12. L'enfer déguisé en paradis

Je sors la petite clef de ma poche. Je sors de la salle. Je cours.

- Amé !

- Oui ?

- Viens avec moi. Et avec Russie si tu veux, bien sûr.

Je vois un regard d'incompréhension passer sur leur visage. Je leur montre la clef. Ils ne comprennent pas plus. C'est vrai que je ne leur ai jamais montré la clef.

Je cours vers la grande porte noire. Ils me suivent.

La grande porte noire s'impose à moi. Je l'ouvre.

Les volutes de fumée noires s'échappent. Tout me paraît silencieux et lent.

J'ai peur. Je meurs de peur.

Mais j'avance. Mes pieds sont lourds comme du plomb et mon cœur me fait mal comme si il était transpercé par des pointes en métal. Mais j'avance. Il me semble voir la lumière du soleil. Non, au mieux, c'est une lampe. Ça ne peut pas être le soleil.

Et pourtant. C'est bien le soleil. Une grande prairie parsemée de fleurs blanches s'étend indéfiniment devant moi.

L'illusion est réalité ?!

- C'est une nouvelle personne, tu as vu ?

Cette voix grave... je me retourne.

Non. Non, non, non, non. C'est impossible ! Il ne devrait pas exister !

URSS.

- Qui êtes vous, madame ?

Amé et Russie sont pétrifiés.

- Je... je m'appelle (t/p). Mais vous...

- URSS.

- Non... vous êtes mort ! C'est impossible ! Russie, Amé, je suis désolée... je ne savais pas... je hurle en tombant à genoux.

URSS tourne la tête.

- Russie ! S'exclame-t-il.

- Non... j'avais presque... CONNARD !

Le regard de URSS se durcit.

- On n'appelle pas son père comme ça, surtout quand on est amoureux d'une petite salope capitaliste.

Russie prend son père par le col.

- Plus jamais ! Plus jamais tu dis ça ! Tu... tu as détruit ma vie ! Me sœurs n'ont jamais pu avoir une vie normale à cause de toi ! DE TOI !

- Tu es devenu bien insolent...

- Tu as abandonné tout tes autres enfants ! Pourquoi ?!

URSS paraît surpris. Amé est assis par terre, terrifié.

- Géorgie... je l'ai revu, il y a quelques temps, tu sais.

- Quoi ?

- Oui... elle m'en voulait aussi. Comme toi, mais différemment. Elle m'a demandé pourquoi je vous avais tous séparés.

Silence. Terrible silence dans ce paysage onirique.

- Qu'est-ce que t'as répondu ?

- Je ne pouvais pas vous laisser tous ensemble. C'était trop dangereux. Principalement à cause d'elle. À cause de ses pouvoirs.

- C'est tout ?! Juste à cause de ça ?!

Une nouvelle voix.

- Oh, nous avons des invités, on dirait.

- Reich... bégaye Amé, tremblant.

- Oh, mais c'est le petit voleur de cerveau et son petit copain ! S'amusa Reich.

- Tu sais, Reich, j'étais en train de leur parler de Géorgie... chuchota presque URSS.

- Géorgie ? Ah oui. C'était une fille très calme et polie. J'aurais bien voulu qu'elle reste plus longtemps. Ah, mais... !

Le Troisième Reich s'approcha de moi. Je relevais la tête.

- Que faites-vous là à vous morfondre ? Que s'est il passé ?

Je le repoussais d'un geste violent.

- Dégagez ! Je ne veux pas me faire consoler par quelqu'un comme vous ! En plus, vous êtes censé être mort ! MORT !

Il se baisse, il me regarde. Il me transperce l'âme des yeux. J'ai peur. Je veux mourir. Je préfère ça à souffrir à cause de lui. Il me terrifie, me torture, m'assassine, me réduit à néant avec son regard. Son regard froid. Son regard de tueur fou. J'ai peur. Je pleure, je tremble.

- Tu es bien naïve. Tu as remplacé ONU, pas vrai ?

Je ne veux pas répondre. Je laisse échapper un cri sourd à travers mes larmes.

- Je ne suis pas mort ! URSS non plus ! Nous tous, destructeurs, fauteurs de troubles, créatures dérangeantes, sommes ici !

Non ! Je ne veux plus ! C'est trop ! Je n'aurais jamais dû ouvrir cette porte ! C'était la plus grande erreur de ma vie...

- J... tu veux dire qu'il y a la mère de Jap' ?... bafouille Amé.

- Japon impérial ? Bien sûr. Tu regrettes de l'avoir à moitié détruite ? Comme c'est mignon... mais laisse-moi reprendre mes petites explications.

Je suis obligée d'écouter. Je suis éteinte de l'intérieur. Je sens ma respiration. Je vois la vision de l'herbe brouillée par mes larmes, j'entends les voix, mais plus rien n'a de sens. C'est juste un bouillon informe de sensations.

- Nous avons tous étés sauvés de justesse par vos dirigeants et rassemblés ici, dans le plus grand secret. Vous aviez confiance en eux, hein ? C'est dur la réalité, je sais...

Une brèche dans le tourbillon incompréhensible. J'ai mal au cœur. Littéralement. Je crie sans comprendre ce que je dis.

- Menteur ! Menteur ! ONU... avec tes paroles, tu salis sa mémoire ! Si il faisait ça, c'est parce qu'il était obligé ! Et E.U... Il n'a même pas eu le temps de faire des trucs pareils ! C'est moi qui l'ai tué ! C'est moi ! Aaaah !!

- Ce n'est pas bien de m'interrompre... Mais pour E.U, tu as raison, il est bien mort, il n'a pas pu être sauvé...

Un poids sur mon ventre. Je reviens dans mes larmes et mon incompréhension.

- Et donc, je disais, cette porte est un petit peu comme un téléporteur. Nous sommes très loin de votre ville. Vous qui clamez la liberté, vous vivez enfermés depuis si longtemps. Vous ne bronchez pas. Vous n'avez même pas conscience de votre condition. Vous êtes des souris de laboratoire.

Russie. Il a les mains croisées. Je l'entends murmurer.

- Géorgie... Géorgie...

Elle n'est pas là ! Je veux qu'elle soit là ! Je ne peux pas supporter les révélations seule. Je veux quelqu'un pour m'épauler. Je voudrais qu'elle soit là. Même en pensée.

- Russie qu'est-ce que tu fait ? Elle est pas là ! Pense plutôt qu'on est dans la merde ! Hurle Amé.

- LAISSE-LE ! Je-je comprends... je m'exclame.


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