que Hannibal avait adoré le fait d'être Français pour sa deuxième vie. D'être Néerlandais pour sa troisième. Et enfin, d'être Lituanien pour sa quatrième vie. Will, lui, s'en fichait. Alors être Français dans sa deuxième vie et Américain dans ses deux dernières ne lui avait jamais fait ni chaud ni froid. Parce que le lieu ne comptait pas. Quand les évènements se répétaient, le lieu ne comptait jamais.
Ils étaient deux. Seuls au monde. N'ayant jamais trouvé personne d'autre comme eux. Un nom trouvé par eux-mêmes pour les définir. Des souvenirs qui se bousculaient, qui se mélangeaient parfois aussi. Sur son bateau, Will pensait à tous les lieux qu'ils avaient visité. Il pensait à la cacophonie ininterrompue de Paris, aux falaises de Normandie, aux plages brûlantes de la Corse. Il pensait à cette France dans laquelle Hannibal ne s'attarderait pas.
Cette France qu'ils avaient côtoyé, qu'ils avaient défendu, qu'ils avaient aimé. Cette France dont les rues insalubres de la capitale rappelait sans cesse à Will celles de Londres. Moches et parsemées de cadavres aux quatre coins.
Ensemble, ils n'avaient pas fait l'Italie. Et c'était le point de départ de Hannibal Lecter. Et bien que Will traque à la fois, Jack et Alexandre, c'était bien Hannibal qu'il recherchait. Et Hannibal Lecter semblait attaché à l'Italie. Peut-être même plus que la Lituanie. Hannibal lui avait parlé maintes et maintes fois de Florence. De son architecture, de ses musées, de ses peintures, de Botticelli, de ses créations, des preuves qui n'existaient pas.
Et peu importait William et Louis, Will lui, se rendait à Florence. Pour y retrouver Hannibal. Et le tuer. Ou pas. Le ramener aux États-Unis. Ou pas. Au moins le voir en face à face et s'assurer que ce salaud était toujours bien en vie, le sourire aux lèvres, la panse repue et bientôt éclaboussant le sol de son propre sang.
Will avait imaginé tant de fois la manière dont il tuerait Hannibal. En prison, il le ressassait, encore et encore, tournant dans sa tête comme un film dont la bobine sautait pour constamment revenir au début. Hannibal le savait. Will le lui avait dit, en séance. Comment il voulait le tuer exactement, comment il s'y prendrait. Et Hannibal, ce grand fou, toujours attiré par Will comme un aimant avait plus qu'accepté l'idée. S'il y avait bien une personne dans le monde par laquelle il accepterait de se faire tuer, ce serait bien Will. Toujours lui.
Hannibal avait toujours eu plus de facilité que Will à accepter ce qu'il ressentait. Et si Will l'avait rejeté pendant tant d'années, il était temps pour lui de le rejoindre et de se complaire dans les vœux de l'homme attentionné uniquement pour lui. Et même si ce que Will ressentait s'apparentait plus à de la haine qu'autre chose, ce n'était pas grave. Parce que c'était tout de même un sentiment. Et puissant qui plus était.
Le meurtre était un art. Will ne pouvait pas compter le nombre du tueurs en séries qui lui avait déjà dit ça. Il n'avait jamais voulu y penser plus cela. Parce qu'il savait qu'invariablement, son esprit se focaliserait sur un tueur en particulier. Celui aux yeux doux et aux mains chaleureuses. Celui aux repas réconfortants. Celui au sourire enjôleur.
Et si Will avait refusé tellement de fois de considérer le meurtre comme un art, dans cette église, il ne pouvait pas le faire. Hannibal avait donné tout ce qu'il avait. Son cœur et son âme. Représenté par un cœur humain créé à partir d'un corps entier. La beauté de la vie échappait à la plupart des gens. La beauté de la création aussi. Mais devant Will, elle était là, la beauté de la vie. Subrepticement mélangée à la beauté de la mort. Ainsi que celle de l'art.
Ce n'était qu'un tout. Pour Hannibal, la vie, la mort, l'art, tout allait ensemble. On ne pouvait pas les dissocier. Et Will, Will qui essayait depuis tant de temps de se défaire de l'emprise satinée des paroles enchanteresses de Hannibal se sentait plongé dans l'abîme qui avait été créée rien que pour eux. Là où ils se seraient pareils. Là où ils seraient ensemble. Là où il n'y aurait besoin de personne d'autre qu'eux pour être heureux.
Et pour il ne savait quelle raison, Will se dit, en plein milieu de sa traque, que ce serait une superbe idée de faire un tour en Lituanie. Will avait parfois encore du mal à se l'admettre mais il avait parfaitement tout connu de Jack Darnell et Alexandre Tripoli. Mais il ne connaissait pas correctement Hannibal Lecter. Et quoi de mieux que d'aller chez lui directement ?
