Chapitre 1

Chapitre Premier

On était vendredi soir. Et ce mois-ci, c'était à Hugo de choisir le restaurant. Il avait réservé pour neuf au Dignita, le restaurant sur Nieuwe Herengracht, pas très loin du jardin botanique d'Amsterdam. Sa professeur de boxe lui avait assuré que c'était un très bon restaurant alors bon... Pourquoi pas ? Ils allaient essayer. Hugo était arrivé le premier avec dix minutes d'avance sur l'heure de la réservation, mais la serveuse ne lui en avait pas tenu rigueur et elle l'avait installé à leur table pour la soirée. Il n'avait pas eu à attendre très longtemps avant que Rika et Erda n'arrivent, suivies rapidement par Magdalena et Peter puis Martijn. Il ne manquait plus que Laura et puis Louis aussi, mais Louis... Louis, c'était normal.

Alors ils avaient discuté en l'attendant. Ils avaient parlé des choses de la vie, des cours de Peter à la fac, de l'envie d'évolution de Magda dans son boulot, de Thalia - la fille de Jan et Alice, et puis de Céraphine le nouveau sujet de conversation préférée de Magdalena.

« Elle est belle, hein ? demanda cette dernière alors que les photos de sa nièce d'à peine quinze jours passaient de mains en mains.

— Très belle ! Elle ressemble beaucoup à Charlie, je trouve. »

Martijn, qui avait déjà eut le droit de voir ces photos une bonne centaine de fois, haussa imperceptiblement les sourcils à la remarque de Rika. C'était juste un bébé. Un beau bébé, d'accord. Mais juste un bébé de quinze jours. Et tout le monde sait qu'il n'y a rien au monde qui ressemble plus à un bébé de quinze jours qu'un autre bébé de quinze jours... Sauf pour ses filles. Bien sûr. En tout cas, Martijn trouvait que, pour Céraphine, c'était un peu tôt pour assurer une quelconque ressemblance avec un des parents.

« Dîtes. En parlant de bébé, vous avez trouvé une solution pour le week-end prochain ? questionna Erda en s'abstenant d'un nouveau commentaire sur les photos. »

En effet, le week-end prochain, c'était le week-end de Pâques ; Martijn et Magdalena voulaient en profiter pour partir trois jours sans les enfants. Enfin surtout Martijn. Magda, elle était un poil angoissée à l'idée de laisser ses filles. Ses trois petites filles.

Esmée, la plus grande de deux ans, avait l'habitude de passer une nuit ou deux chez ses grands-parents, tout devrait bien se passer. Mais pour les jumelles... Les jumelles, c'étaient autre chose. Maxellende et Victorinne n'avaient encore jamais été séparées de leurs parents plus d'une journée, et Magdalena avait un peu plus de mal à les laisser. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait été si difficile à convaincre pour ce weekend. Mais Martijn, qui la connaissait par cœur, avait fini par obtenir un « oui » pour un weekend de trois jours dans le sud de la Corse. Enfin, au départ, ils devaient aller en Vendée puis Magda avait dit quelque chose du genre: « On va pas aller en Vendée, Marty... C'est juste à côté de chez mes parents. Autant qu'on aille directement chez mes parents. ». Alors Martijn avait activé le plan B et trouvé un petit hôtel en Corse absolument charmant.

« Oui ! Ça y est, on a réussi.

— Vous avez réussi quoi ? fit la voix de Louis dans son dos.

— À trouver un toit à nos filles pour le week-end prochain, expliqua Martijn en embrassant Louis en guise de bonjour.

— Esmée va aller chez Rika et Louis, expliqua Magda. Et les jumelles chez leurs grands-parents. Anouk ne veut pas les avoir toutes les trois pendant aussi longtemps. Ce que je peux comprendre... Surtout avec Vicky. Même pas un an, mais c'est déjà... Rock'n'roll avec elle.

— Tout va bien se passer alors, assura Erda avec un sourire rassurant.

— Mais oui ! Tout va aller comme sur des roulettes, assura Louis en s'installant entre Peter et Rika. Tu vas voir, elle va pas voir les trois jours passer ta fille.

— Il a déjà prévu plein de trucs, assura Rika avec un sourire amusé.

Safe ? s'inquiéta Magdalena.

— Comment ça « safe ? » ? Bien sûr que ça sera safe. Ça sera super safe ! Fais moi confiance Magda ! Promis ça va aller. Oublie pas le doudou et tout va bien se passer.

