#Sujet1
Sujet #1
Au sein d'un groupement d'immeubles sociaux dans la région parisienne, où il y a des bâtiments rénovés et d'autres bâtiments dans un état déplorable, une armada de policiers, en tenue d'assauts, débarque dans leur camionnette et se gare devant un immeuble de cette cité. Sortant, l'un après l'autre, telle un commando de l'armée, ces hommes, qui se comptent par dizaine, se dirigent dedans où il y a un jeune homme noir, d'une vingtaine d'année, assit sur le rebord du toit. Celui-ci admire ces membres des forces de l'ordre qui s'engagent à l'intérieur, alors qu'il commence à se parler :
- Vous voyez ces flics qui entrent dans ce bâtiment comme-ci il y avait une bombe. Et bien, c'est pour moi qu'ils rentrent parce que... Prend-il une pause pour annoncer.
Parce que j'ai tué 5 personnes ! Sourit-il face à lui, avant de poursuivre.
Et si vous voulez savoir la suite, je vous conseille de rester là !
Immédiatement, ce jeune homme se lève, retire son sweat, le plie, le pose par terre, et commence à se mettre à genoux. Par la suite, rappliquent les membres des forces de l'ordre, après avoir fracassé la porte face à lui. Pointant leur arme contre lui, certains lui sautent dessus, avec une telle violence qui comprime sa poitrine et l'immobilise, alors qu'il ne présente aucun danger.
Ce jeune homme, à terre, se retient de se plaindre bien qu'il semble souffrir. Après l'avoir attaché et maîtrisé, ils le descendent et le balancent, à l'intérieur de leur voiture, pour l'amener au poste.
I
Ce même jeune homme, habillé différemment, sort d'un commissariat en compagnie d'une femme, qui a le double de son âge et qui est furieuse. En se dirigeant vers une voiture, celle-ci lui déclare :
- Tu n'en as pas marre de faire venir ta pauvre mère, te chercher dans un poste de police, pour des bagarres entre amis. A ton âge, tu devrais être à l'université à la place de trainer dans la rue. Mais le jeune, les mains dans les poches, reste silencieux face aux réprimandes de sa mère, alors elle insiste, en montant dans leur voiture.
Donc, à ce que je vois, ça ne te dérange pas du tout de me faire souffrir. Mon pauvre Timothée, tu es tellement plus intelligent que tu ne le penses et tu préfères gâcher ton talent dehors à jouer les criminels. Je ne t'ai pas élevé comme ça pourtant... Se met-elle à verser une larme, touchée par le comportement de son fils, en s'installant sur le siège avant de sa voiture, face au volant.
Si ce n'est pas moi qui te ferai changer, j'espère qu'une autre personne y arrivera.
II
- Timothée Gernot, bonjour ! Enonce un policier, avec une coupe de cheveux à la militaire, assis devant le jeune homme noir, qui reste stoïque. Dans cette salle, après son arrestation sur le toit du bâtiment, celui-ci, accompagné d'un collègue, debout contre le mur, démarre son interrogatoire :
Je suis le commandant divisionnaire Nodier et voici mon collègue le brigadier Vinne. Nous vous suspectons d'être l'auteur d'une série de meurtres. Vous reconnaissez ces personnes ?
Présente-t-il des photos de scène de crime, avec les corps des victimes, à Timothée, mais il reste silencieux face à ces photos qui glacent le sang.
Vous n'avez rien à nous dire Monsieur Gernot ? Parce que, là, vous aggravez votre cas. On sait que c'est vous qui êtes derrière ces crimes.
- J'ai bien quelque chose à vous dire, mais ça ne va pas vous plaire ! Affirme Timothée qui ne se montre pas apeuré par la situation. Alors que l'ambiance dans la salle d'interrogatoire devient sombre.
- On est à votre écoute, Monsieur Gernot.
- Bien, c'est une courte histoire, mais tellement triste, triste au point que c'est devenu un quotidien pour nous. Des histoires de bavures policières contre les noires...
- Qu'est-ce que cette série de meurtres a à voir avec des bavures policières ? Ne saisit pas le commandant divisionnaire.
- Tout a à avoir, commandant. Commence-t-il à parler avec un ton sérieux, en pointant chacune des photos.
Une femme noire, un homme noir, un arabe, un autre noir et un autre arabe. Tous, j'imagine viennent d'une cité... Et tous, j'imagine sont morts des séquelles de leur blessure.
- Il n'y a que le coupable qui peut le savoir ? Le commandant lui fait cette remarque, de manière offensive.
- Ou un témoin ? Réplique soigneusement Timothée, sans se montrer intimidé.
- J'en ai marre de vous écouter, Jeune Homme.
- Moi, commandant, je veux bien l'écouter. Je t'en prie, continue. Intervient, pour la première fois, le brigadier Vinne, qui est contre le mur.