Dans toutes ses vies, ses parents étaient tragiquement morts lorsqu'il était enfant. Dans toutes ses vies, Hannibal n'avait jamais connu la stabilité lors de son enfance et de son adolescence. Ce sont des périodes qui forgent un caractère. Était-ce à cause de cela qu'il avait fini par devenir un talentueux tueur aux délicieuses tendances de cannibalisme ?
Sur le trajet du voyage, Will se replongea sur sa table. Ce n'était plus Londres. Ce n'était plus 1888. C'était Paris. C'était 1921. C'était les cravates abandonnées pour des nœuds papillons. Même si c'était toujours des costumes trois pièces. C'était les clubs des quartiers libertins qui accueillaient les homosexuels. C'était l'alcool et la nourriture à outrance. C'était une bonne période pour Hannibal.
Ce n'était pas forcément une bonne période pour Will. Avait-il déjà eu une période qui était bonne pour lui ? Lorsqu'il était Paul ? En Amérique, sans Hannibal ? Forcé dans les années 1950 à jouer à la famille parfaite avec une inconnue dont il imaginait d'autres traits lorsqu'il la prenait dans ses bras. Une période sans meurtre sordide et sans repas fastueux qui contentait aussi bien son estomac que son âme en manque d'amour.
Chiyoh était une surprise. Elle avait été un personnage important dans la confection du personnage d'Hannibal Lecter. Et parce qu'elle était importante pour sa compréhension de Hannibal Lecter, il se devait de bousculer le statut quo de sa vie. Comme Hannibal le faisait régulièrement. Et Will qui se sentait glisser ne cherchait maintenant plus à arrêter ses pensées. Il la jouait comme Hannibal et grand bien en fasse à la situation.
Le problème n'était même pas de savoir si Chiyoh était de son côté ou pas. Parce qu'ils voulaient tous les deux revoir Hannibal, ils se tiendraient compagnie le long du chemin. Mais Will, comme depuis sa troisième vie sans Hannibal était en mal d'amour et de contact. Et il prendrait bien évidemment la moindre parcelle d'hypocoristique.
Le vrai problème dans l'histoire était que tomber d'un train en marche faisait sacrément mal. Et il avait eu beau accumuler les blessures depuis qu'il avait retrouvé Hannibal, quand ça fait mal, ça fait mal. Il se traîna lamentablement et pensa avec ironie que c'était la seule chose qu'il n'avait jamais fait correctement depuis sa première vie.
Hannibal avait raison. Botticelli était magnifique. Il n'avait jamais réfléchi plus que ça à l'art. Parce qu'encore une fois, dans son esprit, l'art était invariablement associé à celui de Hannibal. Que ce soit ses dessins, ses peintures mais surtout et principalement ses meurtres. Mais puisque l'art était important pour Hannibal, il était logique pour Will de le retrouver devant « Le printemps ».
Ce policier aurait pu y penser, aurait du y penser. Mais ce n'était pas le bon moment. Parce que Will était capable de déterminer le bon moment, pas lui. Et Hannibal en avait de toute façon décidé autrement pour lui. Alors s'asseoir à ses côtés était l'une des choses les plus évidentes dans sa vie. Et voir son visage apparaître à la place de l'homme sur ce tableau ne le surprenait pas non plus. A vrai dire, Hannibal ne pouvait plus le surprendre. Et cette connaissance lui apportait un sentiment doux-amer.
Il était celui qui le connaissait le mieux mais le savoir lui faisait repenser à toutes ces années en arrière. Il était le seul à se souvenir de Jack et d'Alexandre. Et il serait le seul à se souvenir de Hannibal. Il se devait de mémoriser toutes ses facettes, toutes ses manies, tous ses regards, tous ses repas. Il le devait pour éternaliser l'homme assis à côté de lui qui, comme depuis leur première vie, le regardait comme s'il avait accroché toutes les étoiles dans le ciel ou lui avait donné les recettes précises qu'il concoctait chaque jour.
Ils regardaient le tableau. Ils se regardaient. Chaque chose dans la pièce était de l'art. Botticelli était de l'art. Hannibal était de l'art. Will était de l'art. Et en face du Botticelli, ils se fondaient dans le musée, attendant le jour où ils rejoindraient ce tableau à ses côtés.
« J'en ai entendu parler. Ton premier exploit en tant que Hannibal Lecter. »
« Il fallait bien recommencer quelque part. Florence est magnifique. Mais je n'ai pas l'impression que tu le penses autant que moi. »
« J'ai aimé Londres. Ça devrait te suffire comme réponse, non ? »
Juste à quelques centimètres, un rire franc surprit Will. Il semblait que cela suffisait comme réponse à Hannibal.
