Salle de cours
Le bruit de tous ces élèves entrant dans une même pièce sombre, éclairée seulement par de trop longues lumières blanche, me paralyse les tympans et me donne envie de fuir cette salle, de courir vers la tranquillité, le repos. Je suis fatiguée des gens, de leur comportements, de ces tableaux aussi noir que le diable réincarné en objet, qui se trouve dans n'importe quel endroit du lycée, en compagnie de grinçantes craies aux couleurs aussi dépareillées et fades que les gens qui peuplent cet endroit.
Mon sac fushia est serré sur mon dos comme pris en otage par moi-même. Je le dépose délicatement par terre, contre le pied gauche d'une table du fond, comme s'il s'agissait de mon âme. D'une certaine manière, me dis-je, c'est une partie de mon âme, ce sac est un morceau de ma vie. Je le remplis des choses qui me sont précieuses, il est mon coffre fort coloré et ce qu'il renferme à l'intérieur est certainement la partie la plus cachée de mon âme.
Je m'assieds avec lenteur sur la table à coté de laquelle mon sac repose fièrement, gardien de ma place, et je lâche un soupire. Cette table est mon rempart face à tous ces élèves malsains, elle est mon cris silencieux devant toutes moqueries.
La salle se remplis trop rapidement à mon goût. Certains s'assoient en riant tellement fort que je crains leur corde vocale de lâcher d'un seul coup, d'autres se serrent la main de façon parfois étrange, s'embrassent devant tout le monde en faisant des échanges de baves, tel deux crapauds trop près l'un de l'autre, d'autres encore sortent toutes leurs affaires sur la table, certainement pressés par un temps qui m'est invisible.
Une présence silencieuse vient se déplacer et s'arrêter sur ma droite. Je lève la tête hésitante, mais prête à supporter le poids de moqueries quelconques.
Quand on vous habitue à la souffrance mentale, vous devenez meilleurs pour mouler un masque sur votre visage, qui dira absolument tout le contraire de ce que vous pourriez ressentir. Même si les paroles de l'agresseur vous détruisent, vous ouvrent en deux, vous égorgent l'âme plusieurs fois d'affilée, vous êtes capable à présent de ne plus le montrer, parce que ces choses qu'il vous fait vous rendent plus fort. Et de toute façon, vous savez au fond, qu'un jour, ils payer ont pour ce qu'ils vous ont fait. Qu'importe les moyens. Ils payeront. Ils payeront tous pour avoir fissuré ce qu'il y avait de beau chez vous, en le transformant en un monstre ennemi de vous-même, armé jusqu'aux dents.
-Euh, salut...
C'est la voix du garçon aux joues rouges framboise des bois. Sa voix est hésitante, tremblante, presque chuchotée. Je doute que quelqu'un d'autre que moi l'ai entendue.
Il s'assoit à la table d'à coté avec une lenteur presque égal à la mienne, à la différence de moi, ses gestes sont précis, utiles, habiles. Ces mouvements me donne l'impression qu'il analyse tout, qu'il ne gaspille pas sa gesticule pour rien, mais, pire que tout, je ne sais pas si cela me rassure ou non. J'ai l'étrange impression qu'il est le mélange des deux.
Il ne me quitte pas de ses yeux verts, qui n'expriment que peur et appréhension. Je fronce les sourcils un instant et réponds lentement :
-Bonjour.
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