6 - Titi et Grosminet



Nokomis se concentrait sur sa tâche manuelle avec une grande application. Assise en tailleur dans son atelier personnel, originellement son bureau, la jeune femme passait habillement ses aiguilles pour former ses mailles.

Elle lança un regard noir en direction de la porte, là où une petite tête couverte de poils blancs apparaissait. Noko grogna pour dissuader le chat de venir fouiner dans ses pelotes de laine.

Le fourbe félin ignora son avertissement et se faufila vers le fauteuil bleu et moelleux de la tricoteuse. Il faisait fi des pans de tissus qui pendaient de leurs mannequins, dangereusement tenus par quelques aiguilles. Et sous les sifflements mécontents de son humaine, il alla se frotter innocemment au pied de l'établi, jetant un regard las à la machine à coudre.

Nokomis mima de lui jeter un objet lorsqu'un bruit fort ébranla la peinture vert canard de son atelier. Cela hérissa de terreur et de surprise la fourrure de la belle Sappho, qui déguerpit.

La jeune femme lâcha ses mailles, surprise, puis sauta sur ses pieds. Une semaine s'était écoulée depuis sa foulure et sa course folle avec le Leyak, depuis, elle se languissait d'une nouvelle affaire.

Elle détala de la pièce sans prendre le temps de fermer la porte et dégringola les escaliers.

Elle entra toute pimpante dans l'Atelier.

« Qu'as-tu trouvé César ?

— Un cambriolage.

— Ah oui ? questionna Nokomis, toute excitée.

— Encore un qui se prend pour le roi de la cambriole, plaisanta Edgar tout en franchissant la porte.

— J'ai capté une fréquence magique forte sur le site du musée du quai Branly, à Paris. Pour une raison que j'ignore, elle a été neutralisée rapidement. Je ne sais pas si les services de sécurité ont été prévenus d'une tentative d'effraction, vous aurez peut-être du mal à vous approcher du bâtiment. Le musée ouvre à onze heures, soit deux heures du matin ici.

— Très bien, merci César. Noko ? repose-toi, on décolle à deux heures moins dix. »

La brune hocha la tête et sortit de la pièce. Edgar la regarda disparaître et se tourna vers César, pour lui confier d'une voix inquiète.

« Au fait, j'ai eu un tuyau de la part d'Elizabeth. L'ASAMP est sur quelque chose de gros à Chalchiuiticue. Elle n'est pas sur l'affaire et n'en sait pas plus pour le moment, mais apparemment, ça sent mauvais. Très mauvais.

— Je vois, soupira César, je vais rester aux aguets. »

Edgar lui tapota l'épaule et quitta la pièce à son tour.

Nokomis ouvrit la porte de l'Atelier à une heure quarante pétante, malgré sa longue sieste. Elle se dirigea toute guillerette vers un meuble ancien dans un coin de la pièce. La brune ouvrit l'un des tiroirs et y fouilla. Elle en sortit une petite croix de quartz, et deux morceaux d'ambre.

Elle referma le tiroir et alla fouiller un autre meuble, dont la majorité des compartiments étaient munis d'un verrou orné de symboles. Elle dénicha un petit papier marqué d'une étrange phrase.

Le porte de l'Atelier s'ouvrit pour laisser place à César suivit d'Edgar. Ce dernier se dirigea vers le même meuble que Nokomis, mais celle-ci l'arrêta.

« J'ai pris la boussole de quartz, sa formule et deux morceaux d'ambre.

— Très bien, répondit Edgar, surpris. »

Elle lui donna l'un des bouts d'ambre et plaça le sien dans la poche avant de son jean, un petit sourire aux lèvres. Les cours de son père lui étaient bien rentrés dans la tête.

« Quartz pour capter la magie produite par un humain, et ambre pour se protéger des mauvais sorts, ânonna Nokomis pour elle-même. »

Elle réajusta son gilet et entra les coordonnées du musée dans sa montre. Nokomis l'actionna en même temps que son père.

