1 heure

Je lui jette quelques coups d'œil durant presque toute l'heure de classe. Il semble au bord du malaise et je me demande si cela est de ma faute, si je fais quelque chose de travers. Il n'arrête pas de triturer ses mains, de gigoter sur sa chaise, de remonter ses lunettes, de me regarder du coin de l'œil en veillant à ne pas croiser mes yeux et il est pâle comme la mort ! De plus, il regarde droit devant lui, tel un automate en veille. 

Mais petit à petit, mon attention à son égard diminue, et tel un chat lassé de jouer avec sa souris, me voilà replongée, la tête hors de cette classe, à l'arrière même des fenêtres et de toute vie humaine.

Il n'y a pas d'oiseaux que je puis apercevoir d'ici, un gros arbre cache la moitié de la coure. Cet arbre porte de splendides feuilles verts sombres, sombres citron, poivron, haricot, bambou. Il est le mélange parfait de ce qui est foncé, personne ne pourrait rêver mieux et aussi précisément ces couleurs ainsi assorties. L'arbre, en son centre, est composé d'un tronc fin et chevrotant qui chavire en fonction du vent et pourrait s'arracher de la terre pour lui. Vers la gauche, puis vers la droite. Vers la droite, puis la gauche...

Son rythme balancier calme mon esprit en furie face à tout ce qui se passe en ce moment dans ma vie. Pas que cela soit très intéressant, mais ils bousillent mon cerveau et prennent toute la place nécessaire dans ma mémoire, que je le veuille ou non.

J'imagine les racines de l'arbre s'enfoncer loin vers le sol, sur des territoires qui lui sont encore inconnu, si prêt du centre de notre terre, qu'il peut se nourrir de sa chaleur naturelle. Ses racines si bien enfoncées le maintienne très haut, touchant presque des Dieux à l'existence douteuse ! Si prêt du ciel, si prêt des oiseaux, d'une liberté à toute épreuve !

Puis je l'imagine mourir. Mourir à cause de la pollution dont l'humain est responsable. A vouloir aller au delà de l'imaginable, voilà ce qui arrive. Je vois ses douces et longues feuilles vertes se refermer sur elles même sous le poids de la vanité des humains. Le vert passe au jaune, puis au rouge, et enfin au brun, pour ne ressembler plus qu'à une chose desséchée, privée de sa vie merveilleuse. Elles quittent leur nid douillet, arrachées de leur maison chaleureuse, pour finir sur un sol trop dur, trop froid, trop loin des cieux, écrasées, déchirées par de malheureuses chaussures innocentes de leur sort.

Un bruit me ramène brutalement à ma douloureuse réalité. La sonnerie qui annonce la fin des cours. Je range mes affaires dans mon sac, que je plaque contre mon dos, sous le regard étrangement scrutateur de mon nouveau voisin, et sort loin de lui et des autres élèves. 

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