— Okay...

— Allez, je vais te changer les idées. Est-ce que vous voulez que je vous raconte mon après-midi ?

— Magda nous parlait déjà de sa nièce, Louis...

— Oh... Mais là faut qu'elle pense à autre chose que des gamins. Alors je vous raconte... »

Et Louis se lança dans le récit du shooting photo qu'il avait fait pour une célèbre marque de cosmétiques et dont il sortait à peine. Et pendant qu'il entamait la liste des différents pays où seraient utilisées ses photos, ça frappa soudainement Magda. Laura n'était pas là. Laura aurait levé les yeux au ciel devant l'enthousiasme de Louis et puis elle aurait souris aussi parce que ça l'aurait plus amusée qu'autre chose. Mais Laura n'était pas arrivée. Alors que Louis était arrivé. Et Louis était toujours le dernier. Il n'y avait pas d'exception à cette règle.

« ... Et Milan aussi. C'est la première fois que mes photos vont quitter le pays quoi... C'est fou. Je trouve ça fou. C'est fou. N'est-ce pas Magda ? demanda-t-il à la jeune fille avec amusement voyant bien qu'elle avait décroché de son récit y a un moment.

— C'est normal que Laura ne soit pas arrivée ? préféra-t-elle répondre.

— Oui.

— Ah bon ?

— Elle avait yoga, expliqua simplement Louis en mimant des guillemets avec ses doigts.

— Ça veut dire quoi ça ? fit Peter. Elle avait yoga ou elle avait pas yoga ?

— Elle avait yoga mais elle aime bien traîner après le cours. Si vous voyez ce que je veux dire... Je ne vous expliquerai pas plus de toute façon, alors débrouillez-vous avec ça. »

Les autres avaient bien tenté d'en apprendre plus et ils avaient tanné Louis, mais en bon ami, il n'avait rien dit. Pas un mot de plus. Alors les conversations avaient dérivé lentement vers les dernières actualités du jour.

Et puis à un moment, Louis avait reçu un petit coup de coude de la part de Rika. Il la regarda avec un air d'étonnement avant de remarquer ce qu'elle lui avait désigné d'un coup de tête.

« Elle n'arrête pas de nous regarder et c'est la deuxième cigarette qu'elle allume, explique discrètement Rika à son amoureux. »

Louis hocha la tête et finit son cocktail dans une dernière gorgé. Il s'excusa auprès de ses amis, attrapa sa veste et sortit du restaurant.

« Laura ?

— Salut, répondit-elle froidement en remettant sa cigarette à sa bouche.

— Qu'est-ce qui va pas ?

— Pourquoi tu fais pas comme tout le monde ?

— Ils font quoi les autres ?

— Il demandent juste « ça va ? ». Pourquoi tu fais pas ça, toi ? Pourquoi, toi tu demandes directement « qu'est-ce qui va pas » ?

— Parce que si je te dis « ça va », tu vas me dire « oui, oui. » Et tu vas te rallumer une troisième clope, signe évident que ça ne va pas du tout. Du coup, je gagne du temps. Qu'est-ce qui va pas ? »

Laura le regarda en levant les yeux au ciel, puis commença à faire les cent pas. Pas pressé pour un sou, Louis se décida à s'asseoir directement sur les quelques marches qui menaient à la cour du restaurant. Rika allait serrer les lèvres - ce qui veut dire qu'elle se retient de faire une remarque - parce qu'il allait salir son pantalon et qu'il était tout neuf, et elle dirait aussi qu'il était « aussi crassou que sa fille », mais tant pis.

« T'as déjà eu envie de tout quitter ?

— Comment ça tout quitter ?

— Tout quitter. Tout plaquer. Partir. Sans se retourner.

— Comme ce que t'as fait quand t'es partie en Belgique ?

— Louis.

— Okay... Donc, non. Pas récemment, non... Quoi que pas avant non plus, d'ailleurs. Mais... C'est Nathan qui t'a quittée ?

— Nathan ?

— C'est pas Nathan qu'il s'appelle ton prof de yoga ?

— Si ! Si, c'est Nathan ! Mais c'est pas la question ! Louis ! T'écoutes ce que je te dis bordel ?! s'énerva Laura.

— Okay... C'est carrément la question...

— Non ! Louis !

— Quoi ?

— C'est pas la question je te dis... Il m'a quittée mais... C'est pas le problème.

— Okay... capitula Louis devant l'air désespéré de Laura. C'est quoi le problème alors ?

