16 Mars 2020

Mon cher journal,

Aujourd'hui la parole est tombée ; ou plutôt, la télévision a parlé. Le confinement est annoncé. Et ce soir, tout m'empêche d'enfin fermer l'œil. Que va-t-il advenir de l'Humanité ? La covid parviendra-t-elle à se frayer un chemin jusqu'à moi ? Ou bien parviendrons nous à passer en travers des mailles du filet ?

Honnêtement, je ne sais plus que penser de cette... Histoire. Si tel est le cas. Oui, nous sommes entrés dans l'Histoire. Histoire avec un grand H. L'Histoire de la France, de l'Humanité.

Pandémie du Covid 19, qui restera ancrée dans nos mémoires jusqu'à la fin. J'en reste persuadée.

Mais en attendant, que faire ? Pour ma part, j'ai débuté l'irréprochable cliché d'écrire dans un journal -non que ce soit contre toi bien entendu. Comment prendre de l'avance sur sa folie à venir ? Commencer dès à présent à faire la conversation avec un pauvre cahier doué de parole dans nos esprits ! Voilà qui se présentait bien.

Cependant, je suis au moins en possession d'une chose qui se révélera probablement un miracle du Ciel dans deux mois ; j'habite une maison accompagnée d'un jardin. Quoique petit, il y en a tout de même un, ce qui est à mon goût une grande avancée.

Mais la solitude s'installe.

Pour ma part, cela ne change pas les habitudes : j'ai toujours été seule, que ce soit sur le plan amitié ou amour. A présent je vis seule (encore...) dans une bonne vieille baraque de banlieue qui appartenait autrefois à mon père, et avant lui à ma grand-mère et encore avant à mon arrière-grand-père. Belle généalogie, n'est-ce pas ?

Déjà 23h04. De quoi roupiller pour les voisins. Ici, je me contente de mastiquer des chewing-gum, fourrée dans mon vieux pyjama de velours, et d'écrire d'une main fatiguée sur ton foutu papier jauni.

Peut-être que je devrais essayer de fermer l'œil. Mais est-ce que j'en ai seulement envie ? J'aurais trois mois pour dormir. Ha ha.

Dois-je employer et enchaîner les formalités pour te saluer ?

On va simplement dire :

Salut.