« Qu'as-tu aimé à Londres, William ? »
Will aurait pensé qu'une réponse serait facile à donner, il avait eu beaucoup de raisons d'aimer Londres. Il pouvait mentir, dire qu'il avait aimé le port constamment dans le brouillard, qu'il avait aimé l'entrain de la ville, qu'il avait aimé l'alcool. Mais il ne voulait pas mentir à Hannibal. Ils s'étaient mentis l'un à l'autre tellement de fois, principalement Hannibal pour lui et Will ne voulait pas continuer comme ça.
Ce banc et ce tableau leur offrait l'occasion d'être honnêtes, de se dire les choses comme ils les avaient laissé en suspens dans leurs autres vies. Il n'y avait aucune raison de se cacher.
« Toi. C'est toi, c'est Jack Darnell que j'ai aimé à Londres. Parce que c'était la première fois que je te rencontrais. Et que c'était la première fois que je ressentais tout ça. T'as été le premier à prendre soin de moi. Et même en tant que Louis, en tant que Will. Tout le monde a toujours cherché à retirer quelque chose de ses interactions avec moi. Mais pas toi. »
« Parce que tu me suffis amplement. Ton esprit et ta présence me suffisent, Will. »
« Est-ce que le reste compte, Hannibal ? Est-ce que, s'il n'y avait que moi, ça te suffirait, Hannibal ? »
Sa question laissa un blanc entre eux. Hannibal ne voulait pas répondre. Parce que Will avait beau lui suffire normalement, il se sentait toujours un peu obligé de tuer. Parce qu'à ses yeux, tuer était un acte d'amour. Et préparer des repas aussi. Tout était lié. Préparer de bons repas à Will nécessitait la mort de quelqu'un. Les repas étaient ses cadeaux de cour.
Et si Hannibal avait du mal à le dire, Will le ressentait. Mais dans cet espace où Will s'était ouvert et lui avait livré son cœur, il voulait qu'Hannibal fasse de même. Même si ce n'était que métaphorique, il voulait que Hannibal s'ouvre la poitrine en deux et s'arrache le cœur pour lui déposer sur un somptueux plateau d'argent serti de leurs souvenirs communs mélancoliques et dramatiques.
« Je ne peux rien faire sans toi. Quand j'étais Léon, et le début de ma vie en tant que Hannibal. Dans tous les moments importants, j'avais toujours l'espoir de ta présence à mes côtés. Je voulais me retourner et te voir en train de regarder le ciel, les oiseaux, un arbre, n'importe quoi mais pas moi parce qu'à ce moment-là, tu serais absorbé par le monde entier et rien d'autre n'existerait, même pas moi. J'ai voulu tellement de fois cette brûlure de la jalousie. De savoir qu'il y avait quelque chose d'autre que moi qui retiendrait ton attention. Je suppose que c'est pour ça que j'ai toujours détesté tes chiens. Je voulais que tu te retournes vers moi et qu'avec tes cheveux volants au vent, je n'aurais pas le temps de le graver dans mon palais du souvenir que tu te détournerais de moi et me demandes déjà d'aller manger. »
Will ne répondit pas tout de suite. Il n'y avait rien à dire. Il pensait un peu pareil. A chaque instant, il s'attendait, en tournant la tête, à se retrouver face à ces éternels costume trois pièces et à un masque de politesse parfait. Ils avaient toujours été ensemble. Halluciner une présence n'était rien de plus que la suite logique lorsque cette même présence voulue n'était pas là.
Les yeux dans les yeux, Botticelli oublié, ils étaient de l'art l'un pour l'autre. Et si Will avouait à Hannibal que dans ses vies, il n'y avait qu'un avant et un après lui, Hannibal ne pouvait lui répondre autrement que par un corps dans une église au sol marqué d'un squelette.
Mais il ne fallait pas oublier qu'en face de lui se tenait Jack Darnell -Jack l'éventreur -, Hannibal Lecter -l'éventreur de Chesapeake-. Et en face de lui, soignant son épaule une nouvelle fois blessée par balle, il y avait Hannibal qui refusait de le perdre mais qui souhaitait aussi tellement le dévorer tout entier et se rapprocher de lui plus qu'il ne le pourrait jamais. Will pensa ironiquement que maintenant, ses deux épaules avaient été blessées et qu'il semblait que sa vie en tant que Will Graham ne soit qu'une course aux cicatrices.
La soupe était dégueulasse. C'était étonnant venant de lui, venant d'un cuisinier exceptionnel qui avait peaufiné son talent à travers quatre vies entières. Ce qui l'était moins, c'était la disqueuse dans son crâne qui faisait ricocher ses pensées comme s'il les avaient balancées dans une pièce vide. Et une nouvelle cicatrice au compteur. Et ce qui était tout de même un peu étonnant -à part les cris déchirés de Jack Crawford- c'était que Mason Verger avait en fait réussi son plan et avait réussi à les faire enlever de l'autre côté de l'Atlantique.
