Le début d'une fin
Je relève les yeux du carnet et tout mon corps se réchauffe quand mes yeux gris, que jamais il n'a trouvé affreux, se posent sur lui.
Je vois alors tout et plus rien.
Je le vois lui, Lucien et je ne vois rien d'autre autour, ni Rêve, ni l'herbe, ni les nuages, ni le chêne, ni le ciel.
Juste Lucien. Ce Lucien n'a qu'une apparence timide qui n'a jamais déteint sur son âme. L'âme qu'il a, c'est celui d'un jeune homme qui essai de récupérer des morceaux perdus de son passé, c'est quelqu'un de tendre qui ne supporte plus l'injustice, c'est celui qui a tenu tête à mon propre père qui me battait pour me protéger !
Il a aussi ses défauts, car personne n'est parfait. Mais pour tout dire, les défauts qu'il porte en son cœur même, ne le rendent qu'un peu plus humain, qu'un peu plus proche de mon imperfection. Il n'a pas confiance en lui, il ne sait pas vraiment comment parler et est mal à l'aise très rapidement...
Mais peut importe. Peu importe, ce qu'il est... Peu importe ce qu'il n'est pas ou plus. Ce qui importe en cet instant, c'est Lucien. Le Lucien entier, qui est et n'est pas, qui semble et ne semble pas.
Lucien s'approche de moi, rouge comme un fraise des bois.
-Alors c'est comme ça que tout va se terminer ? me demande-t-il, l'épaule collée à la mienne.
Son épaule envoie à la mienne sa chaleur et me soutient, me rend plus encore vivante.
-Plus de douleur, plus de secret, plus de tristesse. Plus que l'avenir.
-Tout est bien qui finit bien ? propose-t-il.
Un sourire s'incruste entre nos lèvres. Mes yeux se perdent une nouvelle fois dans les siens. Il n'y a rien de plus beau que ses yeux. Ils sont le vert à l'état sauvage, le jade des forêts tropicales, le vert de la vie printanière, l'émeraude perdu et retrouvé !
-Tu sais bien que rien ne finit jamais vraiment ? je lui chuchote en m'approchant lentement de lui, hésitante.
Nos épaules se touchent totalement à présent. Lucien est ma lumière. Il m'a sorti des ténèbres à coup de plumes noires et de rougeurs. Lucien, qui a su trouver le bon en moi et me le montrer. Lucien, je lui dois tout.
-Regarde, nos pères vont se rencontrer... je ris doucement tandis que Rêve vient se reposer sur mes jambes.
Je m'approche plus près de lui pour m'imprégner de son odeur de citron et de savon, un délicieux mélange...
Pourtant l'hésitation s'enroule autour de mon cerveau et m'empêche d'avancer, me fait même reculer. Et si ça ne marchais pas ? Si nous finissions par nous rendre compte que ce que nous éprouvons l'un pour l'autre n'est pas assez fort ? Est-ce que ça doit être plus fort quand on est amoureux de quelqu'un ? Je n'ai jamais, de toute ma petite vie aimé quelqu'un aussi fort.
J'aime au point d'en vouloir toujours plus avec lui, de vouloir lui décrocher la Lune et l'emmener avec moi dans les méandres de l'inconnu... Pourquoi pas même émigrer sur Saturne ?
Son sourire est si grand et si proche de mon visage, ses lèvres sont si proches, si loins ! Ses yeux sont comme deux soleils verts luisants, d'une beauté infinie et grands ouverts sur moi ! Je vois au fond de ses yeux. Je vois et les mots n'ont plus leur sens. Le silence... Voilà qui répond à mes questions !
À ma propre surprise, ça n'est pas moi qui fait le second pas, c'est Lucien. Ses mains viennent caresser mes cheveux comme s'il s'agissait du paradis. Il a déjà touché mes cheveux auparavant, mais en cet instant, ce geste est beaucoup plus puissant, beaucoup plus dévastateur.
Je lui chuchote alors, pour aucune raison apparente, peut être parce que j'ai peur de ce qui va nous arriver :
-Tu sens le citron et le savon.
-Tu sens la pluie et la pomme.
Nos lèvres s'unissent tout d'un coup, de la même manière que nos chemins ce sont croisés. Rien n'est plus beau que ce moment. Rien n'est plus fort ! J'ai l'impression pour la première fois d'être entière et non la moitié d'un tout, je suis, nous sommes, les compléments de l'autre.
À présent plus rien ne peut plus nous séparer.
Nous sommes paré face au mal et jamais plus le monde ne nous brisera comme il l'a déjà fait dans le temps. Parce qu'à présent, nous savons résister et avons les armes pour terrasser nos démons.
Lucien me dit entre deux baisés :
-Maintenant que nous avons connu la Guerre, il nous faut connaître l'Amour.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top