Je me lève.

Je lève la tête, je ferme les yeux.

Et j'essaye de sentir une brise inexistante sur mon visage.

Je m'imagine dans une grande prairie parsemée de fleurs blanches. Je me retourne et je vois... la grande porte noire. Prise de panique, je rouvre les yeux. Malaisie reprend les tasses de café. Celle de U.K doit être froide, à présent. Je remonte dans mon bureau. Est-ce que j'ai toujours la clef ? Je fouille les tiroirs. Oui. Elle est toujours là. C'est la seule chose qu'il reste d'E.U. Une petite clef dorée surmontée d'une petite étoile. Tout ce qu'il reste de cette clef, c'est une trahison. Il faudra que j'ouvre cette porte. Passer derrière les grandes volutes de fumée noires. Si Géorgie était encore là, j'aurais pu lui en parler, mais elle est partie. Je ne sais pas ce qu'elle voulait faire, mais c'est sûrement une bonne chose. Mais j'avoue que ça me rend un peu triste.

Est-ce que ce que j'ai vu en fermant les yeux était une illusion ?

Est-ce que c'est pour ça que Géorgie est partie ?

Je m'assois sur mon siège, la tête entre les bras, affalée sur mon bureau.

J'aimerais avoir les réponses à mes questions. Pourquoi tout ne s'arrange pas tout seul ?

Et si j'y allais maintenant, à la grande porte noire ? Non, je ne me sens pas d'y aller seule. Il faudrait que je sois avec mes amis pour le faire. Sinon, je ne pourrais pas y arriver. J'essaye de refermer mes yeux.

Une prairie, des fleurs blanches, je me retourne, la grande porte noire... Une voix.

- Tiens ? Ce n'est plus la même personne. Qui va t'on encore emmener ?

Une voix grave. Je ne vois pas la personne, mais je sais que c'est un homme.

- Hmpf ! Je suis sûr que c'est U.S.A !

C'est une voix d'homme, mais un peu plus aiguë.

- Si c'est lui, je lui ferais payer cher... j'ai failli mourir, à cause de ce petit enfoiré...

- Moi aussi, je te rappelle ! Petite merde égocentrique que tu es !

Je me retourne vers leurs voix, dans mon illusion.

Rien. Rien du tout. Du vide. Je rouvre les yeux. Pourquoi je ne peux pas savoir ? Pourquoi il y a une barrière ? Pourquoi l'illusion ne veut pas continuer ? J'aurais tant voulu savoir qui parlait, pourtant. Si il y avait un fond de vérité dans mon illusion.

Je sais juste leur voix. Mais si, après tout, je ne tenais aucun compte de ce que je venais de voir ? Ce n'est qu'une illusion, après tout. Je ne dois pas m'en soucier. J'ai juste trop réfléchi, avec ce qui s'est passé entre U.K et Amé. Je me suis plongée dans mes pensées, ça à fait remonter de mauvais souvenirs, voilà tout.

Mais au fond de moi, je me disais que non. J'avais une sorte de boule au ventre. Je m'enfonce dans ma chaise. Zut. Pourquoi ça paraissait si réel ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Oh, c'est infernal. Je soupire. Je ne veux plus comprendre, je ne veux plus. J'ai l'impression de me lancer dans quelque chose dont je ne vais plus pouvoir sortir. Un horrible cercle vicieux.

- Ah, je vais péter un câble...

Une voix d'homme grave, un autre plus aiguë... c'est tout ce que je sais ! J'ai tous les indices ! Et pourtant, je ne sais rien. Je le sais très bien, que je ne sais rien. Et ça me dépite.

Un bruit de porte qui s'ouvre.

- Maman ?!

Je lève la tête, un peu chancelante.

- Oui ?

- Pourquoi tu es partie ?

Je remets ma tête entre mes bras. Pourquoi, toujours pourquoi, tout le temps !

- J'ai vu des choses en fermant les yeux. J'ai vu la grande porte noire.

Il écarquille les yeux.

- La ?... Celle dont tu m'as parlé quand j'étais petit ? Et qu'est-ce que tu as vu d'autre ?

- Je n'ai pas vu, j'ai entendu. Deux hommes. Je n'avais jamais entendu leur voix avant. Il disait que ça avait changé de personne, et ils avaient l'air d'en vouloir à Amé. Ils l'ont appelé U.S.A. Ils devaient être ennemis.

- Tu parles au passé. Tu ne devrais pas.

- Mmm...

Pourquoi, tout le temps ? Il faudrait que j'aie une solution. Je dois y aller. Mais je n'en ai pas envie. J'ai envie, mais je n'ai pas envie en même temps. J'ai la boule au ventre. J'allume mon ordinateur.

- Je vais travailler sur la réunion de dimanche, pour oublier...

-...