S'il n'était pas aussi défoncé par la douleur, il aurait honnêtement applaudi la performance et la ténacité de ce bouffon malpoli en costume. Mais celui qu'il devait le plus applaudir de tous, c'était encore une fois Hannibal. Hannibal, libéré par Alana, qui était venu le chercher en salle d'opération tuer le sous-chef dont il avait arraché un morceau de joue et dont il ne se souvenait pas du nom et il s'en fichait d'ailleurs. Hannibal qui l'avait sorti de cet enfer avant que son visage ne lui soit enlevé pour être transféré au roi des porcs.
Hannibal qui avait marché dans la neige et l'avait porté sur des kilomètres avec rien d'autre qu'une chemise couverte de sang pour le protéger des rafales de vent glaciales. Hannibal qui l'avait maintenu contre lui, refusant de le laisser ne serait-ce qu'un peu s'échapper de sa prise. Hannibal qui avait passé outre ses propre blessures pour être sûr de réussir à mettre Will en sécurité.
Mais Will était fatigué de toutes ces blessures. Et il était foutrement fatigué de courir après Hannibal de cette façon. La seule chose qu'il voulait, c'était de la tranquillité dans son coin perdu avec ses chiens et une rivière à proximité. Mais assis dans son lit et regardant le farfouillis de formules mathématiques sur le carnet de Hannibal, Will ferma les yeux un instant pour revoir Londres et Paris. Il ferma les yeux pour revoir Jack et Alexandre. Il ferma les yeux pour revoir de multiples corps disséminés aux quatre coins de la ville, dans les dispositions les plus artistiques qui soient et pouvant ouvrir au meurtrier les portes d'un musée contemporain.
Will ne voulait pas quitter Hannibal, parce qu'il était ce qu'il y avait de plus réconfortant pour lui. Une présence sûre, une présence qui ne le quitterait jamais non plus du moment qu'ils se retrouvaient. Mais les circonstances de leur vie présente étaient bien différentes que tout ce qu'ils avaient déjà connu. Et Will en avait assez.
Même s'il voulait qu'en toute circonstance, il puisse trouver l'éventreur -peu importe lequel- s'il se retournait, il ne voulait plus courir le monde, gagnant encore et encore de nouvelles blessures et cicatrices. Will en avait assez de saigner, autant au sens propre qu'au figuré. Il ne voulait pas se lancer dans une nouvelle quête insensé. Il avait fini par comprendre qu'il ne pouvait pas arrêter Hannibal dans ses plans.
Et s'il ne pouvait pas arrêter les meurtres et qu'il ne pouvait pas le mettre en prison alors il le laisserait faire absolument tout ce qu'il voulait. Et si ce que Hannibal voulait était de se faire la malle en Europe alors grand bien lui en fasse. Mais Will ne le poursuivrait pas. Il resterait chez lui, fermerait sa porte à absolument tout le monde, même Jack Crawford, et passerait ses journées à pêcher.
Même Will Graham n'était pas suffisant pour arrêter Hannibal Lecter. Délaissant le regard plein d'espoir du psychiatre, il l'ignora délibérément. Enfuis-toi. Si tu le veux. Mais moi. Moi, je ne viendrais plus pour toi.
Will ne savait pas si c'était le bon choix ou non. A cet instant, il voulait juste dormir et se plonger tout entier dans des souvenirs qui ne comportaient aucune trace de paroles ensorceleuses pour le convaincre que le monde méritait ce qui lui arrivait parce que Dieu avait décidé de commencer ce jeu macabre en créant leurs existences maudites.
Mais Will connaissait Hannibal comme personne. Et des genoux appuyés dans la neige, des mains croisées derrière la tête, des policiers ignorés pour regarder dans la seule et unique direction qui lui importait ne l'étonnait pas. Hannibal voulait qu'il sache où il était. Et le regard circulant de Jack entre eux deux était celui d'un homme qui comprenait les méandres de l'amour et ses conséquences d'attrition les plus inattendues.
Will aurait pu avoir envie de pleurer et de se jeter dans les escaliers pour atterrir aux pieds de l'homme en qui il avait fait confiance pendant tant de temps. Il aurait pu essayer de se précipiter pour retirer les menottes et s'enfuir finalement ensemble sous une pluie de balles. Mais il ne fit rien. Il resta sur sa terrasse, regardant la scène comme s'il n'en faisait tout simplement pas partie.
Une partie de lui avait tout de même envie de hurler. Cela avait beau avoir été son choix de ne plus poursuivre l'autre, il avait encore envie de tendre la main. Parce qu'une très grosse partie de lui se souvenait et ne pouvait pas oublier que Hannibal était le seul. Il était le seul à se souvenir et à pouvoir le comprendre. Will avait l'impression que son esprit tournait en boucle et qu'il ne voyait et ne pensait qu'à cela. Mais c'était la vérité, il ne pouvait la contester.
