PDV extérieur

Dans la monotonie du noir de l'autre monde, on se sent bien. On a ses petites routines. On dit bonjour à la manifestation de l'esprit de Géorgie, qui va jouer son petit rôle aujourd'hui encore. On s'installe à son petit bureau. On accueille les "grands". Comme ONU, par exemple. Oui, surtout ONU. C'était le "préféré" de Terre, pour dire les choses discrètement. Mais surtout, dans sa petite routine, on vérifie que personne n'a piqué de glaise.

On ne l'utilise qu'en de rares occasions, et c'est extrêmement précieux. Hors de question qu'on y touche, donc.

Aujourd'hui encore, donc, Terre mène sa petite routine. ONU vient la rejoindre.

- Alors, (t/p) fait du bon travail ? Demande ONU.

- De l'excellent. Mais... comme d'habitude. Elle culpabilise beaucoup trop.

- C'était inévitable pour U.E, de toute façon. Franchement, c'est beaucoup mieux qu'elle l'ait tué.

- Je sais bien... allez, je vais vérifier la glaise.

Alors elle traversa le couloir, poussa la porte de son bureau.

Et ce qu'elle vit la laissa sans voix.

Une femme, au cheveux mi-noirs, mi-blancs fouillait dans son bureau. Terre ne pouvait pas voir son visage, car la femme était de dos. Mais Terre pouvait voir qu'elle tenait un morceau de glaise dans ses mains. La femme se retourna. Elle avait un œil noir encadré de longs cils blancs. Mais quand je dis que son œil était noir, c'était le blanc de l'œil qui l'était. Et là où il y était censé avoir son deuxième œil, il y avait une immense croix. Terre eut un petit frisson. D'excitation et de peur. Et ce n'était même pas une femme. Elle avait de longues oreilles pointues. Après ces secondes de paralysie, Terre se décida à agir. Elle s'élança sur l'inconnue. Mais cette dernière disparut avant même que Terre ne la touche.

- Merde ! Il faut que je l'empêche...

Elle se concentra. Elle vit, dans le vide brumeux, un éclair noir et blanc. Elle l'avait trouvé. Elle avait fait vite. Elle avait déjà formé un petit bonhomme de glaise. Elle s'apprêtait à souffler.

Alors Terre eut une idée.

"Atlantide, va souffler sur la glaise de cette elfe, s'il te plaît." demanda-t-elle en pensée.

"Aucun problème" lui répondit-on.

L'elfe souffla. Mais Atlantide souffla en même temps, se faisant invisible. La créature de glaise s'anima. Elle ouvrit les yeux. Deux horribles fentes noires apparurent dans ses yeux. Comme des pupilles de chat, mais sans rien autour.

- Tu t'appelleras Moserchi. "La donneuse de mort"... ça sonne bien... dit l'elfe.

Elle avait une voix horrible, qui brisait l'air.

- Quel nom horrible, pauvre fille... chuchota Terre.

- Et dans quelque années, tu iras troubler le petit monde paisible d'une fille qui profite bien trop... continua l'elfe.

Elle eut un petit ricanement malsain.

Terre frissonna. Elle parlait de (t/p). Elle voulait la tuer. Puis Terre eut un petit pic de colère. (t/p) ne profitait pas. C'était quelqu'un qui souffrait beaucoup.

Depuis combien de temps n'avait elle pas souri ? Depuis bien trop longtemps, en tous cas. Malgré tout l'amour et la gentillesse qu'elle recevait, elle restait toujours malheureuse. C'est comme si elle était imperméable au bonheur.

Dans un désert de malheur, elle refusait de l'eau fraîche.

Peut-être que si on ne la forçait pas à boire, ça lui serait fatal.

Terre comptait beaucoup sur Kazakhstan. Lui seul pourrait possiblement arranger la situation. Après tout, il lui avait bien fait un enfant. Terre espéra que la pauvre Moserchi aurait une deuxième personnalité pacifique. Mais si elle gardait ses pupilles de chat... Terre secoua la tête.

- Non, il ne vaut mieux pas y penser.

Ce regard provoquait en elle une vague de dégoût assez conséquente. Cette marionnette de terre commença à s'animer. Elle cligna de nouveau des yeux en s'asseyant. Terre perçut un petit changement dans ses yeux. Non, elle devait délirer. Elle préféra se concentrer sur (t/p). Elle venait de se marier, mais au fond de son cœur, elle n'était toujours pas heureuse. Terre joignit les mains, comme une prière, et se jura de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider.