La Grotte de la Bête. Une caverne mythique où vit une créature des plus dangereuses qui puissent exister. Le monstre dort sur un nid fait d'ossements d'êtres humains. Elle terrorise les villages alentours, dévore les récoltes, enlève des nouveaux-nés. Un jour, un jeune héros, armé de courage, vient affronter la bête lui-même. Il arrive dans la grotte, fait face à la chimère, brandit son épée et...

Là n'est pas l'important.

Les Gorges du Désespoir. Passage obligé pour aller dans les terres paradisiaques qui s'étendent au delà. Mais peu y sont déjà arrivés. La plupart sont morts en essayant de traverser le pont de corde qui passe au dessus des Gorges, un des plus dangereux qui puissent exister. Mais un groupe d'aventuriers arrive et s'élance bravement sur le frêle pont solidement encordés, et...

Là n'est pas l'important.

Piotr le terrible. Un tsar connu pour son goût des bains de sang. Il tue des inconnus en guise de passe temps. La Russie tremble sous son règne despotique. Un jour, il a une idée. Il organise un concours et...

Là n'est pas l'important.

Mais où est l'important?

Pas dans l'histoire. Dans l'absence d'histoire.

Les histoires parlent de héros. De ceux qui réussissent à braver les dangers pour arriver à une situation finale idyllique. Mais les autres?

Il seront oubliés.

Personne ne parlera des malheureux qui se sont fait dévorer par la Bête.

Personne ne parlera des imprudents qui sont tomber dans les Gorges du Désespoir.

Personne ne parlera des innocentes victimes de Piotr le terrible.

Dans une histoire, le danger s'évalue généralement au nombre de morts qu'il a causé. Ces victimes ne sont elles que de la chair à canon, destinée à mourir dans les épreuves que le héros traversera?

Ne sont ils là que pour apporter plus de gloire au héros en mourant dans l'infamie?

Pourtant, la réussite d'une quête repose souvent en grande partie sur la chance. La postérité donc, serait réservée aux chanceux?

On peut se souvenir d'un mort. Mais une multitude sera toujours noyée par les flots impassibles de de l'oubli.

Certains se sont levés pour une cause, un but, un idéal. Ils savaient que ce qu'ils faisaient était dangereux, voire perdu d'avance. Mais ils sont morts en essayant. Il y a un héroïsme fabuleux, une majesté grandiose dans le pathétique de ces morts. Ce sont des rois dont la poussière sera le trône et auront le silence en guise de palais. Ces cadavres, ces squelettes, ces cendres crient des histoires muettes que personne n'écoute.

Gloire aux Oubliés qui se sont battus.

Méritent-ils l'oubli?

Méritent-ils de n'être qu'un tas d'ossements perdu, un nom gravé dans le fond d'un cimetière, des cendres volant dans le vent?

Lorsqu'on se lance dans une quête, il faut réussir où être effacé de toutes les mémoires. Il n'y a pas de moyen terme.

Cette histoire est l'histoire de ces Oubliés.

Mais elle commence avec un héros, comme les autres histoires.

Ce héros, c'est Louis.