Will Graham et Hannibal Lecter étaient les seuls à pouvoir se souvenir de leurs vies antérieures et cette simple connaissance les rapprochaient bien plus que quiconque. Ils ne s'étaient pas connus toute une vie, il s'étaient connus trois vies. Will resserra ses bras autour de lui, sachant que s'il relâchait la pression, il voudrait inévitablement demander à Jack de laisser tomber.
Mais c'était impossible, il ne pouvait pas faire ça. Et une autre partie de lui essayait de se réconforter en se disant qu'ils se retrouveraient la prochaine fois. Et que cette prochaine fois, ils riront tous les deux ensemble de manière nostalgique à l'éventreur de Chesapeake et à quel point une balle dans l'épaule ou une disqueuse dans le crâne, ça pouvait faire mal.
Ils riront en se disant que Florence était magnifique et qu'ils devraient y retourner. Ils riront en repensant que toute leur vie aura été la même, au final, que lorsqu'ils étaient William et Jack. Mais ce fut justement la connaissance que leur vie ne faisait que recommencer et était à peu de choses près la même que Will les laissèrent embarquer le théâtral meurtrier, retournant dans sa maison sans jeter un seul coup d'œil à la voiture qui s'éloignait, illuminant des lumières de ses sirènes son ombre sur le porche, se rappelant que l'ombre était la seule et qu'il devait y en avoir une autre à ses côtés.
Et l'ombre fut seule pendant trois ans. Will s'en voulut plus que jamais lorsqu'il épousa Molly. Parce que ce n'était pas Molly qu'il voulait à ses côtés au réveil, en admirant une figure pas encore réveillée, semblant gravée dans le marbre. Molly lui permettait de rester dans la montagne entouré de chiens et réparant des bateaux. Il l'aimait, il savait qu'il l'aimait. Mais il savait aussi qu'elle n'était qu'une excuse.
Ils étaient tous les deux nuls en cuisine mais faisaient de leur mieux. Mais la cuisine n'était certainement pas l'endroit préféré de Will. Au fond de lui, le soir, tard dans le noir, lorsqu'il se retournait pour admirer les lentes respirations et montées et descente de la poitrine de sa femme, il se sentait coupable.
Il avait l'impression de la tromper. Parce que ses rêves n'en étaient pas. Excepté dans sa première vie, il n'avait jamais rêvé, ce n'étaient que des souvenirs qui revenaient. Et ses nuits étaient remplies de Hannibal. Il ne pouvait pas se débarrasser de l'image persistante d'un Alexandre devant son armoire, essayant de choisir avec précision sa tenue du jour. Will ne voyait que son dos nu, le bas seulement recouvert d'un pyjama en flanelle.
Alexandre fredonnait, ses hanches se balançant doucement. Et Louis le regardait, assis dans son fauteuil, déjà habillé, mais sans tout le faste qu'Alexandre aimait. Il était habillé simplement et pouvait aisément s'infiltrer dans un quartier d'ouvriers, contrairement à son compagnon. Louis regardait les muscles fléchir lors de ses mouvements, et il ne pouvait s'empêcher de les comparer au même fléchissement qui se produisait lorsqu'Alexandre déplaçait un cadavre.
Will rouvrit les yeux. Il ne s'était pas réveillé en sursaut comme il le faisait lors de sa deuxième vie. Sa deuxième vie où lorsqu'il se réveillait, une main forte et chaleureuse se posait sur sa poitrine pour le forcer à se rallonger, lui murmurant à l'oreille que ce n'était rien. Que lui aussi rêvait et se souvenait en même temps. Le murmure à son oreille l'endormait, sonnant comme les cloches d'une église.
Will n'aurait vraiment pas dû être surpris qu'il accepte si facilement de reprendre du service. Ou tout du moins, il l'avait facilement accepté dans son esprit. Il avait mis plus de temps à répondre à Jack pour faire bonne mesure. Pour faire croire qu'il ne mourrait pas d'envie de se précipiter au centre de détention rien que pour apercevoir un visage qu'il n'avait pas vu depuis trois ans, des mains qui ne l'avaient plus caressées depuis bien plus longtemps encore.
Jack et Alana étaient contre. Ils savaient. Qu'il y avait quelque chose de spécial entre eux. Peu importait où ils se trouvaient dans le monde, ils se retrouvaient quand même. Même à l'époque où Alana sortait avec Hannibal, elle savait, elle sentait. Elle avait déjà l'impression étrange de se mettre entre quelque chose. Qu'elle n'avait pas sa place dans leur relation. Que c'était elle l'intrus. Alors que c'était pourtant elle qui se pavanait dans les draps en satin bleu du psychiatre, ne portant rien d'autre que l'une de ses chemises.
