*La nuit*

Hmm... J'ai soif. Je me lève le plus silencieusement possible, pour ne pas réveiller Kazakhstan. Je descends à la cuisine. Je prends mon verre d'eau. J'entends un petit bruit. Je tourne la tête.

- J'ai dû rêver....

- Non.

- ?!

Elle est là. La quasi-tueuse. Est-ce que je vais mourir ? Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas ! Je me laisse tomber au sol. Des grosses larmes roulent sur mes joues. Je suis dans un état de stress intense. Ses yeux changent. Elle s'approche de moi.

- Pardon. Je ne te voulais pas de mal. Il y a... des consciences en moi.

- Qui est-tu ?

- On m'a nommé Moserchi. Ça veut dire "donneuse de mort".

C'est glauque. Elle ne veut vraiment pas de mal ? J'ai du mal à y croire. Je ne veux pas y croire.

- Pourquoi... tu veux tuer ?

- Je ne veux pas. On l' a ordonné à ma seconde conscience. Je dois partir. Au revoir.

- Adieu, plutôt !

Elle est folle. Elle est définitivement folle. Mais qui lui a ordonné ?

- Qui ?

- ?

- Qui t'as ordonné de tuer ?

- La grande elfe aux cheveux noirs et blancs. Au revoir.

Elle est plus que folle. Elle a dépassé le stade de la folie. Je me relève. Je reste immobile. Est-ce que je dois réveiller Kaz ? Est-ce que je dois la poursuivre ? Est-ce que je dois attendre demain ?

...

Je vais attendre demain. Je ne sais pas pourquoi. Ça me semble la solution la plus logique. Mais maintenant, je vais rester un peu ici. C'est qui, la grande elfe aux cheveux noirs et blancs ?

Un elfe, c'est gentil de base, non ? Pourquoi elle aurait envoyé une fille bizarre pour tuer des gens ? De toute façon, elle est folle. Je n'ai pas à croire ce qu'elle dit.

PDV extérieur

Moserchi marche. Elle regarde sa main. Pourquoi tient-elle un couteau ? Elle ne sait plus vraiment. Peut-être qu'elle devait faire quelque chose... aller voir l'humaine ? Elle reste immobile. Non, elle ne sait plus. Elle s'accroupit. Elle se tient la tête. Elle essaye de se souvenir.

- «...ue... é... p...»

Une phrase incomplète. Elle ferme les yeux.

Un coup dans sa tête.

Elle tombe dans son autre elle-même.

Oui. Elle sait ce qu'il faut faire. Il fallait tuer l'humaine. Mais elle n'a pas pu le faire. Mais pourquoi ? Elle y était pourtant. Mais quelque chose l'en a empêché. Mais quoi ?

...

Elle même. Cette seconde personnalité l'embête. Elle l'empêche d'accomplir ce qu'on lui a demandé. Elle ne réfléchit pas sur la nature des ordres. À quoi ça servirait de toute façon ? Se séparer d'un modèle pré-établi pour soi-même n'apporte que des ennuis. Elle ne réfléchit pas, elle obéit. Pourquoi aurait-on besoin de réfléchir quand quelqu'un le fait à notre place ? Les ordres ne lui semblent ni moraux ni immoraux. Ce sont des ordres, voilà tout. La seconde personnalité, elle n'est pas comme ça. Elle remet tout en cause, tout le temps. Dans les ordres, elle ne prend que ce qui l'arrange.

- J'ai mal à la tête, maintenant. Foutue "elle"...

Moserchi sent que sa seconde personnalité veut revenir. Elle va l'en empêcher. Il ne faut pas qu'elle la contamine de ses prétendues bonnes pensées.

Elle sait déjà ce qui est juste et ce qui est injuste. Elle n'a pas besoin qu'on réoriente ses standards.

- Que dois-je faire, maintenant, Ividewi ?

Une lumière déchire le ciel noir de la nuit. Une voix féminine qui sonne comme celle d'un serpent se fait entendre.

- Arrête pour ce soir. Tu iras attaquer demain. Mais pourquoi tous ces échecs, Moserchi ? Tu ne donnes jamais la mort, tu en fais voir un minuscule aperçu, tout au plus.

La propriétaire de la voix apparaît. Une elfe, grande, les cheveux mi-noirs, mi-blancs.

- C'est ma seconde personnalité, Ividewi. Elle m'empêche d'obéir. Je le voudrais, pourtant, croyez-moi !

- Une... ? Merde !

- Quoi donc ?

- Rien. Mais essaye de faire mieux ton travail, ou gare à toi !

Moserchi reste seule, debout, dans la nuit.