Un père

-Donc... Voilà chez moi.

L'intérieur est aussi impressionnant que l'extérieur. Les pièces sont immenses et d'un blanc nacré.

Des tapis avec d'incroyables formes décorent le sol, des tableaux de paysages à couper le souffle sont accrochés de ci de là. C'est une grande maison qui semble vide de coeur et d'esprit. On dirait juste qu'elle est surdécorée pour cacher ce qu'elle ne peut avoir. De la vie. Ici, il n'y en a pas véritablement.

On dirait qu'elle est vide de toute émotion. C'est étrange et déstabilisant.

-C'est... Magnifique, je lui dis, le souffle court par tant de grandeur.

-Qu'en apparence, je t'assure, m'affirme-t-il en avançant vers une gigantesque pièce munie de sofas en cuire brun et d'une télé à écran plat.

Je me retiens d'ouvrir la bouche comme une enfant ébahit devant un magasin de bonbon. Le père de Lucien est assis dans un des sofas et fixe l'écran de son téléphone, l'air lasse.

Lucien se racle la gorge et se met devant son père, moi sur ses talons.

-Papa, je te présente... Saturne.

Mon prénom est un doux mot dans sa bouche, comme une symphonie délicate, jouée avec bienséance. Lucien cherche mon regard, il est déstabilisé par son père qui ne nous prête pas la moindre attention. Il est gêné. De mes yeux, je lui transmets ce que j'espère être du courage.

-Saturne... Mon père.

-Enchanté monsieur, je réponds en tendant la main au dessus de son portable.

En voyant cette main surgir de nul part, le père sursaute et se redresse, ses yeux croisent les miens. Ils ressemblent à ceux de son fils mais ne possèdent pas cette brisure au fond des yeux.

-Oh, il regarde son fils puis à nouveau moi. Tu as ramené de la compagnie ! C'est pas trop tôt, un rire mesquin s'échappe de sa bouche. Moi qui te croyais associable... Pardon, vous êtes ?

-Saturne. Ça vous embête de garder Rêve ?

Je lui montre alors le joli chaton au yeux vert et à la fourrure caramel.

Lucien a le visage cramoisi, il tente de cacher son gêne en frottant sa main contre sa nuque. Le portable sonne tout d'un coup et le père de Lucien se lève tout d'un coup.

-Désolé, je dois répondre. Amusez vous bien, Lucien et Sature.

Il disparait tandis que Lucien siffle :

-Saturne... Pas Sature.

Je ne dis rien un moment, puis hausse les épaules.

-J'imagine que c'est oui pour Rêve.

Et je pose le petit animal par terre. Il reste collé entre Lucien et moi comme si sa vie dépendait de notre présence.

-Je suis vraiment navré... Mon père...

Je l'arrête de la main.

-J'ai vu pire, ne t'inquiète pas. Bien pire.

Et c'est vrai.

Il se racle la gorge et regarde Rêve comme s'il s'agissait d'un extraterrestre.

-On l'installe dans ta chambre ? je propose.

Il relève rapidement les yeux sur moi. La panique colore son visage.

-Tu veux dire... Tu veux aller dans ma chambre ? bredouille-t-il un peu perdu.

-Oui ? Pour installer Rêve, à moins qu'il dorme ailleurs ?

-N... Non c'est bon. C'est juste que personne n'est encore, autre que moi, entré dans ma chambre...

Après un moment d'hésitation, Lucien se met en mouvement en me disant :

-Suis-moi.

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