Prologue

29 Février 2016

Vallée du Marecchia, région de l'Émilie-Romagne, Italie.

Le vent soufflait entre les branches des hautes cimes des feuillus, faisant bruisser entre elles les plus fines. Un oiseau aux couleurs sombres de l'hiver prit brusquement son envol du haut d'un chêne mis à nu par le froid, effrayant son congénère qui se trouvait à côté de lui. Des nuages, à la fois sombres et vaporeux, dissimulaient à intervalles réguliers les faibles rayons lumineux du soleil qui commençait sa course jusqu'au Zénith.

L'endroit inspirait à une sensation de calme et de détente malgré les températures encore fraîches de cette fin du mois de février. Le peu d'animaux présents en cette saison s'affairait sans bruits, silhouettes évanescentes dans le blanc de la neige. Un peu plus loin, entre deux hêtres aux feuilles brunes courbées par le gel, une corneille aux ailes de jais croassa bruyamment avant de s'envoler pour atterrir à quelques mètres de là. Une renarde, au pelage roux foncé et aux extrémités pangarées, fila à travers les buissons avec un mulot entre les mâchoires, maigre pitance pour nourrir tous ses petits.

La forêt bruissait de vie lorsque des bruits de pas se firent alors entendre sur un petit sentier qui serpentait le long de la falaise, tracé entre les arbres et les arbustes de sous-bois, troublant de cette manière la quiétude ambiante. Le souffle rendu rapide par la course, Geronimo Da Silva grimpait avec vivacité la pente importante menant au sommet, bravant des conditions climatiques qui auraient fait fuir nombres de joggeurs aguerris. Malgré son âge avancé - il avait la cinquantaine bien faite, il avançait avec vigueur et force, son corps entraîné avec régularité par ses promenades hebdomadaires.

Car l'homme était un habitué : une fois par semaine, bien que le jour variait même s'il essayait toujours de garder un certaine durée minimale entre chacune de ses petites promenades de santé, il montait en voiture jusqu'au point le plus élevé du pic rocheux pour y laisser le véhicule durant la nuit avant de redescendre calmement à pied au village de Monterossa où il vivait depuis bientôt deux ans. Le lendemain, il remontait toujours en courant à travers les bois, couvrant ainsi une distance de dix kilomètres là où la sinueuse route directe n'était longue que de trois.

Contrôlant sans difficulté sa respiration, il aimait particulièrement la fin du périple, où le chemin se rétrécissait pour n'être plus qu'à une petite douzaine de mètres du ravin qui le laissait profiter du paysage. Ses foulées amples et pleines de puissance couvraient beaucoup de terrain et il arriva rapidement tout en haut.

Essoufflé, il s'arrêta quelques instants afin de se ravoir avant de marcher d'un pas tranquille vers sa voiture. Il attrapa les clés accrochées à son cou par un cordon et appuya sur le bouton d'ouverture automatique des portes. Une fois le coffre du véhicule ouvert, il prit le sac qui s'y trouvait et troqua ses vêtements plein de sueur pour d'autres plus appropriés vu sa fonction en prenant bien soin d'ajuster les plis des différents tissus et la rectitude de son col romain.

Désormais bien reposé de sa course matinale, il ferma le coffre et alla chercher d'autres clés d'apparence anciennes dans la boîte à gants de la Volvo XC60 qu'il avait réussi à se payer grâce à son ancien travail, ses supérieurs ayant accepté qu'il la garde étant donné les distances qu'il devait régulièrement parcourir. Puis, il se dirigea vers l'étroit chemin aux pavés déchaussés par le manque d'entretien qui menait au point culminant du Mont Rouge et l'emprunta avec la prudence habituelle des gens qui connaissent un lieu par cœur.

Parvenu au sommet, il se laissa un instant abandonner à la contemplation de l'incroyable vue du paysage - dont il ne se lassait jamais - avant de terminer sa petite balade devant le parvis de la petite bâtisse en pierre qui trônait là, visible à des kilomètres de distances si l'on se plaçait du côté ouest par rapport au pic.

Geronimo accueillit une agréable brise légère avec joie, content d'avoir un peu d'air frais après la chaleur que l'effort physique avait occasionné. Plongé dans ses pensées bucoliques, il ne remarqua pas directement un détail qui l'aurait aussitôt mis en alerte en temps normal. Ce ne fut que lorsqu'il plongea le vieux bout de fer rouillé sensé être une clef dans la serrure qu'il se rendit compte que la lourde porte en bois patiné par le temps était déjà ouverte. 

Fronçant les sourcils, il sortit l'objet de son logement et le plaça dans la poche de son pantalon. Il était pourtant sûr et certain d'avoir tout fermé la semaine précédente car cela l'était encore le jour avant, lorsqu'il avait déposé sa Volvo vers 15h30. Un étrange pressentiment s'empara de lui, mettant tous ses sens en éveil.

Avalant bruyamment sa salive, le quinquagénaire poussa le lourd battant de chêne et pénétra avec lenteur dans l'édifice vieux de plus de neuf siècles. Il referma derrière lui pour éviter les courants d'air et s'engagea dans le couloir central sans s'apercevoir qu'il était en train de retenir sa respiration. 

Arrivé au bout, il leva les yeux et ce qu'il vit à cet instant figea son corps en intégralité, lui laissant seulement la capacité de pousser un cri d'effroi mêlé de peur primitive qui résonna dans le bâtiment entier. Dehors, un étrange corbeau à la corpulence assez importante pour son espèce regarda un moment le soleil avant de s'envoler en direction d'une destination inconnue.

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Mais qui est donc ce Geronimo Da Silva ? Et qu'a-t-il bien pu voir de si effroyable ?

J'attends vos théories avec impatience. Et n'oubliez pas, prenez garde à ce que vous lisez : le Diable réside toujours dans les détails 😈.

Ouf. Après des semaines à me torturer l'esprit, ce prologue est enfin sorti de ma tête pour arriver sur vos écrans. J'espère qu'il vous a plu et que vous avez une irrésistible envie d'en savoir plus. En tout cas pour moi ça a été un plaisir de l'écrire et de le vous faire partager. Si vous avez des remarques, suggestions ou erreurs orthographiques/syntaxiques à me communiquer, n'hésitez pas ; idem pour les critiques positives ou négatives, je ne mord pas alors allez-y (tant que cela reste constructif évidemment 😉).

Le chapitre premier arrive bientôt (il est en cours d'écriture) mais étant donné que je suis à quelques dizaines de jours de mes examens, je risque de ne pas avoir des masses de temps. En attendant, je me permets de vous dévoiler le lieu de l'intrigue de ce prochain chapitre : le Golfe de Tadjoura au Djibouti. Que cela vous inspire-t-il ?

Merci de prendre le temps de me lire et de commenter si vous le faites, ça me fait vraiment chaud au cœur ❤.

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