Même maintenant qu'Alana était mariée à Margot et qu'elle était mère, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir empêcher Will et Hannibal de se revoir. Elle savait que cela se passerait mal. Parce que le passé lui avait déjà montré que cela pouvait très mal se passer.
Mais elle n'avait pas tout les éléments. Elle ne savait pas que cela pouvait être pire s'ils le voulaient. Même si elle avait déjà surpris les regards, elle ne pouvait pas savoir à quel point Hannibal voulait Will, elle ne pouvait pas savoir qu'elle s'immisçait dans une relation où elle n'avait pas sa place. Mais personne n'avait sa place. Ce n'était rien de plus qu'eux deux contre le reste du monde.
Il n'y avait qu'eux deux qui comptaient. Si Will avait d'autres choses importantes à ses yeux, notamment ses chiens, pour Hannibal, il n'y avait que Will. Il y avait les meurtres, oui, mais il y avait toujours Will. Il y avait toujours ces sensations que Will était le seul à lui faire ressentir. L'envie. Le désir. La faim. Dans tous les sens du terme. La jalousie.
Une jalousie que Will n'avait jamais pensé ressentir. Parce qu'il savait que Hannibal n'avait aimé ni Alana, ni Bedelia. Mais il l'aimait lui. Et Will ? Pouvait-il ressentir de la jalousie ? Après autant de temps, après autant d'épreuves passées à ses côtés, Will se disait qu'il ne pouvait pas le ressentir. Parce qu'il n'était pas comme Hannibal. Il essayait aussi fort que possible -encore et toujours- de se convaincre qu'il ne ressemblait pas à Hannibal.
Mais devant cette immense vitre en verre qui le séparait de quelques centimètres de l'ancien chirurgien à l'allure toujours aussi impeccable malgré un costume de prisonnier d'une couleur plus que fade, devant cette vitre Will était obligé de se rendre à l'évidence. Il était jaloux. Parce que Hannibal avait trouvé un nouveau jouet. Une petite souris. Peu importait qu'il n'aimait pas ce nom. Il n'était rien de plus qu'une petite souris qui venait gratter de l'affection sur son territoire. La place était déjà prise.
Will n'avait plus ressenti d'instincts meurtriers depuis longtemps mais face à Hannibal, comme d'habitude, ses pulsions étaient exacerbées. Il voulait briser cette vitre et enrouler ses mains autour du cou fort d'Hannibal. Il voulait le faire tomber à terre, se mettre au-dessus de lui, obstruer son champ de vision, le forcer à ne regarder que lui. Parce qu'il était le seul qui comptait. Et que dans ses derniers instants, c'était lui qu'il devait regarder. C'était à lui qu'il devait penser. Pas à un autre.
Will essaya de reprendre contenance. Il ne devait pas laisser Hannibal gagner sur lui. Il savait que l'homme plus âgé faisait exprès de mentionner le nouveau tueur à la mode pour forcer l'attention de Will sur lui. Mais l'attention de tout le monde était orientée sur cette petite souris. Grand dragon rouge. Lorsque Hannibal avait dit le nom de cette manière, le regardant droit dans les yeux, il savait que c'était un défi.
Un défi que Will remporterait. Il n'était pas question que ce nouveau venu lui prenne sa place. Et bien qu'il déteste que Hannibal ne le regarde pas, il était plutôt heureux de voir que Freddie Lounds était elle aussi sur le coup. Autant se servir d'elle encore une fois. Autant narguer ce type. Autant en rajouter une couche. Autant lui montrer qu'il n'était rien. Et que Hannibal était supérieur. Mais surtout qu'il lui était supérieur.
Cette pathétique souris, désireuse de sa grande transformation en dragon, aimait le travail de Hannibal. Mais ce lézard oubliait quelque chose d'important. Il était là. Il avait toujours été là. Autant son propre travail que sa présence aux côtés de Hannibal. Et si le petit sobriquet trouvé par Freddie de « murder husbands » ne suffisait pas, alors il lui enfoncerait dans le crâne à coup de pied de biche qu'il n'était pas le bienvenue entre eux.
Will se sentait un peu désolé pour Molly et Walter. Ils n'avaient pas mérité ça. Elle n'avait pas mérité ça. Parce qu'elle ne pensait pas tout ce que racontait la presse et plus précisément cette sensationnaliste de journaliste. Mais pourtant, il y avait tout de même un fond de vérité. Will était dangereux. Parce qu'il pouvait reproduire à la perfection tout ce que faisait Hannibal. Parce qu'il savait mieux que personne, encore mieux que tous les légistes du monde comment procédait Hannibal.