- Merci bien ; Remercie-t-il le brigadier, en le regardant brièvement, avant de s'adresser, à nouveau, au commandant divisionnaire.
Mais en gros, commandant, je suis en train de vous dire, que je suis témoin d'une bavure policière, en lien avec ces crimes.
- Hum... J'ai une question ! Installe-t-il un silence pesant, avant de la poser, histoire que le jeune Timothée ait peur.
Pourquoi avoir accepté de vous faire arrêter ?
III
Timothée, dans le salon d'un appartement, installé sur un fauteuil convertible, est en train d'observer attentivement le plafond. D'un air songeur, il joint les mains et patience. Subitement, sa mère, avec des sacs de course, arrive et le découvre dans cet état :
- Toi, tu as encore fait des conneries ? Et je sens que ça va me coûter de l'argent.
- Toujours pessimiste, hein ? Se redresse-t-il, en voyant les courses.
- Faut dire que tu n'as jamais été une source d'espoir.
- Mais toi, tu l'as été et je n'ai pas pu le voir. Je suis désolé ! S'est-il avancé pour prendre les sacs dans les mains de sa mère.
- Comment ? Ne comprends pas sa mère, qui laisse faire Timothée, tellement surprise par ses propos.
- Oui maman ! Sourit-il, en rangeant les courses, alors que sa mère l'écoute, en restant intrigué.
J'ai enfin compris tout ce que tu me disais, j'ai su voir ce que je suis, et aujourd'hui, je suis l'homme que tu veux que je sois.
- Oh et ben... Se met-elle à bégayer, en entendant cela, qui l'émue sans le montrer sur son faciès. Mieux tard que jamais.
- Je vais changer le monde pour toi, Maman !
- Change le tien déjà ! Tapote-t-elle son fils, avant de ranger le reste des courses avec lui.
- C'est en marche, maman ! C'est en marche !
- Mais dis-moi, qui t'a fait ouvrir les yeux ? Parce que je ne pense pas que tu aies compris ça, après avoir bien dormi... Exprime-t-elle une expression rieuse, en agençant ces courses dans les placards.
Je parie que c'est une femme !
Mais Timothée continue à sourire et préfère ne pas répondre à sa mère, en finissant de l'aider dans le placement des courses.
IV
- Pourquoi ? Hein ! Revient Timothée à la réalité, en poursuivant l'interrogatoire dirigé par le commandant divisionnaire.
Déjà, je n'ai pas accepté de me faire arrêter, vous m'avez explosé la cage thoracique pour m'emmener ici. Ensuite, je voulais connaître vos procédures... Voir comment vous m'interpellerez alors que j'étais sans arme, comprendre votre mentalité, m'interroger sur ma vie et pourquoi je devrais faire tel choix plutôt qu'un autre.
- Et alors ? Se positionne le commandant sur sa chaise, de manière détendue alors que son collègue, le brigadier Vinne, semble l'écouter attentivement, avec les bras croisés.
- Alors, j'ai compris que le monde, dans lequel nous vivons, est une sacrée bitch !
- J'en ai marre... Se met-il à bâiller, lassé d'écouter Timothée.
Tu veux raconter de la merde, continue, je t'en prie. Quand tu seras prêt à nous balancer des informations sur tes crimes, tu n'auras qu'à crier. Se lève le commandant, en s'étirant.
- Pas la peine commandant, je vais en sortir dans moins de 5 minutes.
- Comment ça ? S'alarme-t-il, en entendant Timothée. Son collègue, lui, affine son regard pour s'intéresser encore plus à cet interrogatoire.
- On va venir me libérer !
- Vous avez prévu de vous évader ?
- Pas du tout, je compte passer par la grande porte... Mais quelqu'un ici passera par la grande porte et avec des menottes. Aujourd'hui, on va rétablir la vérité, commandant.
- Quoi ? Vous insinuez que c'est moi qui suis le meurtrier ? S'irrite le commandant, en posant ses poings contre la table, alors que Timothée demeure serein.
- Qui se sent morveux, se mouche. Non ? Sourit-il fièrement face au commandant.
- Espèce de petit enfoiré. Balance-t-il la table, qui ne pèse rien, afin de montrer sa force à Timothée.
Tu crois que j'ai envie de jouer ? AVOUE pour les meurtres ! ET TOUT DE SUITE !
- Commandant, calmez-vous ! S'interpose le brigadier, afin qu'il ne s'en prenne pas physiquement à Timothée.
- J'avoue, j'avoue, j'avoue... Répète-t-il, en faisant semblant d'être effrayé, avant de prendre un regard déterminé. Récupérant une des photos, qui est tombée par terre quand il a fait voltiger la table, celui-ci poursuit calmement :
J'avoue que c'est un putain de policier qui a tué mes amies. Mes deux amies qui m'ont montré la voie de la sagesse... Qui m'ont montré ce que ma mère n'a jamais cessé de me montrer... Qui ont été tué à cause de leur couleur de peau...
