Les oiseaux

Quelqu'un peut-il entendre, le bruit que fait l'oiseau de mon cœur ? Ce pivert frappant en rythme, luttant contre les intempéries ? Celui qui parcourt mes veines à la recherche d'un monde meilleur ? Qui remplace mon sang et le fait battre si fort qu'il m'a donné la vie.

Quelqu'un peut-il voir tout cela ?

Pourtant, tout le monde peut voir cet oiseau sur le toit, s'apprêtant à s'envoler en laissant derrière lui, le vide et la solitude d'un bâtiment en pierre aussi triste qu'un univers détruit. Cet oiseau est noir, mais il n'est pas sombre. Aucun oiseaux ne peut l'être ! Il est pleins de plumes qui, dans sa couleur fait briller son pelage de mille et une façon. C'est la danse des couleurs dans une seule.

Sa tête se penche en avant pour capturer l'image qu'il a de notre monde, puis ses pattes le suivent et avancent. Son bec ombragé s'ouvre en deux pour former un cri, silencieux d'où je suis. Mais je l'imagine chantant et puissant, comme le maître du vent. Puis, il déploie sur toute sa longueur ses larges plumes noires comme un ciel brumeux en pleine nuit. Ses ailes abandonnent une plume de minuit derrière elles et s'éloignent de la Terre, guidées par la liberté et insensibles à la gravité. La plume qui s'est séparée du corps de l'animal reste coincée sur le toit sombre et gris, comme privé de sa liberté, privé de son devoir de voler.

-Mademoiselle Sature pourrait avoir l'indulgence d'écouter ce cours ? 

Je sursaute en revenant au monde humain. Pendant un instant, je n'étais plus dans cette classe à l'atmosphère saturé de sueur, aux murs marrons, comme des feuilles qui serraient mortes, aux yeux brun de mon professeur de français qui ne comprend rien à son métier, rien à ce qu'est la vie dehors, derrière cette parois transparente qui me laisse oublier l'ennui de cette salle sans importance. Mon professeur ne sait pas ce qu'est la véritable vie, pour lui elle se résume à ses cours, ses élèves, cette école, ce travail. Mais il y a tellement plus ! Sait-il seulement quel calme cela procure de regarder un être doté de plumes s'envoler vers les cieux avec la grâce et la facilité du vent ? Je suis certaine qu'il n'a jamais fait attention à ces petits animaux sur pattes qui ne servent qu'à faire disparaître les miettes de pains qui collent à son pull vert kaki.

Peut-être qu'en fait, personne ne voit ni n'entend, comme le pivert de mon coeur, le corbeau de l'extérieur. Peut-être les gens sont-ils aveugles à ce qu'est la beauté des choses naturelles ?

-Saturne ?

Des ricannements se mélangent à mon esprit, mais ce ne sont pas les miens. Ce sont des rires moqueurs. Moqueurs de mon évadement, de mon espoir d'un monde meilleur, d'un monde plus juste, où les oiseaux sont traités de rois. Ce sont des rires de gens qui ne comprennent pas, qui veulent seulement réagir comme l'humain se doit de réagir. Rires est une barrière pour cacher son idiotie. Sauf que moi, je la vois. Mais j'ai l'habitude depuis le temps d'entendre ce genre de rire. Le rire de gens qui ne comprennent pas, qui ne veulent pas comprendre ! Quelle tristesse...

Je jette un dernier regard à cette plume qui ne sait plus voler et me promet d'aller à son secours, de l'aider à lâcher prise, l'aider à partir loin de ces bâtiments gris et sombres, qui ensemble forment le mot école, comme une mise en garde contre la rêverie.

Ma rêverie.

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