Atterrissage
À travers la pluie, tandis que nous nous approchions, le laboratoire se distinguait de mieux en mieux. La structure devait faire une dizaine d'étages, et était constituée d'une douzaine de bâtiments de différentes tailles, reliés entre eux par de courts couloirs protégeant de la pluie. Sa couleur grise ne lui permettait que peu de se distinguer des landes mornes qui l'entouraient. Un détail me sauta soudainement aux yeux : aucune lumière ne provenait des fenêtres, ni même des pistes d'atterrissage. L'énergie avait été coupée dans toute l'infrastructure. Je tentais d'entrer en contact avec le laboratoire, mais une nouvelle fois, aucune réponse ne me parvint, malgré le fait que les diverses antennes et paraboles sur les toits étaient toujours parfaitement en place.
Nous nous mîmes à tourner autour du laboratoire, afin de trouver la piste d'atterrissage que nous avions choisie pour notre arrivée. Aucune activité ne provenait des bâtiments, qui s'étalaient sur plusieurs kilomètres carrés, aucun mouvement si ce n'était celui de l'eau qui s'écoulait des gouttières ainsi que quelques hélices propulsées par le vent. Étrangement, plusieurs vaisseaux n'ayant pas l'air endommagés stationnaient autour du laboratoire. Il ne semblait pas y avoir eu de tentative de fuite. Une aura malsaine semblait se dégager du lieu silencieux. Finalement, la piste fut en vue et le vaisseau descendit avant de lentement se poser, délicatement afin de compenser les violentes bourrasques. Ses trains d'atterrissage se déployèrent et, dans une secousse, nous étions atterris. Je laissai Kalixi calibrer le pilote automatique pour repartir immédiatement en cas de besoin et avertir l'organisation de notre arrivée. Je me levai ensuite de mon siège pour rejoindre les autres à l'arrière, afin de définir une dernière fois les paramètres de la mission, tandis que tous se détachaient et saisissaient leur matériel. Alors que j'allais parler, Kalixi m'interrompit :
«Jas ? Je ne reçois pas la base.
- Pardon ?
- Je ne reçois aucun signal de leur part, et je ne sais pas s'ils en reçoivent un de la mienne.»
Je fronçais les sourcils avant de retourner dans la cabine et d'appuyer sur l'interrupteur du micro :
« Base, ici escouade 78, en mission sur Aghadol, est-ce que vous me recevez ? »
Seul un léger grésillement se fit entendre, probablement dû aux perturbations electriques de l'atmosphère. Je relançai :
« Base, ici escouade 78, nous sommes bien arrivés, à vous.»
À nouveau, aucune réponse ne me parvint. Je soupirai avant de me tourner vers Zadorov :
« Est-ce que la foudre pourrait nous empêcher de contacter la base ?
- Non, aucune raison. Ces communications sont faites pour traverser des systèmes solaires entier, elles sont censées supporter bien plus que de la foudre.
- Dans ce cas, c'est un problème qui vient d'ici... Ça pourrait expliquer pourquoi les communications ont cessé d'un coup : ils n'ont tout simplement pas pu envoyer d'appel. Ce qui confirme l'idée qu'il y ait besoin d'une mission de secours.»
Je me levai à nouveau :
« Bien, petit changement. Comme on ne peut pas communiquer avec l'extérieur, la base va s'inquiéter et envoyer du secours. D'ici trois jours, on aura des renforts. Cependant, il y a peut-être en ce moment même des gens en danger dans ce laboratoire, et c'est de notre devoir de les aider. Est-ce que tout le monde est prêt ? »
Chacun prit quelques minutes de plus pour s'assurer qu'il avait ce qu'il lui fallait, surtout en terme de rations et d'eau, et j'appuyais sur l'interrupteur rouge à l'arrière du vaisseau. La rampe se mit alors à descendre dans un grincement, et des gyrophares oranges remplacèrent la lumière de l'habitacle. Immédiatement, un vent violent envahit le vaisseau et nous glaça les os. Des trombes d'eau se mirent également à tremper l'intérieur. Afin de couvrir le hurlement infernal des bourrasques, je criai :
« Mettez vos masques à oxygène et allumez vos comlink ! »
J'enfilais alors le masque peu confortable, qui me permit au moins d'y voir quelque chose sans avoir à plisser les yeux pour me protéger de l'eau. Le reste de l'équipe fit de même. Cependant, au moment de vérifier le fonctionnement des comlink, aucun signal ne passa. Ainsi, même les fréquences à courte portée étaient brouillées. Cela allait compromettre notre plan de séparation en plusieurs groupes. Afin de communiquer sans avoir à nouveau à m'écorcher la voix, je me mis à parler en signes militaires, et indiquai à l'escouade de me suivre. Penchés en avant afin d'aller contre le vent qui fouettait nos vêtements et nous frigorifiait malgré nos couches d'équipement isolant, nous nous mîmes à avancer en direction du hall du laboratoire. Nos bottes antidérapantes nous étaient vitales, tant progresser sur ce terrain détrempé et balayé par le vent était complexe.
Armes pointées en avant, les lumières ne parvenant à percer le rideau de pluie que sur quelques mètres, nous avancions pas par pas en direction de la silhouette sombre du grand bâtiment. Sans comlink, il était impossible d'entendre la voix des autres, et la seule chose que nous entendions était notre propre respiration dans l'espace confiné du masque, parfois couverte par les rafales dont le vacarme était tel qu'il nous était parfois impossible d'entendre quoi que ce soit d'autre. Pour couronner le tout, le flash des éclairs nous éblouissait régulièrement, et le tonnerre qui suivait nous déchirait les tympans. Heureusement, la foudre ne frappait pas à proximité, attirée par des paratonnerres placés à quelques centaines de mètres de nous. Cela n'était qu'une maigre consolation face à nos articulations glacées et à l'eau qui s'infiltrait partout dans nos vêtements.
Nous arrivâmes finalement devant la porte du hall. Je m'arrêtai et indiquai aux autres de faire de même. Lorsque toute l'escouade fut arrivée, j'indiquai par des signes que trois personnes entreraient pour vérifier que la voie était libre, puis feraient signe aux autres si cela était le cas. Une fois cela fait, nous retrerions tous. Je sélectionnai deux personnes, Nyalda se portant directement volontaire. Ils poussèrent la barre de la porte avant d'entrer lentement, les armes levées et de refermer derrière eux. Après une vingtaine de secondes à les attendre dans le froid, la porte se rouvrit et l'un d'eux indiqua qu'il était possible de venir mais qu'il fallait rester vigilant.
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