La nuit vint

J'avance doucement dans la nuit, comme une somnambule sortant de son lit. Mes pas trainent sur le goudron noir et ne savent pas où ils vont. Une voiture me dépasse sans prêter attention à ma mince silhouette nocturne que je suis, ses feux pâles éclairent un instant ma face, avant que tous ne redeviennent qu'obscurité. Le vrombissement du véhicule s'éloigne et le silence retombe comme une pierre lancée au hasard des rues. 

J'ai cessée de chercher ce petit animal bien trop rapide pour moi. Je rentre à présent chez moi, contre toutes les pensées qui m'assaillent. Ma tête est pleine du vide, mes paupières tremblent de sommeil, mon sac pèse sur mes épaules le poids du monde endormis, mon corps est lourd et m'entraine irrémédiablement vers le sol. Un bâillement déchire ma bouche en deux et aspire tout l'air autour de moi.

Il n'y a aucun bruit. Même mon esprit se fait souris. Je regarde le ciel étoilé, comme pour trouver du soutient contre les bras de Morphée.

Elles brillent là, insouciantes du monde, trop loin et si proche à la fois de ma personne ! Ces points lumineux du passé contrastent avec cette nuit froide, elles m'aspirent loin de cet univers glacial et sans cœur. 

Il n'y a pas d'étoiles filantes, juste un calme surnaturel qui m'englobe, tel une protection contre la vie de la nuit. La Lune est là aussi, dans sa jolie forme de croissant lumineux, qu'elle a revêtue juste pour aujourd'hui, juste pour une nuit.

Pourquoi s'est-elle habillée ainsi ? Nul ne le saura jamais je crois bien. C'est devenue son petit secret, un secret que peu de gens convoitent. Elle me regarde au travers des étoiles, des kilomètres et des années lumières qui nous séparent. Je suis certaine que si elle avait possédé une bouche, elle m'aurait sourie en me chuchotant des mots rassurants. 

Un vent violement froid vient griffer mon visage et m'habiter entièrement, m'habillant d'une seconde peau blafarde. Je frissonne dans mes vêtements et resserre autour de moi l'étreinte de mon manteau rouge.

Rouge, comme le sang qui coule dans nos veines. Rouge comme l'amour passionnel. Rouge, comme la colère à l'état pure. Rouge, tout simplement rouge.

Mais en cet instant, cette couleur est presque éteinte par le noir, comme une flamme privée de son oxygène.

Le rouge s'est endormis, en même temps que les habitants des maisons voisines, en même temps qu'un soleil fatigué qui se laisse succomber aux caprices de dame Lune. 

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