La part sombre
Je rentrerai chez moi. Même si je suis habituée aux réprimandes de mon père, d'imperceptibles tremblements agitent mon corps.
J'avance lentement, essais de faire ralentir le temps, redoute l'instant.
Puis, la maison dans laquelle je survis apparait devant moi et de fait comme un coup de poignard dans le ventre. Une envie presque irrésistible de fuir me prend, mais pour aller où ?
J'ouvre le petit portail qui grince avec violence dans la nuit et manque de trébucher et de m'empaler sur le petit portail. Mon coeur résonne dans mes oreilles et mon corps ressent déjà la douleur qui approche.
Mon père est assis devant la porte d'entrée, quand il entend le portillon, il se lève, dévore la nuit entière et mon semblant de joie.
Ma gorge se serre et m'étouffe. Je suis un poisson hors de l'eau en train de dépérir.
-T'étais où ? Tu vas où tout les soir ? crache l'homme dans l'obscurité oppressante.
-Dehors. je dis en gesticulant sur place.
Il s'approche de son pas d'ours intimidant. Chaque pas semble résonner et dans ma tête, et sur le sol. Sa voix est un grognement animal de bête féroce prête à planter les corps dans sa victime.
Il se place à quelques centimètres de moi, de toute sa hauteur. Mon coeur continu de battre les oreilles et de trahir la peur apparante.
-Dehors c'est nul part ! Dehors c'est partout ! Je répète la question, gamine. Où étais-tu ?!
Sa voix est un hurlement, une alarme qui brise chaque partie encore vivante de mon corps. Le sang gesticule partout en moi sans trop savoir où exactement il doit s'arrêter.
-J'étais...
Mais je suis trop lente à répondre, sa langue claque contre son palais et sa main se lève pour frapper violemment.
Je ferme les yeux, prête à encaisser un coups qui mets beaucoup de temps à arriver.
Beaucoup trop de temps.
J'entends mon père grogner comme un animal enragé.
Je rouvre les yeux et un hoquet de stupeur sort de ma bouche, les larmes montent à mes yeux et prennent d'assaut ma vision.
La main de mon père est retenue dans son geste, en suspens dans le vide. Lucien est à côté de moi, si prêt que nos vêtements se frôlent, il bloque la main de mon père.
Les yeux de celui-ci lancent des éclairs de follie, quand à Lucien, il est d'un calme égal à lui même. Je ne l'ai ni entendu me suivre, ni senti arriver. Ses yeux sont d'un vert froid et toisent mon père avec encore plus de violence qu'une colère pure et dure. Le calme peut parfois être très violent.
Tous deux se font face, l'un pour me protéger, l'autre pour assouvir un acte douloureux.
Lucien me pousse doucement hors de portée de mon géniteur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top