Chapitre 5: La dernière bataille
1945, Berlin
Une explosion, une seconde. Au loin, des rafales de mitrailleuses. Herwin et Hans accompagnés de plusieurs soldats de tous âges attendait proche d'une maison dans la périphérie est de la capitale.
Ils étaient là pour tenir les rues adjacentes face aux russes. Mais les bombardements répétés depuis plusieurs jours leur menait la vie dur. La fumée âcre et piquante s'élevait de multiples carcasses ou de cratères fumants. Partout l'odeur de la mort régnait. Ce doux parfum de sang, de boue et de gaz.
Les hommes se terraient actuellement dans quelques tentes en attendant le repas. Celui-ci devait être livré par un gamin, plus petit, plus rapide, le parfait messager.
Hans fumait et Herwin faisait un bras de fer avec un autre soldat. Les muscles tendus, la sueur au front, les deux hommes se regardaient dans les yeux, mais furent interrompus par un troisième soldat.
- Hé les gars, v'là le gosse.
Puis très vite un homme cria.
- Abrutit passe par les bâtiments, cour, imbéciles.
Les hommes se levèrent, même les deux combattants, pour aller voir ce qu'il se passait.
Un gamin d'une dizaine d'années marchait à découvert dans la rue qui donnait sur la Sprée. Les hommes lui firent signe de courir et de se cacher, les Russes postés sur l'autre rive l'avaient déjà repéré.
Le gamin ne semblait pas comprendre, soudain, il écarquilla les yeux. Le bruit d'un tir retentit. Le gamin s'écroula lentement dans la poussière de la rue. Sa mallette contenant les rations se renversa sur le sol. Les Allemands maugréaient quelques insultes pour les Russes ou quelques prières pour le gamin. Ils retournent à leur camp sans perdre de temps, il n'y avait plus rien à faire.
Un peu plus loin, sur l'autre rive, deux Russes se tenaient allongés, tenant un fusil à lunette.
L'un deux paraissait joviale et donna une tape dans le do de son ami.
- Bravo, joli tir.
- Je n'aime pas tirer sur les enfants » répondit le deuxième, la voix tendue.
- Une cible trop petite ? »
- Non, je n'aime juste pas ça. Son regard se perdit sur la ville en ruine et en flamme. Mais c'est la guerre.
Ils ne durent attendre que quelques jours pour qu'une attaque s'abatte sur leur groupe. Ce fut une bataille confuse, il se souvenait des tirs de mortier martelant la rue, de l'odeur âcre du sang et celle forte de la poudre.
Les combats commencèrent par des tirs de position, les hommes étaient statiques et se tiraient dessus. C'est lorsque les premiers blindés, au nombre de trois, arrivèrent que les Russes chargèrent en avant. Le combat devient mobile, les Allemands fuyant dans les rues étroites et les bâtiments. Les Russes étaient sur leurs talons.
C'est ainsi que Herwin et Hans se retrouvèrent face à trois Russes dans un combat au corps à corps dans une petite ruelle.
Herwin employa son fusil et fonça sur un Russe le plaquant contre le mur avant qu'il ne puisse sortir son arme de poing. Hans dégaina son couteau et se jeta sur son adversaire.
Il attrapa le bras gauche du Russe pour lui planter son couteau dans la gorge. Néanmoins, un coup de tête du rouge le déséquilibra. Il saisit son propre poignard et tenta de le lui planter dans le flanc. Mais Hans para et contrattaqua. Son arme rencontra l'os lorsqu'il atteignit les côtes. Le russe se courba ce qui permit à l'allemand d'attaquer en touchant la tête. Lorsque le russe cria, un autre cri roque retentit. Hans se retourna pour voir deux corps étendus à terre et un Russe se jetant sur lui.
Ils roulèrent ensemble dans la boue. Le russe essaya de l'étrangler et lui cogna la tête sur le sol. L'allemand vit flou, il lâcha son poignard. Il ne trouvait plus d'air et sentit ses muscles se tétaniser. Il tâta sa ceinture et sentit sous ses doigts la pochette de cuir de son étui à pistolet. Le russe resserra son emprise, au loin une explosion et des cris retentirent. L'allemand arriva à ouvrir sa pochette. Il ne respirait plus, n'en pouvait plus. Il pensa à Anna, ses bras, sa peau, il voulait l'épouser, c'est tout ce à quoi il pensa a cet instant. Il devait survivre pour l'embrasser au moins une fois.
Il sentait la mort approcher, son souffle sur sa nuque. Il sortit son pistolet et tira, le son de son arme explosa à ses oreilles. Il sentit le cadavre lourd tomber sur lui. Il le repoussa et se releva en tremblant. La tête du Russe était transpercé de part en part, ses oreilles réduites en bouillie sanglante.
Il n'en avait rien à faire, il s dirigea vers les deux autres corps et s'agenouilla au près d'Herwin.
Il avait un trou dans les côtes et sa main recouverte de sang tenait la baillonette qu'il avait retiré de son flanc. Le jeune homme le prit par les épaules et tenta de le redresser contre le mur.
Il savait ce qui allait se passer, c'était un soldat.
- Tu aurais dû avoir une belle mort, plus propre, tu méritais mieux.
Le soldat sourit dans sa barbe avant de cracher du sang en grommelant.
- Il n'y a pas de belle mort pour un soldat. Un ancien soldat meurt dévoré par sa douleur et ses souvenirs, un soldat lui meurt dans sa merde, dans la boue et le sang. À côté de ses tripes fumantes après avoir souillé ses bas. C'est ainsi que les hommes meurt, et c'est ainsi que je vais mourir.
Le soldat souffla une dernière fois puis ses membres se détendirent et Hans sentit son dernier ami le quitter. Il se souviendrait du moment où il avait été sauvé par son pistolet.
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