Chapitre 2
Je suis informée de notre arrivée grâce aux cris surexcités de ma meilleure amie et de la musique forte émanant du bâtiment.
Mon amie sort de la voiture, accompagné d'Elliott, puis se retourne et me lance : « prête pour te déchaîner ?!»
Je lui lance un sourire timide en guise de réponse, le vigile nous demande de tendre nos mains. Il tamponne ces dernières et je les suis à l'intérieur du bâtiment, accueillie par une odeur d'alcool, de fumée et de sueur... Tout ce que j'aime... Je vois Elina se lancer directement sur la piste, entraînant ce qui lui sert de copain. Elle se met à danser sans gêne. L'alcool assez présent dans ces veines, bu sur le trajet dans la voiture devant bien l'aider. Moi je me contente de me poster au bar en bois et de commander un verre, après tout je suis venue en partie pour ça.
Le serveur arrive vers moi me demandant ce que je veux et comme à mon habitude je commande un whisky coca. Je m'assois sur un tabouret et attrape le verre froid que le serveur me sert machinalement, je le remercie d'un simple signe de tête et d'un sourire. Je me tourne ensuite, verre à la main en regardant mon amie se défouler sur la piste. Je pose mon coude sur le bar.
Le point positif d'avoir une amie comme Elina, c'est que grâce à elle, je finis souvent par oublier quel jour, quel mois, quelle année, dans quel pays, sur quelle planète, nous nous trouvons. Elle est mon échappatoire à cet enfer qui nous colle à la peau, chaque jour qui passe. Ce monde où violence et haine sont mot d'ordre. J'avale une gorgée de mon verre.
Je pense que certaine personne en lisant ce que je vous dis, se diront que je suis très pessimiste, mais je suis sûre de ne pas être la seule à penser comme ça. Franchement, vous avez déjà regardé dans quel monde nous vivons ? Celui qui disait que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles, devait soit haïr l'espèce humaine, ce que je pourrai comprendre en soi, soit il devait être sacrément sous l'emprise de l'alcool et de la drogue pour pouvoir écrire ça. Désolé Gottfried Wilhelm Leibniz.
Une voix masculine me sort de mes pensées. "Ouais, excuse-moi te déranger, je t'observe depuis tout à l'heure et je te trouve trop charmante.". Je me retourne face à cette énième réplique d'une lourdeur sans comparaison. Malgré le fait que je lui ai fait comprendre m'en ennui en me retournant, il revient de nouveau dans mon champ de vision et ajoute "J'ai l'impression que t'es le genre de meuf qu'on rencontre qu'une seule fois dans sa vie". Je me lève, j'y crois pas en plus d'être lourd et de me sortir des disquettes, il n'a même pas de créativité... cette phrase vient d'une musique... Je lâche mon verre sur la table, et je m'en vais sur la piste en rejoignant mon amie. Ce genre de mec forceur, non merci.
La musique du moment passe, je me rapproche de mon amie et regarde du coin de l'œil, le mec qui m'avais accosté. Je vois ça tête se changer sous la colère. Désolé mais pour la prochaine, il a qu'a revoir sa phrase d'accroche, et surtout une plus originale.
Je ne demande pas quelque chose dans le genre comédie romantique. Je ne m'attends plus à ça, on est dans le monde réel quoi. Les garçons qui font des déclarations d'amour enflammé, de nos jours ça n'existe plus. Cette fameuse scène où les personnages se rencontrent en se rentrant dedans, qu'elle tombe et qu'il la rattrape ou bien qu'il la bouscule, fait tomber ses affaires et qu'il l'aide, j'espère que vous n'y croyez pas, parce que je peux vous certifier qu'attendre cela d'un homme, c'est comme attendre le père noël, le lapin de pâques ou la petites souris : inutile.
Les gentlemans de nos jours sont extrêmement rare, si vous en trouvez un : GARDEZ-LE, parce que en trouver un aujourd'hui, c'est comme gagner au loto. Franchement combien de personnes hommes vous ont déjà laissé passer, vous ont tenu une porte, ou vous ont aidé à porter quelque chose sans mauvaises intentions ? Très peu pour ma part.
La majorité des hommes sont comme des animaux, ils ne pensent qu'a trois choses majoritairement : le sexe, les jeux vidéo, le sport. Alors, arrêtez de vous faire des films ! Oui les hommes jugent sur le physique plus que sur le mental, mais comme la majorité des personnes de notre époque ! Honnêtement qui n'a jamais jugé quelqu'un sur son apparence ? Tout le monde l'a déjà fait une fois, que ça soit sur le physique de la personne, ses vêtements ou son maquillage. Je ne dis pas que c'est bien comme ça, mais comme je l'ai déjà dit, le monde dans lequel nous vivons est merdique.
La voix de mon amie me fait sortir de mes pensées.
"Cassy, un mec te mates au bar." Elle me fait un signe de la tête, un garçon aux cheveux brun foncés limite noir et aux yeux assortir me regardait, son look "total noir" lui donnait un air mystérieux. Il avait un physique idéal selon moi, c'est à dire fin avec un chouia de muscle. Je déteste les personnes qui semble "trop parfaite", enfin selon les codes généraux de la société, les hommes musclés, clairement ça me donne envie de vomir, j'ai comme une intolérance à la perfection.
