Nouveau Départ

Interloqué, je haussai les sourcils et me penchai plus en avant :

« Vous avez un antidote ? »

Shedorn hocha la tête, et son affirmation fut confirmée par Scuff. Le professeur expliqua :

« Avec l'apparition des cristaux puis des premières soufrières, nous avons compris que le Kaleidos était en train de nous attaquer. Nous avons immédiatement commencé nos recherches. Trouver un antidote ne nous prit que quelques heures, nous avions déjà un antiviral efficace contre la souche de base. Mais ces quelques heures ont été de trop, et on suffit à ce que la situation dégénère. Nous avons dû fuir du laboratoire 9 sans le remède.»

Scuff poursuivit :

« Notre seule solution pour nous protéger a été la reconfiguration des douches dans le sas. Nous avons ajouté une huile organique dans le mélange anti pathogène, qui empêche les cristaux de pousser sur les surfaces où le mélange est projeté. Nous en avons tapissé un maximum de surfaces dans le laboratoire.»

Kalixi demanda alors :

« Nous ne sommes pas seulement entrés en contact avec des soufrières, il y avait également ce que les infectés ont qualifié de régulateurs. Quelles informations possédez vous à leur sujet ? »

Un frisson me parcourut à leur mention. Je tentais de repousser les images m'assaillant à nouveau, perturbant mon esprit par leur impossibilité. Remarquant mon treissaillement, Shedorn demanda, la mine grave :

« Vous les avez vu, n'est-ce pas ? Vous avez vu à quoi ils ressemblent.»

Je hochai la tête, dévisagé par les autres membres de mon escouade. Devant leur air interrogatif, j'expliquai :

« Ces créatures sont... Elle ont...

- Indescriptibles, compléta Shedorn, ineffables. Combien de temps l'avez vous regardé ?

- Une seconde, tout au plus.»

Le professeur hocha la tête d'un air compréhensif, puis expliqua :

« J'ai eu la même expérience que vous. Les images finissent par vous laisser, bien que jamais totalement. Ces choses, les "régulateurs" comme les appellent les infectés, sont apparues quelques jours après le début de l'épidémie. Après les cristaux, les soufrières, ces choses sont venues directement du portail. À cette période, nous étions déjà tous cachés, protégés. Les régulateurs se sont mis à roder dans les couloirs, massacrant ce qui se trouvait sur leur chemin. Lorsque nous ne savions pas ce dont il s'agissait, l'un d'entre eux est passé devant cette salle, tuant les soufrières qui tentaient d'entrer. J'ai voulu voir, par curiosité, et l'ai regretté depuis.

- Mais c'est quoi le but du Kaleidos à la fin ? demanda Zadorov.

- Envahir ? Infecter ? supposa Shedorn. Je suppose que nous ne saurons jamais vraiment. L'impératif, actuellement, est de fermer le portail, de récupérer l'antidote, et de fuir ce lieu.»

Je me levai et affirmai :

« On devrait commencer immédiatement alors. L'antidote est dans le laboratoire 9 ? »

Le professeur hocha la tête.

«Vous devrez également fermer le portail vers le Kaleidos. On ne peut pas se permettre qu'il nous envoie de nouveaux régulateurs, ou peut-être pire. Nous ne savons pas de quoi il est capable.»

Hésitant un instant, je me rendis compte soudainement que quelque chose était bien moins présent dans le laboratoire, et je finis par demander :

« Et qu'en est-il de la sensation de présence ? »

Pour la première fois, le professeur eut l'air de ne pas savoir quoi répondre. Il réfléchit un instant, tentant de comprendre à quoi je faisais référence, puis demanda :

« Je crains de ne pas saisir de quoi vous parlez, pourriez vous clarifier ?

- Vous n'avez pas cette impression ? Comme si il y avait quelque chose...»

Devant mon absence de développement, de mots pour qualifier ce que je percevais, il sembla cette fois perdu. Je tentai de poursuivre :

« C'est bien moins présent ici, mais dans les couloirs, les autres pièces... Vous ne sentez pas quelque chose ?

- Mais enfin qu'entendez vous par là mon ami ?

- Quelque chose... Quelque chose, je ne sais pas quoi, mais quelque chose. Quelque chose est là.»

Il fronça les sourcils puis demanda vivement à Scuff :

« Docteur, faites lui passer un test d'infection. Je préfère ne prendre aucun risque, les seuls ayant parlé de ce "quelque chose" étaient infectés.»

Scuff se leva et alla chercher du matériel plus loin dans le laboratoire, tandis que le reste des personnes autour de moi m'observait avec circonspection. Je n'aurais pas dû évoquer ça, il aurait été préférable que je le garde pour moi. Kalixi et Zadorov me jetaient des regards inquiets, et les autres semblaient plutôt craindre que je ne les attaque soudainement. Pourtant, je ne sentais aucun symptôme. Pas de fièvre, pas de douleur, pas de migraine. Scuff revint vers moi puis me fit ouvrir la bouche, dans laquelle elle fit tourner un coton-tige, puis elle apposa un petit tube sur le bout de mon index. Après une petite douleur, une goutte de sang y perla, qu'elle préleva. Elle posa ensuite la salive et le sang sur deux petits appareils différents. Ces derniers clignotèrent un instant, avant d'afficher une lumière verte l'un après l'autre. Scuff secoua la tête :

« Tout va bien. Aucun signe d'infection.»

Shedorn sembla plus perplexe encore et affirma :

« Je crains de ne pouvoir vous aider. Votre cas est le premier où une personne saine fait état de cette "chose". Je dois vous avouer que je suis perplexe, mon hypothèse jusqu'à lors était qu'il s'agissait d'une hallucination due à la compression du cerveau par les cristaux poussant dans la boîte crânienne. Mais il semblerait qu'il faille chercher autre part.»

Sentant les regards toujours posés sur moi, je changeai de sujet et affirmai :

« On aura le temps de s'en soucier quand on aura fermé le portail.»

Shedorn, voyant que je tentais d'éloigner l'attention de ma personne, joua le jeu :

« Effectivement, la priorité est là. Le laboratoire 9 n'est pas loin d'ici, les antidotes et le portail s'y trouvent. Le plus tôt sera le mieux. Si vous avez besoin de communiquer avec nous...»

Il alla chercher quelques petits appareils en forme de petits écrans derrière lesquels pendait une sorte de lanière et les posa devant nous :

« Dénudez n'importe quel câble, n'importe quelle fibre optique que vous trouverez, et entourez les avec la lanière. Les écrans seront reliés directement à l'écran que nous avons ici, et que nous maintiendrons allumé à partir du moment de votre départ.»

Nous en primes un chacun, et je me tournai vers le sas. À peine à l'abris fallait-il repartir. Mais c'était là le seul moyen que nous avions de résoudre la situation.

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