Chapitre 6

Chapitre Sixième

Sur le moment, Laura avait détesté ses clients. Ils avaient passé deux jours à visiter des salles en tout genre au mois d'octobre. Et, en octobre, Chris et Diana s'étaient arrêtés sur une salle en bordure de forêt, typique du genre danois. Et puis le 1er décembre, ils avaient rappelé. Ça n'allait plus. C'était trop petit - alors que ce n'était pas trop petit du tout - donc il fallait changer. De toute urgence. Donc Laura avait pris un billet pour Copenhague en partance le 11 décembre. Le vol de vingt-et-une heures. Laura détestait les vols de fin de journée. Elle avait pris une chambre dans le même hôtel que celui dans lequel elle était allée en septembre. Les visites avaient duré trois jours de plus et ses clients avaient fini par s'arrêter sur un grand manoir à l'exact opposé de ce qu'ils recherchaient à la base. Mais en sortant, le samedi en fin d'après-midi, Laura avait réussi à leur faire promettre de ne plus changer. Ils avaient promis.

Le soir, satisfaite de sa journée, Laura avait décidé de se reprendre un bain. Parce que la baignoire ici était vraiment top, et parce que dans son appartement, elle n'avait qu'une douche. Une fois dans l'eau chaude, elle avait un peu traîné sur ses réseaux sociaux et avait rapidement finit sur Tinder. Comme souvent ces dernières nuits. Et elle était donc persuadée de ne glisser l'écran que sur la gauche, parce que ce n'était que ce qu'il lui arrivait depuis des mois. Enfin non, quelques garçons avaient eu l'honneur de glisser sur la droite, et avaient même réussi à décrocher un rendez-vous avec elle, parce qu'ils lui semblaient être différents ; mais tout ça n'avait débouché que sur des verres sans lendemain. Et plus ces verres s'enchaînaient, plus Laura devenait difficile. Elle n'avait plus envie de dire oui à n'importe qui. Elle traquait le beau profil. Celui avec cette description qui allait la faire changer d'avis.

Et ce soir le dieu algorithme de Tinder semblait l'avoir entendu. Car il lui avait proposé ce profil. Celui qui n'était pas dans ses habitudes. Celui qui n'avait pas une seule photo, pas de description. Mais cette phrase: « Quand les papillons tombent amoureux, ont-ils des humains dans le ventre ? ». L'image avait fait sourire Laura, toujours au fond de sa baignoire, dans son eau qui refroidissait au fil du temps. Et consciemment, ou pas, son pouce avait dérivé vers la droite. Ils avaient matché. Il lui avait même envoyé un message le bougre ; ceci dit, elle lui avait elle-même répondu.

Ils avaient alors échangé des messages. Beaucoup. Assez pour que Laura doive sortir de son bain, car l'eau était devenue trop froide. Assez pour qu'elle ait le temps de se changer et d'enfiler sa nuisette pour la nuit. Assez pour que ses cheveux aient le temps de sécher seuls.

Assez pour Laura se rende compte qu'ils n'avaient pas grand chose en commun. Mis à part les Pays-Bas. Cet homme vivait depuis des années au Danemark, il adorait ce pays et cette façon de vivre, l'ambiance qui y régnait. Ces ambiances douces, chaleureuses et tamisées où il fait si bon vivre, où on se sent toujours chez soi. Même s'il regrettait de plus en plus la difficulté qu'il avait de retrouver cette chaleur dans les bras d'une jeune femme.

De ROMANTISCH VLINDER:
Et qu'est-ce que tu cherches, toi ?

De IETS ANDERS:
On en est déjà là ?

De ROMANTISCH VLINDER:
Bah je crois.
Non ?

De IETS ANDERS:
Je cherche...
Quelque chose différent.

De ROMANTISCH VLINDER:
Je vois...
Et tu fais quoi là ?

De IETS ANDERS:
Rien ^^
Il est 1h du matin. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

De ROMANTISCH VLINDER:
Ok. Alors je te préviens, je vais être super étrange et complètement flippant.
Il est 1h du matin, on n'a pas quitté notre écran depuis donc quatre heures. Et je dois t'avouer que tout ça a sacrément attisé ma curiosité. Alors est-ce que tu accepterais qu'on se rencontre ?