Je pense que mon corps en dit assez pour moi, et m'aide suffisamment pour que ce type d'homme ne m'approche pas. On va dire que je n'ai pas vraiment des grosses fesses bombée, je n'ai pas une taille de guêpe, ni le ventre plat. Je suis généralement transparente aux yeux de la gente masculine et lorsqu'ils me voient je rentre directement dans la case amie. Donc oui, je vais dire ce que vous devez tous pensez actuellement, je suis vierge et j'ai 18 ans. Et oui j'ai du ventre, comme vous avez directement pu le penser quand je vous ai dit mon poids.
La seule chose qui jusque-là a attiré la gente masculine à moi, c'est : ma poitrine et mes jambes, donc vous voyez, pas top quoi... Entre nous, je ne suis pas à l'aise avec mon corps... Franchement vous avez vu dans quelle société on vit ? On est entouré de cette femme idéale : pub dans la rue, dans les magazines, à la télé, partout ! Et vous voulez qu'on s'accepte comme on est ? Facile à dire quand on aimerait que quelqu'un tombe amoureux de nous et que la majorité des personnes recherchent un physique que je n'ai absolument pas.
J'ai tout essayé pour trouver un mec, j'ai essayé, les sites de rencontres, plus jamais clairement ils y cherchent tous du cul. J'ai essayé de sortir un peu plus et ça ne m'a mené à rencontrer les mêmes personnes que sur les sites de rencontres, mais en vrai... J'en ai fini par abandonner l'idée que je trouverai quelqu'un. Les chats c'est sympa.
Je me retourne de nouveau vers mon amie.
"Elina, tu as vu ce mec ? Il n'est clairement pas en train de me regarder et si c'était le cas je ne suis pas le genre de personne qui finit avec ce type de personne.
-Qu'est-ce que tu racontes par-là ? Cassy Dubois, je t'interdis de parler de toi en ces termes !
Elle se rapproche de moi pour me prendre par les épaules. Et j'ai comme un mauvais pressentiment.
Cassy tu es une femme magnifique, je veux que tu te voies comme je te vois, que tu prennes confiance en toi.
C'est bien ça le problème, je ressemble plus à une femme qu'à une adolescente... J'ai le corps d'une maman de 40 ans... Une fois dans la rue on m'a pris pour la mère d'Elina... Une autre fois quand j'avais 15 ans, quelqu'un a demandé à mes parents ma carte d'identité, parce-que ils ne croyaient pas que j'étais mineur, et vous pouvez me croire, ça c'est une des choses qui me fait vraiment mal.
Le seul moment où je me sens vraiment dans mon âge, c'est quand je porte des jupes et que je suis maquillé... rectification ! Quand je suis maquillé par Elina. Le problème avec ça c'est qu'Eli ne peut pas toujours me maquiller et que j'ai du mal à porter des jupes et des robes donc bon... Au final donc, ce soir j'ai un peu plus de confiance en moi.
Ah, cette fameuse confiance en soi... Vous avez déjà entendu cette fameuse phrase ? Vous savez celle qui dit qu'il faut avoir confiance en soi pour que quelqu'un soit intéressé par vous ? Que quand on a confiance en soi on est encore plus belle ? Et ben, c'est une raison de plus pour que je reste célibataire. Ok, parfois j'ai confiance en moi, pour genre 0 raisons, ça vous arrive des fois, vous vous levez, vous n'avez rien de spécial mais vous vous sentez super belle ? Bah voilà. Ah et aussi encore une fois quand je ressemble plus à une adolescente je me sens belle. En général quand j'ai confiance en moi, j'oublie totalement que j'ai des kilos en trop. Puis je fini par voir mon corps dans un miroir où sur une photo, et je me rappelle...
Donc maintenant tu vas bouger tes deux jambes et tu vas aller voir ce garçon qui te mate clairement.
Je sens soudain ses mains me poser, je suis emporté en avant, surprise de ce geste. Et comme Eli avait dû le prévoir, je tombe sur lui, de tout mon poids. Je me relève rapidement. J'ai dû lui broyé quelque chose vu mon poids, je sens la chaleur monter à mon visage. Je la déteste putain, c'est comme ça qu'elle veut qu'un garçon tombe sous mon charme ? En recevant tout mon poids sur lui ? Sérieusement ? Je pense que c'est plus un tue l'amour qu'autre chose... Je m'excuse tout de suite
Excusez-moi, vous n'avez rien de blessé ?
Je relève mon visage pour jauger son expression faciale.
-J'ai l'air si frêle que ça ?
Je baisse de nouveau la tête, au point de n'en voir que mes pieds. Super maintenant j'ai réussi à blesser l'égo d'un homme et dieu sait à quel point c'est important chez un homme... Continue Cassy, vas-y enfonce toi encore. Je l'entends soudain rire. Mes années de collège remontent instantanément. Le harcèlement.
Je m'en vais en courant. Je commence à avoir du mal à respirer, et d'avoir l'impression que la pièce est trop petite, que tout le monde me regarde. La sortie vite.
