Chapitre 4

Chapitre Quatrième

On était lundi, et Laura aurait dû faire ses bagages la veille. Mais elle ne l'avait pas fait. Donc sans surprise, quand Louis avait débarqué chez elle pour l'emmener à l'aéroport, et qu'il avait remarqué que rien n'était prêt, il avait râlé.

« Laura ! Putain ! Mais t'as rien fait quoi ! »

Sans attendre qu'on l'invite à faire quoi que ce soit, il avait traversé l'appartement pour ouvrir le dressing de Laura et avait saisi la valise qui reposait sous la fenêtre. Il avait alors commencé à prendre des vêtements au hasard dans les placards pour les y mettre sans plus de cérémonie. Laura était entrée derrière lui, et s'empressa de retirer habit après habit de la valise.

« Pas ça... Pas ça non plus... Arrête Loulou... Louis ! Je te jure... Arrête.

— Tu vas louper ton vol, et je t'emmène pas jusqu'à Copenhague. Pas question. J'ai des responsabilités ici.

— Je t'aurais jamais demandé ça. J'ai juste pas eu le temps...

— Ah ouais ? Vraiment ?

— Je me suis refait l'intégrale de Arrow ce week-end... »

Louis leva les yeux au ciel, arracha des mains de Laura tous les habits qu'elle avait réussi à récupérer pour les remettre dans la valise.

« Ça ira pour une semaine ? Ça ira. »

Louis avait bouclé la fermeture éclair et mit Laura hors de son dressing.

« Allez hop ! On est déjà sur la route pour Schipol là ! Allez ! Allez ! »

Laura avait ouvert la porte qui menait à l'entrée de son appartement et avait commencé à chercher ses baskets préférées quelque part dans le capharnaüm qui régnait dans son débarras.

« Choisis une autre paire aussi. Au cas où il pleut. On est en septembre quand même...

— Oui chef.

— Bien. Je reviens. Je pense que j'ai pas pris assez de pulls. Tu vas choper la crève. »

Louis était repartit quelques minutes dans le dressing de Laura, juste le temps pour la jeune fille de finir de se préparer et en dix minutes, ils étaient dans la voiture de Louis en direction de l'aéroport. Laura ne disait rien. Louis ne disait rien non plus. La musique à la radio était vraiment nulle.

« Les filles vont bien ?

— Oui, oui. Ça va. Barbara était un petit peu malade ce week-end, mais ça allait beaucoup mieux ce matin. J'ai même pu aller courir avec Martijn, samedi.

— Okay... C'est bien. C'est bien. ... Euh... Loulou ?

— Mmmh, répondit Louis en s'arrêtant au feu rouge qu'il fixait dorénavant.

— Je... J'ai parlé avec Magda vendredi. On a déjeuné toutes les deux.

— Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda simplement Louis sachant pertinemment que les déjeuners avec Magda étaient régulièrement signe de sujets sérieux pour Laura.

— Elle m'a dit que j'avais le droit de vivre la vie que je voulais. »

Louis laissa échapper un soupir avant de redémarrer sa voiture. Le feu était vert.

« Tu sais qu'on ne te jugera pas. Quoi que tu décides de faire, personne ne te jugera. Sauf peut-être le suricate, mais elle... Elle, tu l'emmerdes.

— Louis !

— Quoi ! C'est vrai ! Et puis y a pas Barbara, laisse moi kiffer. Le suricate, on l'emmerde. Bref... Ce que je veux te dire, et ce que Magda a sûrement tenté de te dire avec plus de délicatesse, c'est que... C'est que c'est pas parce que t'as trente-quatre ans que tu dois absolument rentrer dans le moule de la femme parfaite de la trentaine. En ce moment... J'ai l'impression que tu passes plus de temps à te convaincre que tu dois trouver l'amour, parce que, selon la société, à ton âge, tu devrais avoir trouvé l'amour. Tu devrais être épanouie dans ton boulot. Tu devrais être à la tête d'une famille nombreuse, en gérant aussi bien les gâteaux au chocolat pour la kermesse que les commandes des robes de mariées de tes clientes. Sauf que la vérité, Laura, c'est que la société et sa bien-pensance, et bien, tu l'emmerdes autant que le suricate. Tu devrais juste t'occuper de toi. Tu veux enchainer les aventures d'un soir parce que t'es bien comme ça ? Et bien vas-y ! Et fait toi plaisir ! Tu fais passer ta carrière avant ta famille ? Et alors ? Et. Alors ? Ils sont qui pour juger ceux qui vont se permettre de donner un avis ? Personne. Donc ils ferment leur gueule et toi, tu vis ta vie. Et le monde continue de tourner comme ça. Ça va super bien se passer. Et en plus, ça va te détendre.

— Je suis super détendue.

— T'as pas baisé depuis trois mois. T'es pas détendue du tout. Du tout, du tout. »

Laura ne trouva rien de mieux à répondre à Louis que d'attraper le chiffon qui traînait toujours dans sa voiture pour lui lancer sur les épaules.

« T'as déjà regretté les choix que tu as faits ?

— Mmh... Non. Je me suis déjà posé cette question. Mais non. J'aime la vie que je mène maintenant. Et j'ai aussi aimé la vie que j'ai menée avant. Je regrette ni l'une, ni l'autre. Alors non. ... C'est ce qu'elle t'a dit Magda ?

— Euh... Dans les grandes lignes, vous vous retrouvez un peu. Mais elle a conclu avec une jolie phrase qui me comparait à un joli papillon.

— Ouais, les métaphores... C'est pas trop mon truc, rit Louis. Et vous avez parlé de quoi d'autre avec Magda ?