De IETS ANDERS:
Demain soir ?

De ROMANTISCH VLINDER:
Non.
Maintenant.

De IETS ANDERS:
Ok. T'as raison. C'est carrément flippant.
Je te rappelle que tu m'as dit que t'habitais en pleine campagne. 
Au fond, je te connais pas.

De ROMANTISCH VLINDER:
Et moi non plus, je te connais pas. Si ça se trouve, t'es même pas une fille. Mais... Écoute, demain je serai pas libre. Ce soir... Ce soir, je le suis. Alors vois ça comme une chance. La possibilité de trouver et d'essayer quelque chose de différent. Partante ?

Ce qu'aurait dû dire Laura à ce moment-là ? Non ! Non, pas partante du tout. Mais à la place, elle avait répondu « Chiche ». Chiche d'aller rencontrer un mec qui était à l'opposé de tout ce qu'elle pouvait rechercher. Chiche d'aller rencontrer un mec passionné par les questionnements philosophiques de la vie. Chiche d'aller rencontrer un mec qui habite la campagne danoise et qui adore la nature. Laura déteste la nature. Laura aime la ville. Laura est une citadine. Une vraie. Une dure à cuire. Mais à la place, sa petite voix avide de nouvelles expériences, lui avait susurré un « Tente le coup ». Alors elle avait tenté le coup. Elle avait répondu « Chiche. ». Il lui avait envoyé une adresse. Elle s'était habillée, avait fait sonner la cloche de la réception pour qu'on lui trouve une voiture. Maintenant. Et elle était partie. Elle était partie en direction de nulle part, dans un petit refuge classique de la campagne danoise où un mec inconnu au bataillon venait de lui proposer une nuit. Parce que rapidement, c'était devenu très clair entre eux. Même si rien de clair n'avait été dit ou écrit. Laura n'allait clairement pas dans ce refuge pommé pour jouer au Scrabble.

Elle avait fait une trentaine de kilomètres. Son GPS lui avait indiqué trente minutes de route, ce qui lui laissait un peu de temps pour réfléchir à quel point ce qu'elle était en train de faire était fou et peut-être un peu dangereux. Elle commençait à ressentir ce mélange d'appréhension et d'excitation qui l'envahissait. Qu'est-ce qu'elle faisait là au milieu de la nuit ?! Pourquoi avait-elle fait ça ? Au fond, Laura savait pourquoi elle avait fait ça. Elle avait fait ça parce qu'elle était lassée. Lassée des histoires banales. Lassée des personnalités sans aucune originalité. Lassée des verres sans lendemain qu'elle avait enchainés depuis des mois. Juste lassée. Elle avait un avion demain à midi. C'était fou. Et en plus, ils allaient avoir froid, il neigeait ! Et elle ne connaissait pas ce mec. Il lui avait donné rendez-vous loin de tout. Il était tard. Elle était folle. Rika allait hurler quand elle allait apprendre ça. Et elle n'allait pas être la seule.

Soudainement, le GPS lui indiqua de tourner à gauche pour suivre sur un petit chemin. Et au bout de ce chemin, Laura pu voir une petite lumière. Il était là, avec une lampe-torche. Laura avait arrêté la voiture, et pris une grande inspiration. C'était trop tard pour faire demi-tour maintenant. Elle sortit de la voiture, pour aller à la rencontre de cet homme. Il était grand. Plus d'un mètre quatre-vingt, sûre. Ce qui faisait une bonne tête de plus que Laura qui pour une fois, n'avait pas pris de talons. Il avait une certaine carrure, mais malgré ça, il dégageait un grand calme, une vraie tendresse. Et pourtant Laura le sentait nerveux, presque tremblotant. Le manque de lumière empêchait Laura de bien le discerner, ce qui rajoutait encore au mystère de la scène. La neige s'était arrêtée. Et il lui avait indiqué le chemin. Laura l'avait suivi en direction des petits abris, marchant dans la nuit et dans la neige en suivant le faisceau de la lampe.