Je pousse la porte et me pose contre le mur. Je me recroqueville sur moi-même. Des flashbacks commencent à me revenir, des mots, des gestes, qui au collège m'ont fait me sentir comme une moins que rien, comme un monstre, de la part de mes camardes de classes et d'école, tout comme de la part de mes voisins et voisines enfants et de la part de ma famille parfois.
Des larmes commencent à déferler le long de mon visage, presque malgré moi. Rien qu'au souvenir de ces moments, j'ai l'impression de retourner à cette époque. Voilà pourquoi je n'approche pas les gens, je ne veux pas rencontrer de nouvelles personnes qui pourraient me blesser, cette soirée en est l'exemple parfait. J'insère la main tremblante dans ma poche, j'attrape mon téléphone et mes écouteurs. Je sais que dans ces moments, il n'y a que deux choses qui me calment : la musique et les paroles de mon amie. Je plante les écouteurs dans mon téléphone et commence ma playlist, puis envoie un SMS à Elina.
Je peux vous dire, que le collège je crois que c'est l'époque de la vie qui marque le plus. Le collège était un enfer concentré. Entre les pimbêches à qui, malgré toi, je me comparais parce qu'elle ont des amies, elles ont un copain. Et d'un autre côté, les garçons au collège qui sont complètement cons et qui font ce que leurs amis leurs disent de faire. La violence des filles plus celle des garçons, c'est le parfait mélange pour un cocktail mortel. Et je peux vous dire que j'ai pensé de nombreuses fois de le boire se cocktail. Entre les mots violents des filles et leurs sales coups, leurs harcèlements moral, et la violence des garçons, les boulettes de papiers dans les cheveux, leurs blagues puériles, leur imitations d'animaux, et par-dessus tout, leur surnom : Cassy la truie... Le problème avec un surnom, c'est que ça reste toute la scolarité, et dans la tête... ça reste à jamais.
J'augmente le son de mon portable. Mes yeux, se plissent, mes larmes floutent ma vue. Je sens soudain une main sur mon épaule. Eli. Je me jette sur elle, et commence à pleurer sur son épaule, après un moment de non réaction de sa part, je me recule d'elle et lui lance :
"Bordel Eli ! Fait un effort s'il te plaît ! C'est de ta faute !
-C'est qui cette Eli ? "
Une voix masculine me répond, oh non ! J'enlève mes écouteurs. J'essuie mon visage. Ma vue retrouvée, je suis face à l'homme de tout à l'heure. Non mais c'est une blague ! Je commence à m'en aller, il m'attrape alors le bras. C'est vraiment une blague. Je me retourne en criant
-Laisse-moi tranquille ! C'est bon tu t'es assez moqué de moi !
Je le vois foncer les sourcils.
- C'est quoi ton prénom ?
Pendant un instant, je me demande s'il a écouté ce que je viens de lui dire, et je ne suis pas très bien à l'idée de lui donner mon nom. Il pourrait prendre mon nom et le donner à ces potes parce que je lui ai mal parlé. J'essaie de me défaire de son emprise, en vain. Je lâche un grognement. Il m'agace vraiment, pourquoi il ne peut pas me laisser tranquille ?
-Pourquoi tu voudrais mon nom ?!
Je le vois de nouveau froncer les sourcils.
-Moi c'est Arthur. Il me dit ça en me tendant son autre main. Mais ce gars à vraiment un problème d'écoute.
-D'accord, mais ce n'est pas ce que je t'ai demandé. Et en quoi ça m'intéresse ? J'essaie de nouveau de me défaire de son emprise. Bordel, mais qu'est-ce que j'ai fait dans ma vie précédente pour mériter autant de malheur ?
-Cassy ! Ça va ? Je viens de recevoir ton message, je suis vraiment désolé d'arriver que maintenant.
Elina arrive au meilleur moment imaginable, mon dieu merci ! Au même moment que Eli prononce cette phrase, ce dernier me lâche et s'en va. Il a surement dû comprendre que c'était l'heure pour lui de partir, pour éviter les problèmes. Je réponds alors à mon amie.
-Eli, je t'aime, tu arrives au meilleur moment possible. Et ça ira une fois que j'aurai bu un bon verre, pour oublier tout ça.
Elle me regarde perdue, hausse les épaules et m'embarque bras dessus, bras dessous dans le bâtiment. Ah cette fille, c'est pour ça que je l'aime, elle ne me prend pas la tête à vouloir comprendre le pourquoi du comment, elle me fait confiance juste. Je m'installe donc de nouveau au bar et avale d'une traite mon verre. Me brûlant la gorge par le même biais. Je serre les dents. Je continu la soirée en me dandinant sur ma chaise au rythme des musiques, au bout d'une quinzaine de minutes je commence à voir flou et je sens comme une chaleur monter en moi. Je me dirige alors vers les toilettes pour me rafraîchir. Je fini par atteindre la salle de bain avec du mal, me poste devant un lavabo. Je rince mon visage, et alors que je me regarde de nouveau dans le miroir, ma vue devient de plus en plus sombre, puis je me sens tomber, et plus rien.
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