- Vous semblez parler en connaissance de cause Monsieur Gernot ? Lui demande le brigadier, en retenant son commandant qui se tempère de plus en plus.
- Je suis mon propre gardien et on est tous les gardiens de quelqu'un, même après sa mort.
Soudainement, deux hommes entrent dans la salle d'interrogatoire, de façon brutale, avec la main, proche de leur étui. Par conséquence, le brigadier lâche le commandant et ils se voient être marqués du regard par ces hommes qui se présentent :
- Gardez votre calme, nous sommes de l'IGPN
- Mais vous faites quoi ici ? S'énerve, à nouveau, le commandant contre les hommes de l'IGPN.
- Nous venons pour vous annoncer que Timothée Gernot est innocent.
- Et c'est pour ça que vous rentrez dans ma salle d'interrogatoire avec une telle violence ?
- Non, c'est parce qu'on sait qu'il est innocent. C'est parce qu'on sait qui est le nouveau suspect ! Révèle l'un des agents de l'IGPN au commandant.
- QUI EST-CE ALORS ?
- C'est votre cher collègue qui tenait le mur. Pointe son doigt l'agent de l'IGPN vers le brigadier.
- Enfoiré ! Prononce le brigadier, en souriant.
- Ouais, c'est ce que je pense de vous quotidiennement. S'élève Timothée de sa chaise, afin de développer son élocution.
Vous avez tué mon ami et son amie, il y a 1 an. Je vous ai vu aux infos prétendre qu'ils sont morts lors d'un car-jacking qui s'est mal tourné dans mon quartier. Mais aucune personne n'aurait pu commettre cet acte contre eux, ils étaient le pilier de la cité. Ils ont permis à la cité de revivre et ont sorti des jeunes de la rue, comme moi. Alors j'ai fait ma propre enquête et j'ai remarqué que c'était vous qui avez aussi signalé leur mort... Avec la mâchoire serrée et en versant une larme, il ajoute :
Au final, ça m'a conduit sur un rivé de mort inexplicable autour de vous. Par conséquence, je vous ai suivi pendant un très long moment afin de savoir si ce n'était qu'une coïncidence. Et ça ne l'était pas, je vous ai filmé en train de tuer un petit jeune et je l'ai envoyé, à ces messiers de l'IGPN... Finit-il par avoir le poing serré et parler avec de la hargne.
Vous les avez tués sans raisons, vous me dégoûtez !
Menotté, après son discours, le brigadier ne cesse de sourire narquoisement à Timothée, qui ne le lâche pas du regard. Pendant qu'il franchit la porte, escorté par les hommes de l'IGPN, il lui énonce fièrement :
- Je ne resterais pas longtemps menotté, Monsieur Gernot ! C'est une promesse !
Timothée hoche vaguement la tête, après avoir accompli son action pour ses amis, comme-ci il n'avait plus aucun poids sur les épaules. Puis il observe le commandant qui parait embarrassé par la situation et qui initie des excuses :
- Ah ben monsieur Gernot...
- Dites rien ! Mais je vous avais dit que je sortirais par la grande porte.
Ainsi, Timothée sort fièrement de la salle, en laissant le commandant seul. Après avoir récupéré ses effets personnels par le policier à l'accueil, il se rend à l'extérieur du commissariat, sans exprimer de la joie, malgré les abandons des poursuites.
Dehors et libre, il s'empresse de prendre son téléphone, ouvre une application qui dévoile une vidéo où il a filmé son arrestation brutale alors qu'il ne présente aucun danger pour les policiers et présente également son discours avant l'arrestation. Directement, il décide de publier ces images sur le net. Quand le téléchargement est fini, il démarre une conférence publique, en direct sur les réseaux sociaux :
Cette vidéo que je vous montre est la conséquence, mais aussi la cause de ma souffrance aujourd'hui. Oui, j'ai dit que j'ai tué 5 personnes... Bien entendu, c'est faux. J'ai menti pour pouvoir faire ce qu'il devait être fait. J'ai cherché pendant 1 an le meurtrier de mes amis qui m'ont permis d'être un meilleur homme, d'être l'homme qui parle à travers cette vidéo...
Oui, j'ai fait des mauvais choix dans ma vie, je ne suis pas un homme parfait, mais eux l'étaient.
Mes amis ont été tués par un flic à cause de leur couleur de peau, donc j'ai décidé d'être mon propre gardien, mais aussi d'être le gardien de mes frères tant que nos soi-disant vrais gardiens décident enfin de nous protéger et de ne pas nous tuer.
Finit-il sa vidéo, en levant son poing, fier de son acte, pendant qu'il marche dans la rue.
#BLM
IGPN : inspection générale de la Police nationale
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