Et c'est là que Laura découvrit l'endroit où elle allait passer la nuit. Au beau milieu des arbres, perdue en pleine nature. Il y avait déjà un feu qui crépitait et quelques bougies autour. Il avait aussi déjà installé deux matelas, des vrais matelas et une grosse pile de couverture pour ne pas qu'ils attrapent froid.

Franchement, pour Laura, le temps s'était arrêté à ce moment-là. Elle ne pensait plus à son avion de demain, ni à toutes les obligations qui l'attendaient à Amsterdam. Elle comptait juste profiter de l'instant présent. Elle releva doucement la tête en se demandant si elle pouvait voir les étoiles d'ici. À Amsterdam, elle ne pouvait pas vraiment. Trop de lumière. Ici... Ici, les nuages s'étaient écartés pour qu'un merveilleux ciel étoilé puisse se dessiner au-dessus de leurs têtes. Et Laura se rendit alors compte que comme les nuages, sa nervosité s'était envolée.

Laura et le garçon s'étaient assis près du feu et il lui avait offert quelque chose à boire. Ils avaient repris leurs discussions. C'était presque comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Le feu crépitait entre eux, les flammes dansaient, Laura se réchauffait et se sentait de plus en plus à l'aise.

Ils avaient dû converser pendant deux heures. Il y avait une complicité qui naissait, ils le savaient tous les deux. Laura ne voulait pas s'arrêter, mais il était presque quatre heures du matin, ils étaient donc allés se coucher. Laura avait un peu froid, mais il s'était collé contre elle et très vite, elle se sentit mieux. Il était grand et ça permettait à Laura de se loger dans ses bras. D'aussi près, elle pouvait découvrir quelques tatouages. Un qui se dessinait sous sa clavicule, et quelques lignes d'un second sur l'épaule. Elle découvrait aussi les arcs de ses muscles, alors que les mains du garçon commençaient à parcourir son corps.

« J'ai failli annuler, tu sais ? lui confia-t-il au creux de l'oreille.

— Ah oui ?

— Une fois que j'ai fini d'allumer le feu. Je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée.

— Pourquoi ?

— Parce que... Ça fait... Ça fait longtemps que je n'aie pas été aussi loin avec une femme et... Je sais pas si je sais encore m'y prendre. Alors... Je crois que j'ai pris peur. »

Laura sourit et posa ses lèvres sur le bout de tatouage qu'elle pouvait voir. À côté du creux de sa clavicule. Elle continua aussi de caresser son dos et repris :

« C'est moi qui suis contre toi, perdue au milieu de la forêt. Alors je pense plutôt que c'est moi qui devrais avoir peur. »

Laura le sentit rire et se détendre. Le vent soufflait entre les branches des arbres. Il y avait une atmosphère apaisante et prit d'un élan de courage, il se rapprocha encore plus d'elle pour l'embrasser. Elle lui rendit son baiser. Ils finirent par se séparer et rirent ensemble. Ils se sentaient bien tous les deux et le désir ne tarda pas à se faire attendre. Laura qui s'était retournée dos à lui et pouvait le sentir entre ses fesses.

Ils ne connaissaient rien l'un de l'autre, mais leurs mains exploraient. Il les passa dans les cheveux de la jeune femme. Il commença à embrasser sa nuque, son cou et à descendre de plus en plus bas. Laura retira ses derniers vêtements, mais elle n'avait plus froid. Elle l'aida à se déshabiller et rapidement, ils se retrouvèrent nus presque dehors par une froide nuit de décembre au Danemark. Leurs baisers devinrent de plus en plus passionnés, leurs mains continuèrent leur exploration, ce qui s'avérait beaucoup plus utile que leurs yeux, au vu du peu de lumière dont ils disposaient.

Laura trouvait qu'il avait la peau incroyablement douce, et le souffle incroyablement chaud. Ça dessinait un petit nuage dans l'air froid. Ses mains de femme descendaient de plus en plus bas. Elle ne savait plus si c'était le côté magique du moment qu'ils vivaient, du lieu où ils étaient ou l'alchimie évidente entre leurs corps, mais tout lui semblait si facile. Si simple. Si naturel.