Il savait mieux que tous les historiens du monde comment procédait Jack. Molly méritait mieux. C'était ce qu'il se disait après son attaque. Molly ne méritait pas un mari qui, au plus profond de lui, ne la considérait malheureusement que comme un substitut de ce qu'il s'était lui-même refusé. C'était parce que Molly méritait mieux que l'évasion spectaculaire de l'éventreur de Chesapeake, Hannibal Lecter, fonctionnerait aussi bien.
Dans cette voiture de police, roulant vers dieu seul où Hannibal le savait, Will avait l'impression de rejouer Thelma et Louise. Est-ce qu'eux aussi sauteraient d'une falaise après une cavale où ils auraient semé le monde entier, laissant derrière eux tous ceux qui ne les comprenaient pas, ne les laissant que tous les deux encore une fois ?
La conduite d'Hannibal lui donnait envie de dormir. Elle agissait sur lui comme un somnifère. Il eut un flash-back des premières voitures, qui ne pouvaient même pas encore être appelées des voitures. Il eut le flash-back d'une conduite à 10 kilomètres/heure, parce que ça ne pouvait pas aller plus vite de toute façon. Il eut le flash-back des premières Citroën et d'à quel point Alexandre était enthousiaste de l'avancée de la technologie automobile. Il eut le flash-back d'un sourire jusqu'au oreilles lors d'un road-trip dans la campagne Alsacienne et Bourguignonne, faisant les tours des vignobles.
Et bien que Will soit certain qu'à l'arrivée de ce nouveau road-trip, il aurait encore une fois un verre de vin, il était également certain qu'il ne trouverait pas un confortable lit douillet après avoir mangé et bu abondamment. Il ne savait pas ce qu'il trouverait à la fin mais ce dont il était tout aussi certain, c'était qu'il le ferait en compagnie du conducteur tranquillement concentré sur sa route qui avait négligemment posé sa main sur la cuisse de Will.
Will ne put s'empêcher de poser sa propre main sur celle de Hannibal alors qu'il regardait le paysage défiler et lentement passer des champs d'agriculture intensive en roches épaisses. Il y avait de plus en plus d'arbres, les cachant du monde entier. Lorsqu'ils arrivèrent devant la maison, Will fut surpris de ne pas reconnaître l'endroit. Il y avait donc une propriété de l'héritier Lituanien dont il n'était pas au courant.
Son premier réflexe en descendant de voiture fut de se rapprocher de la falaise. Serait-ce un moyen de sortie ? Il regarda en contre-bas, heureux de voir la hauteur ainsi que les vagues déchaînées qui s'éclataient contre les rochers avec des bruits invitants ressemblant au rire d'une sirène. Hannibal avait l'air catastrophique dans sa tenue de prisonnier, ça ne lui allait vraiment pas.
Et puisque Hannibal avait du goût, il fut évident qu'il se changerait avant de se servir le moindre verre. Lorsque l'on fait hommage à la nourriture et à la boisson, il faut le faire de manière appropriée. C'était le gourmet cannibale en lui qui parlait. L'autre homme déteignait vraiment sur lui. Et une part de Will ne s'en offusquait pas et accueillait la connaissance avec un sentiment de contentement.
Le contentement fut également de la partie alors qu'il voyait au ralenti le verre de Hannibal s'effondrer au sol, accompagnant son corps et s'éclatant en dizaines petits morceaux de verres, répandant le vin sur le parquet, le tâchant comme le faisait le sang de Hannibal. Will resta fermement debout, admirant Hannibal essayer de se redresser en se tenant appuyé contre le pied du piano qu'il tâcherait tout autant que le sol.
Debout, contemplant Hannibal, la respiration difficile tout en buvant impassiblement son propre verre de vin, Will se sentait puissant. Hannibal avait toujours réussi à le rendre misérable. Il avait toujours eu l'ascendant sur lui. Et même s'il n'était pas directement le responsable de l'état de Hannibal, il était tout de même heureux de se tenir au-dessus de lui, ne bougeant pas le petit doigt pour tenter de panser sa blessure.
Will avait trop de blessures, trop de cicatrices. Que Hannibal en ait une ne serait que justice. Mais même s'il était fichtrement heureux de voir Hannibal perdre peu à peu son sang, ils avaient quand même quelque chose à terminer.
Will n'était pas étranger aux combats, il en avait eu sa juste part dans ses vies. Que ce soit dans les quartiers pourris de Londres pour un morceau de pain ou baïonnette au poing pendant la guerre, Will savait ce que c'était de se battre. Mais ça faisait toujours mal. Quand est-ce que la douleur allait-elle s'arrêter ? Quand serait-il enfin tranquille ? Quand pourrait-il se reposer ?
