Fuir

-Eh l'Extraterrestre !

Je me retourne malgré ce qui m'attend. Mais je ne fuis pas, parce que fuir est lâche et ne résous rien. Je regarde le couloir de la prison.

Les cris des élèves est difficile a comprendre. Personne ne me prête d'attention particulaire, à part bien entendu les deux garçons et la fille qui se tiennent devant moi, me bloquant le passage à l'aide de leur corps chauds et venimeux. Je sais que ce qu'ils me feront me brisera encore plus, me donnera une nouvelle raison de fuir toute civilisation humaine. Je devrais en parler à un adulte, c'est ce qu'une personne normale ferait peut-être, mais pour quoi faire ? Ils recommenceront encore et toujours, comme, aussi loin que ma mémoire m'emmène, ils me l'ont toujours fait. Et je ne suis pas du genre à me plaindre. 

Je les connais tous les trois, j'ai l'habitude d'être leur passe temps favoris, d'assouvir leurs envies les plus idiotes comme les plus terribles.

Je refuse de leur donner des prénoms dans ma tête, je grave juste irrévocablement leur visage dans ma mémoire et prie chaque soir pour ne plus les voir et les oublier. Ça n'arrive jamais. On n'oublie jamais de tels visages, assoiffés par la recherche de l'effroi. 

Les cadenas claquent contre les portes en métal, qui claquent eux même contre les casiers. C'est un bruit qui résonne dans tout les sens et se perd en s'étouffant au travers des murs, pour mieux recommencer. J'aime ce bruit que peu de gens apprécient. C'est un son puissant qui va au delà des bavardages humains, qui est si fort et habituel que l'on n'y prête plus vraiment attention, l'oreille devient sourde.

Le bruit plus du bruit forme du silence m'a un jour dit quelqu'un.

Je pense au silence, à ce que serait un monde silencieux. Je me rends alors compte qu'il serait affreux. Des pensées sans paroles, des images sans nom, un monde sans mot ! Toute ma vie est faite de mots, chacune de mes pensées est une phrase, qu'elles soient dites ou non !

Mon cœur et ma gorge se serrent à la vu de mes harceleurs qui s'approchent encore un peu plus de moi, m'étouffant presque dans mon espace à présent clos. Je resserre involontairement mes petits doigts maladroits sur mon sac. Ils cherchent a attirer totalement mon attention, ils veulent que je reste focalisé sur eux.

-Comment ça va la chelou ? demande la premier garçon, en souriant.

Mais je ne dis rien, parce que les mots pourraient tout aggraver, de toute façon il n'attend pas vraiment de réponse de ma part. Ce qu'il veut c'est voir la panique monter en moi, qu'il se sente enfin supérieur et puisse m'humilier librement. 

Je n'arrive pas à comprendre leur jeu malsain de faire peur, d'harceler, de briser des vies, de réduire les gens au silence. Il n'y a absolument rien de drôle là dedans ! Il devrait être interdit de faire une chose pareil, les victimes de ces harcèlements ne sortent jamais indemne, ils gardent au font d'eux le mal que les autres lui ont fait et aussi, le fait que personne ne soit jamais intervenu. Mais quel enfant peut intervenir sans devenir à son tour une victime du harcèlement ? Qui d'insensé prendrait un tel risque ?

J'aimerais dire qu'ils ne réussissent pas à me faire peur, mais me retrouver seule, face à trois personnes qui m'ont déjà tellement fait souffrir est simplement impossible.

-Ouais c'est vrai ça, comment tu vas aujourd'hui ? demande le deuxième garçon, un gigantesque sourire dessiné sur son visage. 

La fille, elle, ne cesse de glousser. Je suis presque certaine qu'à force de rire comme cela elle pourrait finir par s'étouffer avec sa langue.

La fille et le deuxième garçon me prennent chacun par les épaules et m'emmènent à l'écart des autres. J'essais de rester calme malgré la peur grandissante. Ne rien montrer pour éviter de leur faire plaisir.

Avant de totalement disparaître des couloirs, je croise un seul regard.

Un regard qui reflète exactement ma peur. Il aimerait m'aider, mais il est trop timide pour le faire et il ne sait pas comment intervenir. Je lui fais un discret non de la tête pour lui dire de ne pas intervenir, surtout pas. Il ne peut pas devenir une victime à son tour ! Surtout qu'il fait une proie parfaite pour des gens tel que ces trois là.

Ses yeux partent entre moi et les trois personnes à mes côtés.

Je me rends alors compte que la seule personne qui est gentil avec moi et qui accepte de me parler un temps soit peu, n'a pas de nom.

Je ne connais pas son prénom !

Avant que je ne puisse penser à quoi que ce soit d'autre, je disparais hors de sa vue, hors des couloirs. La peur monte doucement dans mon ventre et fait palpiter mon cœur.

La torture peu recommencer. 

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