L'Assassin



Sous les sifflements du vent,

Un homme se leva, ombre parmi les ombres.

Sur les pierres, ses chaussures ricochèrent.

Un nuage, il cracha, fumée grise parmi la bise.


Les étincelles du bâtonnet carbonisé tombèrent,

Encore rougeoyantes, à présent voletantes.

On aurait cru de la poussière d'étoiles...

Bien que mortelle, dévorante de bronches.


L'homme inspira le silence, expira la violence.

Du moins, les miettes qui lui restaient...

Après tout, ce soir, il s'était défoulé.

Il regarda au loin, puis ses mains :

Écarlates.


D'une aquosité qui l'était de moins en moins,

Moulant peu à peu ses membres de gants rouges.

La pleine lune rayonnante leur donnant un aspect lustré.


Dans son esprit, soulagement et rage s'enlaçaient,

Indémêlables, comme si leur présence ensemble était inéluctable.

La destruction calmait un instant...

Mais appelait à plus de destructions.

Cercle vicieux.

Enfer à deux.


Des corps, ses pieds poussèrent.

L'homme se baissa, l'air blasé

- Lassitude d'un habitué à la saleté -,

Pour creuser un trou à croupissants.


Prise des engins, quelques instants plus tard, l'antre fut fait.

Là-dessous, ça ne serait pas la fête.

Mais pas plus que cinq minutes plus tôt

Quand, à leur cou, s'était placé un couteau.


Des coups d'arme blanche et de pistolet ;

Quelques secondes,

Et leurs âmes étaient de l'autre côté.


L'homme planta ses ongles dans le tronc d'un arbre égaré.

Sur l'écorce, se mêlèrent le rouge liquide et la sève :

Hybride corps végétal.

L'alcool le perdait, son contrôle s'émiettait.


Les corps furent jetés dans le puits sombre,

Tombe de terre sèche et d'herbe rêche

Où nombre d'autres victimes s'y trouvaient.

La tombe recouverte, les inertes s'y reposaient.


L'homme marcha,

L'homme tituba,

L'homme continua

Inlassablement.

Pour rejoindre son deux-pièces et y couvait,

Vomir sur le parquet... puis reboire.


Il était encore dans une rue à l'éclairage faiblard

Quand il trébucha sur un quelconque déchet.

Il tomba violemment sur les dalles,

S'étala sur le sol glaçant et sale,

Loucha sur ses poches et sur le manche de son pistolet,

Le prit d'une main et tira sur son front, tourmenté.




@Renarde07

Recueil : Nos peines, nos chaînes

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