À L'agonie
Tout le monde saisit son arme, tandis que Nyalda et Grundak aidaient Trysion, dont l'état continuaient d'empirer, à se mettre debout. Je me dirigeai vers la mousse expansive avant de sortir ma lame vibrante. Je changeai rapidement le paramètre de vibration avant de découper la mousse, qui se réduisit en poudre au simple contact du métal. Après quelques instants à retirer de gros morceaux, je pu entièrement débloquer la porte, nous laissant le champ libre. Deux personnes sortirent alors en éclaireurs, nous indiquant qu'il ne semblait y avoir aucun danger, et nous sortîmes tous de la petite pièce où nous étions réfugiés pour avancer lentement en direction du laboratoire 6.
Tandis que nous progressions, les murs semblaient se couvrir de toujours plus de cristaux, et plus ces derniers étaient nombreux, plus cette sensation désagréable de présence se faisait insistante dans mes pensées. J'avais l'impression que mon propre cerveau me démangeait, sans aucune raison, et tentais de ne pas y prêter attention, sans oser demander au reste de l'escouade s'ils avaient la même sensation. Je tentai d'éviter le plus possible de toucher des cristaux, l'impression semblant s'accentuer encore plus lors d'un contact. Cette sensation de danger et d'imprévu, semblable à celle qui nous saisit en approchant la main d'un animal inconnu, émanait de ces choses, et leur couleur jaune maladive n'aidait pas à me rassurer.
Soudainement, Trysion se mit à se débattre. Il eut cependant à peine le temps de pousser un cris qu'il recevait une charge électrique par Grundak, l'assomant sur le coup et le faisant se taire. En se débattant, il avait cependant eu le temps de partiellement retirer son masque, révélant un visage toujours plus malsain et aux traits tirés. Fronçant légèrement les sourcils, je remarquai un petit point blanc à la commissure de ses lèvres où suintaient le mucus jaune. Avant de lui remettre son masque, j'ouvris très légèrement sa bouche, constatant que le point blanc était l'une de ses dents qui s'étaient déchaussées. Les autres, cependant, étaient sur le point de tomber aussi, ensanglantant sa mâchoire. Rabattant son masque sur son visage, j'observais l'état de son bras. Sa blessure n'avait pas empiré, mais sa peau était encore plus décolorée et la teinte jaune s'était renforcée. Le bout de ses doigts avait noirci, et semblait nécrosé, tandis que ses ongles semblaient, comme ses dents et ses cheveux, être en train de tomber.
Sans parler, je fis comprendre au reste du groupe qu'il nous fallait nous hâter. Trysion ne semblait plus en avoir pour beaucoup de temps, et il était impératif de lui trouver un traitement. Continuant de le porter, nous reprîmes notre avancée. Plusieurs fois, nous vîmes de nouvelles tâches et flaques de sang maculant un couloir, et où les cristaux n'avaient pas poussé. Plusieurs corps se trouvaient également sur notre chemin, pour beaucoup lacérés, empalés, mais la quasi-totalité présentant une morsure semblable à celle de Trysion. Ces créatures s'entretuaient-elles ? Peut-être leur infection était-elle létale chez certains individus, et pas chez d'autres ? Cependant, mes pensées furent interrompues lorsqu'un bruit provenant du couloir devant nous, après un angle, se fit entendre. Je fis signe à Zadorov d'aller voir, et elle s'y rendit. Après un mouvement de recul, elle hésita un instant et nous fit signe que la voie était libre. J'avançai et compris alors son hésitation.
Dans le couloir, collé au mur, se trouvait l'une des créatures. Cependant, contrairement aux autres, celle-ci semblait incapable de bouger. Des cristaux s'étaient développés sur l'entièreté de son corps et l'avaient semblait-il écrasés de leur poid, avant de lentement fusionner avec ceux poussant tout autour. La créature était cependant toujours en vie, grognant faiblement, continuant de suinter du mucus. Elle était incapable de fermer la bouche, tant les cristaux ayant remplacé ses dents avaient poussé. Sa peau était transpercée de toute part par des pierres jaunes, et seul l'un de ses yeux n'avait pas été crevé. Si la créature était sur notre chemin, il semblait cependant presque certain qu'elle serait incapable de faire du mal à quiconque si nous nous en tenions éloignés.
Tandis que nous passions à proximité, une question me vint soudain. Cette chose avait-elle été malchanceuse, victime d'une sorte de mutation, ou ce destin était-il ultimement celui que rencontraient tous les infectés ? Si la deuxième solution était la bonne, une stricte quarantaine de la zone permettrait donc d'éliminer la menace de la propagation de cette maladie. Pour la première fois, une très vague sensation de soulagement me vint, cependant succinte et limitée. Rien n'était fait, et peut-être même ne me raccrochai-je qu'à une illusion. Holoq me demanda alors :
« Est-ce que vous pensez qu'on devrait l'achever ? Elle ne risque pas d'appeler ses congénaires ? »
Je fronçai légèrement les sourcils, peu sûr de quoi faire. En l'absence d'une quelconque idée de comment ces choses fonctionnaient, achever cette créature tout autant que la laisser en vie me semblaient des plans plus qu'incertains. Finalement, je montrais mon couteau et mimai un coup rapide à la gorge. Il ne valait mieux pas utiliser d'arme à laser à moins d'y être contraints. Bien qu'efficaces, elles étaient particulièrement bruyantes et risquaient d'attirer l'attention sur nous. Holoq hocha la tête, sortant sa lame vibrante avant de doucement s'approcher de la chose. Faisant particulièrement attention à ne pas toucher les cristaux, afin d'éviter de les entendre crier, il posa l'arme contre la gorge de la créature, prit légèrement son élan et la coupa d'un mouvement sec. Après un gargouilli, la respiration et le grognement cessèrent. Il ne restait qu'un cadavre collé au mur, dont un sang visqueux et orange coulait lentement de la gorge.
Prudents, nous continuâmes notre chemin, mais aucune réaction ne sembla venir des alentours. La chose était morte, et aucun de ses congénaires n'en avait conscience. Cela était quelque peu rassurant. Continuant de prêter une attention constante aux sons, rien ne sembla bouger dans les environs, et seul le son de nos pas sur le sol envahit de cristaux pouvait se faire entendre pour de longues minutes.
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