— Le problème c'est... Je crois que c'est moi. Le problème, c'est moi.

— Laura...

— Mais si regarde ma vie ! J'ai trente-quatre ans et l'histoire de ma vie c'est tomber amoureuse de mes plans-culs, même quand ils sont mariés alors que je me convaincs que je ne recherche que le prince charmant. Et mon boulot, c'est rendre merveilleuse l'histoire d'amour des autres. Voilà. Ma vie est... Lamentable, conclut-elle en terminant sa cigarette dans une dernière bouffée.

— Arrête Laura. Je te jure. Tu dramatises un peu là.

— Non.

— Et nous ? On compte pas dans ta vie, nous ? demanda Louis en désignant la table d'amis où ils étaient attendus d'un mouvement de tête.

— Si... Enfin... Non, pas tous. Alex, je l'aime pas. Et puis ce soir, j'ai vraiment pas envie de voir sa sale tronche... »

Alex. Enfin, Alexis dit Alex. La collègue de Laura. Et accessoirement la petite-amie d'Hugo depuis presqu'un an maintenant.

« C'est toi qui les as présentés !

— Tu rigoles ?! C'est Hugo qui s'est pointé au bureau, un après-midi, pour se faire payer un café. C'est de ma faute si c'était pas son jour de congé à l'autre conne ? Non. ... Arrête de rire. Je te jure.

— J'essaye de détendre l'atmosphère.

— Bah t'es pas doué, répliqua Laura en s'asseyant à son tour sur les marches à côté de Louis.

— Tu vas salir ta veste, Laura.

— Tant pis, répondit-elle en laissant tomber sa tête sur l'épaule de Louis. Loulou ? Tu crois qu'on a un quota en amour ?

— Comment ça ?

— Tu crois qu'au bout d'un moment, on atteint la quantité d'amour qu'on est capable de donner ou de recevoir et que du coup, un jour ou l'autre, on n'est plus capable d'aimer ou d'être aimé.

— Non. Regarde Magda et Marty, s'ils avaient un quota, ils l'auraient explosé depuis un moment. Et moi, j'aurais pas pu aimer ma fille. Et pourtant. J'aime Barbara de tout mon cœur.

— C'est niais, Van Den Wall, fit remarquer Laura en redressant sa tête et en enserrant ses jambes avec ses bras. C'est vraiment très niais ce que tu me racontes.

— C'est toi qui me parles de quota d'amour. Ecoutes Laura, il n'y a pas de quota d'amour. Ni pour toi, ni pour qui que ce soit. Alors enlève cette idée de ta tête, souris nous un peu et viens manger.

— Je veux pas la voir. J'ai déjà eu sa tête de suricate devant moi toute la journée... Viens, on va manger ailleurs.

— Non ! Non. Ça a l'air super bon ici. Et tout le monde t'as vue donc viens.

— Tu sais pas si tout le monde m'a vue.

— Laura... Le restaurant est entièrement vitré. Tout le monde t'a vue. Cherche pas. Viens. »

Louis s'était relevé des marches, épousseté son pantalon et tendu une main pour aider Laura à se remettre debout sur ses talons hauts. Une fois fait, ils se dirigèrent tous les deux vers la salle du restaurant.






-- NDA --

🐣❤️


Ok. Déjà si vous lisez ceci c'est que vous êtes allé au bout de ce premier chapitre ! Et j'en suis absolument ravi. Je vous avais promis que je ne fermais pas la porte à l'idée de retourner à Amsterdam et bien nous y revoilà. Je suis beaucoup trop amoureuse de cette ville pour la laisser filer comme ça. 

Dans cette histoire, nous allons donc retrouver Magda et Martijn, Louis et Rika, mais surtout, nous allons suivre Laura (que j'adore d'où l'idée de la rendre héroïne cette fois-ci.). J'espère que cette fois-ci vous me suivrez encore une fois !! ❤️

Vous pouvez évidemment me laisser un avis sur ce premier chapitre, me poser des questions si y a des trucs pas clair (je réécrirais si c'est pas très net). 


Il y a beaucoup moins de chapitre dans ce roman quand dans les précédant, donc je vous demanderais de vous contenter d'un chapitre par semaine (le vendredi) pour qu'on puisse rester ensemble loooooooooongtemps !


Allez je vous embrasse, et vous souhaite un bon-weekend,



Uthopie, en plein cours sur les perturbateurs endocriniens. 🐥❤️

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