Le soldat



La solitude d'un soir sans ombres,

Le silence d'une longue nuit sombre.

Du plomb sur des paupières closes,

Et dans l'air, quelque chose de morose.


Sur des chemins obscurs et sans formes,

Les silhouettes se reposent infiniment, deviennent fantômes ;

D'autres, l'âme engourdie, survivent

Entre les cris d'un monde à la dérive.


Ils s'emportent dans l'ouragan de l'horreur,

Le regard pétrifié de douleur,

Et sentent sur leurs corps,

Les laides puanteurs de la mort.


La trêve est là. Les canons se sont tus.

Les femmes pansent leurs enfants dévêtus,

Et les déposent, tout là-haut, dans un somptueux palais.

Tandis que les hommes de la guerre boivent à la paix !


Demain pourtant, un soldat rescapé irait en chantant,

Brûler encore prairies et champs.

Ruisselant larmes au point du jour,

Pour avoir détruit la paix, tué l'amour.


« Vois-tu, ma douce maman,

J'ai au cœur une tristesse non enfantine...

Le sanglant tourbillon d'ici me ravage

Mais que peut un guerrier contre l'Homme sauvage ?

Je suis bercé par ta voix si lointaine,

Et celle de ma muse,

Mes yeux soudain refusent

De me voir dans la glace,

Sourire à ce soldat

Que je ne suis pas.

Ô Maman, ô ma Muse

L'envie me saisit de pleurer dans vos bras ! »




@LeaarI

Recueil : Les poètes sont des oiseaux

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