Le chat du parc
Je marche vers le parc, peut importe ce qui m'arrivera quand je rentrerais. Je ne peux me résoudre à l'idée de ne plus jamais revoir le petit chat moustachu du parc.
Pour une raison que j'ignore, je sais qu'il sera là... Du moins je l'espère de tout mon cœur, si fort que je le pense déjà réel, de tout mon âme et de toutes mes pensées !
Je ne lui ferais pas peur cette fois. Cette fois, il restera près de moi, comme un gardien timide de s'approcher.
Quand j'entre enfin dans le parc, je me dirige de suite vers le grand chêne où, hier même, se dressait parmi les ombres dansantes ce jeune félin noisette.
Et je ne me suis pas trompée, il est ici, sous l'arbre, et comme hier, il me fixe de ces mystiques yeux verts.
Je m'approche plus doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible, pouvant le faire fuir pour un rien. Mais je comprends son envie de fuir face à moi, face aux humains; ces êtres capables de tant d'atrocités, ces êtres capables de tant de bonté... L'humain est aussi indomptable qu'un cheval fou, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui. Va-t-il te rouer de coups ou te prendre dans ces bras ? Va-t-il te cracher dessus ou t'embrasser ? Va-t-il t'injurier ou te dire des mots doux ? Va-t-il devenir ton meilleur ami ou ton pire ennemi ?
On ne le sait jamais au bon moment, toujours trop tard pour prédire l'instant...
Quand nous sommes à quelques mètres l'un de l'autre, je m'arrête, par peur qu'il s'en aille voir ailleurs. Je m'assois en tailleur avec toute la lenteur que mon corps est capable de produire, et je regarde l'animalcule me regarder en penchant sa tête sur le côté et en poussant un doux petit miaulement.
Nous nous observons un moment lui et moi, avant qu'il ne commence à se nettoyer le corps à l'aide de sa langue rappeuse et rose. Rose comme les bonbons. Rose comme un levé de soleil. Rose, comme une rose rose...
Tandis que lui, continue de se lécher, moi je l'examine, parcours son corps avec mes petits yeux gris comme la cendre. Le gris d'après un cataclysme, après une horreur telle qu'un feu ravageur ou un volcan cracheur de fureur. Alors que les yeux de ce petit matou sont d'un vert cristallin et pur.
-Tu appartiens à quelqu'un ?
Le petit animal se fige au son de ma voix chuchoté, il me fixe de ses grands yeux de jade et je vois d'ici ses pupilles noires comme ma plume, se rétrécir en deux fentes au centre de son regard argotique.
-En tout cas, tu as encore de la terre sur ton pelage et tu as des crottes aux yeux. Tu es magnifique, mais ça, c'est pas beau.
Le chaton me regarde, miaule à nouveau et frotte ses moustaches vivement en fermant ses incroyables grands yeux verts, comme s'il comprenait mes mots.
-On ne se connaît pas, mais je t'aime déjà. je lui dis en souriant, un petit sourire frémissant.
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