Le feu continuait de consumer le bois et les crépitements se mêlaient facilement aux gémissements de Laura. Elle savait que personne ne pourrait l'entendre ici, alors elle se laissa aller. Leurs gestes étaient simultanés, leurs doigts glissaient, exploraient, bougeaient à la recherche du plaisir de l'autre partenaire. Laura remarqua rapidement que le garçon nerveux et intimidé qu'elle avait rencontré quelques heures plus tôt avait disparu. Il avait pris de l'assurance et savait exactement comment la faire gémir. Peut-être était-ce la bienveillance de Laura ou ses caresses ou leurs mains qui dansaient sur le corps de l'autre ou leurs bouches qui s'embrassaient si bien.

Laura ne tenait plus et réussit à lui murmurer son envie de le sentir en elle. Il avait prévu des préservatifs et alors qu'il était au-dessus d'elle, elle le trouva soudainement plus imposant qu'avant, plus grand aussi et pourtant, il continua avec la même douceur que depuis le départ. Leurs bassins remuaient ensemble et en passant ses mains dans les cheveux de son inconnu, elle le trouva beau. Encore plus avec les quelques reflets des flammes qui dansaient toujours à côté d'eux. Il n'y avait rien d'extravagant dans ce qu'ils vivaient, Laura avait déjà connu des expériences beaucoup plus... Périlleuses. Mais là... Là, tout était si différent.

Ils avaient inversé les rôles. Et alors que Laura était face à lui, sans plus aucun artifice - plus de bijoux, plus de maquillage, plus de vêtements - il saisit son visage entre ses mains et lui dit à quel point il la trouvait belle.

Laura avait connu pas mal de garçons ces dernières années. Elle avait même un peu perdu le compte. Mais ce qu'elle pouvait assurer actuellement, c'est qu'elle ne s'était jamais sentie aussi désirable qu'à cet instant précis. Il faisait toujours aussi sombre dans cet abris, mais Laura pouvait voir les yeux du garçon briller face à elle et elle repris ses déhanchés en se redressant. Elle le sentit à peine se crisper et laisser échapper un petit gémissement avant de se laisser tomber à côté d'elle, en la dévorant toujours autant du regard. Laura tira les couvertures sur eux se blottit contre lui.

Lui. Lui, il n'avait pas voulu la laisser ainsi. Malgré le fait qu'elle assurait qu'après ce qu'il avait vécu elle ne lui demandait rien de plus. Alors il avait recommencé à la toucher et il s'était laissé guider par les sons de la voix et des gémissements qu'elle laissait échapper. Elle le suppliait de ne pas s'arrêter alors il continua plus fermement. Elle sentait les papillons qui venaient, elle se crispa et laissa échapper un cri qui avait certainement réveillé tous les animaux de la forêt.

« Tu crois qu'on pourrait arrêter le temps ? J'aimerais qu'on arrête le temps. Et qu'on puisse revivre ça encore et encore. »

Laura avait sourit avant de se blottir contre lui.

« Au fait...

— Oui ?

— Je m'appelle Laura. Je... Je crois pas te l'avoir dit. Alors voilà, moi, c'est Laura.

— Enchanté Laura, ajouta-t-il dans en sourire. Moi, c'est Harry. »




--- NDA ---

🐣❤️

Comment vous dire que j'ai eut du mal a écrire ce chapitre mais aussi que c'était un défi que je voulais relever. Alors ? Qu'en dîtes-vous ? Ça m'intéresse...^^


Sinon, préparons NOOOOOOOËL. Ma fête préférée au monde et de l'année. Alors que ce soit dit tout de suite, on sera loin d'avoir fini ce roman. Je vous propose donc un bonus MAIS !!  Un bonus qui se passera toujours à Amsterdam, pas forcément pendant ce livre. Est-ce que ça vous irait en tant que petit cadeau de Noël ? Si oui, laissez un petit commentaire/pouce en commentaire ici (comme ça même mes petits lecteurs fantômes peuvent donner un avis). Si cette idée rencontre son petit succès je vous recontacterais ;)


Allez des bisous d'amour, ❤️


Uthopie. 🐥❤️

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