***

Ils apparurent dans des fourrées, dans l'enceinte du parc du musée. Edgar regarda tout autour de lui, personne. Nokomis sortit la croix et entama la lecture du papier. Une fois terminé, le quartz s'illumina tout entier. La lumière dégrossit au centre de la croix et forma un petit point. D'un coup, le point se déplaça vers l'une des branches.

Edgar entama une marche prudente dans la direction indiquée.

Quelques minutes de recherche leur suffirent pour trouver une porte de service, cachée dans une petite allée.

Il s'arrêta et marmonna :

« Par de caméra à priori, juste un accès carte magnétique, doublé d'un code. »

Il glissa dans sa main le morceau d'ambre et s'approcha.

« Et bien... Nous n'avons pas affaire à un mage débutant. Regarde ! »

Il pointa le centre de la porte. Un cercle luminescent était vaguement discernable, il se composait d'étranges symboles entremêlés les uns dans les autres, et de ce qui semblait être des mots en langues anciennes.

« Il se trouvait dissimulé, non pas par un autre sort, mais par une formule dans le sceau lui-même ! C'est un travail de maître.

— Mais celui qui a voulu franchir la porte aussi était puissant, non ? Je veux dire, pour réussir à briser un sceau aussi solide et donc le révéler, cela demande une magie éminente !

— Exact Noko... J'ai l'impression qu'un mage chasse le voleur comme un chat un canari ! Et il va nous falloir trouver de qui il s'agit. Quand des sorciers se querellent, c'est aux Passeurs de régler l'affaire ! »

Un bruissement se fit entendre près d'eux. Edgar braqua son regard vers la source.

« Je vais voir, chuchota Nokomis. »

Elle s'avança avec prudence tandis que son père observait avec attention le sceau.

Elle s'approcha des arbustes et écarta les branches. Sur la terre rehaussée par un muret, cachée par des petites feuilles, une étrange trace se discernait. Trois en réalité. Nokomis se gratta la tête, une trace, de vingt centimètres de diamètres, un peu renfoncée se trouvait derrière deux autres petites traces.

« On dirait que quelqu'un s'est assis ici... chuchota Nokomis. Quelqu'un de très petit. Un lutin ?

— Tu as trouvé quelque chose, demanda son père.

— Je crois... On dirait qu'un lutin s'est assis ici, et a regardé la scène.

— Un lutin, fit-il en se rapprochant, incrédule.

— Oui, regarde la taille !

— Ça n'a aucun sens ! s'exclama-t-il. Que feraient des lutins ici ? Ils se moquent bien des affaires humaines ! Et puis leur magie ne correspond pas à celle qui a cassé le sceau ! Ça n'a aucun sens ! »

Il gesticula un instant, son cerveau carburant à toute allure pour trouver une réponse.

« Je vais prendre une photo du sceau, glissa Nokomis à son père qui tournait toujours en rond, César pourra peut-être nous en apprendre plus. »

Une fois sa photo prise, elle questionna son père.

« Tu penses que le, ou les voleurs cherchaient quoi ?

— Je ne sais pas, rumina-t-il. Ça pourrait être n'importe quoi, un masque, une arme. Je n'ai pas souvenir qu'il y est un objet magique ici. S'il n'est pas recensé, je vais mettre du temps à trouver de quoi il s'agit !

— On pourrait fouiller le musée ?

— Oui, c'est ce que nous allons faire. »

Ils achetèrent leurs tickets et entrèrent.

Ils passèrent trois heures à errer dans le musée, leur boussole de quartz cachée sous le gilet de Nokomis, en vain. Aucune trace magique.

Ils pénétrèrent dans les toilettes et actionnèrent leur montre.

De retour à l'Atelier, Edgar exprima toute sa frustration en marchant autour de la table centrale. Devant l'énervement de son père, Nokomis préféra aller finir sa nuit sous sa couette. Elle rêva d'un lutin monté sur un chat chassant un canari à grands coups d'éclairs magiques.

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Hey !!

Navrée pour le retard dans la publication :/

J'espère que ce chapitre vous a plu et vous a intrigué ! N'hésitez pas à partager vos théories les plus farfelues !

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Merci de votre lecture !! :D

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