Et même si cela le remplissait de haine autant que cela le rendait euphorique, combattre aux côtés de Hannibal était toujours autant extatique. Ils étaient en symbiose, ils savaient sans même se parler ce qu'ils avaient à faire et comment ils devaient le faire. Ils avaient l'air en furie. Mais Francis aussi. Ils peignaient, de leur sang, sur cette terrasse autrefois immaculée, le tableau d'une scène frénétique. Les mouvements se mélangeaient, les personnages se mélangeaient. Will et Hannibal devenaient les mêmes, le tableau ne les distinguait plus l'un de l'autre.
Le tableau était un triptyque. Le panneau de gauche n'était rien de plus que le sang et les mouvements s'emmêlant ensemble pour se confondre.
Le panneau de droite était la mort héroïque d'un dragon qui se sera battu jusqu'au bout pour entreprendre sa quête de vérité. Le panneau de droite montrait l'effondrement du dragon au sol, chutant dans une mare constituée du sang de tous les protagonistes. Mais malgré l'entrelacement des différents sangs, cela ne voulait pas dire qu'il avait réussi à atteindre ceux au-dessus de lui, qui, de son emplacement, les associaient à des dieux bénis du ciel, ne le faisant ressembler qu'à une pauvre souris.
Et le panneau qui se rabattait, celui qui terminait le triptyque était celui que Will n'avait pas prévu. Alors qu'il voyait Francis s'écrouler sur le carrelage, sa première réaction fut de chercher Hannibal du regard. Lorsqu'il le trouva finalement, il le regarda. Sans doute d'une manière qu'il n'avait pas fait depuis longtemps.
Il regarda Hannibal comme il avait regardé Jack à l'époque. Avec passion, inquiétude, douleur, tendresse, interrogation, curiosité. Il tendit la main sans s'en rendre compte. Réussissant à attraper un morceau de chemise pas entièrement recouverte de sang. Will sentit ses genoux faiblir. Il n'en pouvait plus. De tout.
Hannibal resserra ses bras autour de lui. Comme il l'avait fait tant de fois. Comme il l'avait fait en tant que Jack. En tant qu'Alexandre. Comme il l'avait dans des milliers de situations différentes. Et c'était encore une situation différente, un toucher différent. Et Will savait qu'il le conserverait précieusement, sur sa table qu'il ne rangerait de toute façon pas.
Will sentit Hannibal retenir son souffle, il avait réussi à le surprendre une nouvelle fois. Parce qu'il était le seul à pouvoir le faire. Will pensa une nouvelle fois au chant des sirènes qui lui promettait que tout irait bien à leur côté. Et Will voulait le croire. Will croyait les sirènes, parce qu'il savait que tout irait bien pour eux.
La prochaine fois, ils se retrouveraient. Et riraient de ce combat contre une souris qui se prenait pour un dragon. C'était un réconfort qu'il n'avait pas ressenti souvent. Savoir qu'il y avait une suite, qu'il allait retrouver Hannibal Lecter la prochaine fois, quand il ne serait plus Will Graham. Savoir qu'ils seront, comme toutes les autres fois, les deux seuls. Et parce qu'ils étaient les deux seuls, pouvoir se permettre de recommencer.
Au final en y réfléchissant, Will se dit qu'il aurait peut-être dû le voir arriver.
Le panneau qui se rabattait, la scène finale du triptyque n'était qu'une parole chuchotée à travers le souffle du vent, une de celles qui rassure et vous assure que le monde est beau et que tout ira bien puisque le monde avait décidé de les réunir encore et encore.
La scène finale du triptyque n'était qu'une parole chuchotée à travers les vagues enflammées par 127 ans d'amour, de passion, de tendresse, de compassion, de haine, de ressenti, d'attente, de jalousie. Ce n'était qu'une parole, promesse amoureuse de prochaine fois.
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Dernier chapitre et évidemment le plus long des trois !!!
Je pensais vraiment pas que le troisième chap serait aussi long. Je pensais pas pouvoir écrire quelque chose de plus long que mon canaki "Les désirs des filles" mais nous y voilà. Je dois dire que je me suis surpassée sur ce coup-là. D'autant plus que j'avais peur que wattpad ne supporte pas la longueur.
Mais ce chapitre était tellement duuuuuur à écrire. Je vous jure, j'ai mis au moins une semaine entière à l'écrire. Les deux autres étaient beaucoup plus facile mais pour celui-là, j'avais beau avoir quelques pistes, je ne savais pas comment je voulais le faire, tout était bloqué. Mais petit à petit, en écrivant morceau par morceau, j'ai réussi par le finir, j'espère qu'il est cohérent avec tout le reste du coup.
A noter que le mot "éternaliser" n'existe pas. Quand j'écrivais, ce mot est venu naturellement mais je me suis rendue compte qu'il n'existait pas. Mais comme je n'avais pas d'autre mot qui exprimait aussi bien ce que je voulais, je l'ai gardé. Ce n'est rien de plus qu'un néologisme du coup.
Sinon, comme d'habitude, en espérant comme vous avez aimé ^^
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