Le parc

Il est là, devant moi, de son allure féline et discrète, comme appartenant aux ombres dansantes. Je ne l'avais presque pas vu, sous ce grand chêne massif qui le protégeait entièrement, son rempart à la vie. 

Mais lui, m'avait vu depuis mon entrée dans ce parc...

Ses yeux verts semblent briller dans la presque nuit d'un éclat d'émeraude, pur et doucereux à la fois. Tout son corps s'est figé, encré dans du ciment, invisible à ma personne. Je n'ose plus faire un mouvement non plus. Ni avancer, ni reculer, moi aussi prise dans l'étreinte du ciment indiscernable. 

Je ne veux pas l'effrayer, qu'il s'en aille en courant et que plus jamais je ne puisse le regarder... J'aime l'observer, c'est la première fois que nos regard se croisent et tout chez lui me fascine déjà, chez ce petit être sans défense qui semble si agile.

Son pelage porte dans l'avant nuit, une couleur brune qui lui va à ravir. Brun comme le caramel fondant près d'un doux feu de décembre, il a l'allure sauvage et rebelle d'un jeune plein d'une vie nouvelle.

Ses fines petites pattes retrouvent l'art de bouger et il avance. Lentement, il sort de sous son arbre.

Un miaulement intrigué, plutôt aigue, sort de derrière ses longues moustaches blanches presque invisibles, et pourtant, présentes. Ses mouvements sont fluides, quoique hésitant et d'une grâce qui me coupe le souffle, j'envie d'une certaine manière ce qu'il est. Mon corps, lui, est ankylosé par ma course. Il est trop étroit pour tout ce que je suis et en même temps, trop grand pour tout ce que je ne suis pas. Mon cœur bat encore trop vite, incapable de se réguler, mes mouvements sont étourdis et trop brusque à chaque fois. Cet animal est la perfection du monde et reflète dans mes yeux ces étincelles qu'est la curiosité qui intrigue.   

Je décide de me baisser à sa hauteur et tend la main vers cet être d'une beauté sauvage, comme un appel à la caresse. Mais avant même que je n'ai pu finir ma descente, l'animal sursaute violement, recule et cambre son dos doré en crachant sur moi sa terreur. Il disparaît à la vitesse d'un éclair qui frapperait le sol avec violence avant de disparaître, pour ne laisser qu'une mince trace de son furtif et pourtant, bouleversant passage. Prise, moi même par défaut, je tombe à la renverse et fini le derrière sur l'herbe grasse et humide, face à un parc silencieux et vide. 

Les lampadaires sont à présent allumés et semblent manger l'obscurité, le vent continu de refroidir mon corps en fouettant mes cheveux dans tous les sens, les faisant voltiger à leurs envies, là où ils en ont envie. 

Je soupire, déçue et me relève avec maladresse, face au vent. Je regarde dans la direction où le jeune chat s'est enfui et regrette d'avoir bougée, regrette qu'il soit parti si vite...

Je décide de partir à sa poursuite, qu'importe ce que le futur en dit.

Mon cœur rebondit dans ma poitrine et mes pauvres jambes épuisées reprennent leur course effrénée pour un chat envolé. 

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