— Pas grand chose d'intéressant... La coiffure de Martijn, surtout.

— Il m'a dit qu'il n'y retournerait que quand Vicky accepterait qu'on lui coupe les cheveux. Mais vu comment elle hurle dès que des ciseaux s'approchent... C'est pas gagné.

— Ouais... Mais là... Là, on pourrait finir par penser qu'il y a un mouton qui est en train d'élire domicile sur sa tête. Je savais même pas qu'il avait les cheveux aussi bouclés.

— Faut vraiment qu'un jour je sorte tous nos albums photos, dit Louis plus pour lui-même que pour Laura. »

Laura sourit rien qu'à l'idée de voir des photos de Martijn et Louis petits. Elle reporta son regard vers l'extérieur et se concentra à peine sur le paysage qui défilait devant ses yeux. L'aéroport commençait à se rapprocher de la voiture. À moins que ce soit l'inverse... Enfin, toujours était-il que la BMW rouge métallisée de Louis avait fini par se garer sur les places arrêt-minutes.

« On se retrouve vendredi ? »

Laura hocha la tête.

« Parfait... Et oublie pas que si dans tes visites des plus beaux lieux de Copenhague, y a un mec mignon, tu te gênes pas. Vis ta vie Laura. Vis ta vie, et le reste... Tu verras plus tard.

— Merci Loulou, fit Laura en posant un baiser sur sa joue et Louis savait qu'elle ne lui disait pas seulement merci pour le trajet.

— Bon voyage. Et n'oublie pas de laisser un message à tout le monde pour qu'on sache que t'es bien arrivée.

— J'oublie pas. Bonne semaine ! s'exclama-t-elle en claquant la porte derrière elle. »

X+X+X+X+X

Laura ne connaissait pas tellement le Danemark. Elle avait donc emmené une bonne dizaine de bouquins pour l'avion pour tente de se familiariser avec le pays - comme si le vol allait durer une demi-journée. Bon autant dire qu'elle n'avait pas tout lu, et quand elle avait débarqué elle était un peu perdue, déjà avec les panneaux. Mais elle avait réussit à trouver un taxi et à se retrouver sur la bonne route en direction de son hôtel. Elle avait laissé un message sur leur groupe WhatsApp pour rassurer tout le monde. Elle était arrivée juste à l'heure du dîner à l'hôtel. Elle avait rapidement posé sa valise dans sa chambre pour la semaine, et était descendue au restaurant de l'hôtel. Elle avait commencé avec un œuf cocotte tomate et basilic, puis une quiche aux courgettes et aux fromages et avait terminé avec le dessert du jour : une mousse glacée à la banane. Rien de très typique en somme. Elle avait profité du repas pour refaire un tour sur son programme de la semaine.

Laura avait quitté le restaurant, non sans avoir mis l'addition sur sa note de chambre, puis était remontée dans sa chambre. La deux cent vingt-sept. Elle s'était déshabillée pour prendre un bain - elle avait repéré la baignoire en arrivant - et avait fait couler de l'eau, elle avait un peu hésité sur le gel douche qu'elle allait utiliser pour faire de la mousse, mais s'était finalement décidé pour celui à la vanille. Elle avait pris le temps de se démaquiller, d'attacher ses cheveux avant de se glisser dans l'eau presque bouillante. Elle avait gardé son téléphone avec elle. Elle sourit devant les réponses de ses amis, devant les photos d'Esmée qui mangeait avec une toute nouvelle définition du mot propreté, elle félicita Magda pour avoir convaincu Martijn d'aller chez le coiffeur et puis alors qu'elle s'apprêtait à passer sur Instagram, elle reçut un message de Rika.

De RIKA:
Louis demande si t'es toute seule ?

De LAURA:
Oui ^^ Dans mon bain. 
Louis ne peut pas m'envoyer de message ?

De RIKA:
Il lit.
[photo]

De LAURA:
« Tiny en de lieve heks »*
Sérieusement ?

De RIKA:
Il a commencé à lire ça à Barbara, mais il veut être sûr que la suite ne fait pas trop peur...

De LAURA:
C'est lui qui me fait peur.
Elle a deux ans !

De RIKA:
Je sais...
Bon... Je te préviens, là, il se demande si oui, ou non, il a suffisamment de volonté pour aller chercher son téléphone resté dans la poche de son jean qui est à approximativement à deux mètres de lui.

De LOUIS:
Alors, lis moi bien Worlding. Si dans pas moins de deux secondes et demi, tu n'es pas en recherche active d'un plan cul danois. Je vais monter dans ma voiture, et me mettre à ta place à la recherche de ce qu'il te faut.

De LAURA:
Tu sais que je suis super pas stressée du tout ?
Je suis même actuellement dans mon bain. Bien. Calme. Tout va bien.

De LOUIS:
Tu passes beaucoup trop de temps à m'assurer que tout va bien pour que tout aille réellement bien.

De LAURA:
Ta gueule.

De LOUIS:
Va niquer des mec.

Laura n'avait pas écouté Louis. Enfin... Un peu. Juste un peu. C'est-à-dire qu'elle s'était reconnecter sur Tinder, mais tous les profils avaient filé sur la gauche. Directement. Sans passer par la case départ de quelque chose. Personne qui lui plaisait. Toujours les mêmes profils. Toujours les mêmes recherches. Laura voulait quelque chose de différent. Laura n'allait certainement pas trouver un mec juste parce que Louis était convaincu que c'était ce qu'il lui fallait. Alors quand l'eau était devenue froide, Laura était ressortie de son bain et était partie se coucher.




* "Martine a une étrange voisine"

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