JOUR 2 : SOUS TENSION (ou : le monopoly ne finit jamais bien)

EN ME levant ce matin, j'eus l'impression que j'allais enfin employer mon temps pour passer de bons moments. On disait que les vacances de terminales étaient celles dont nous nous souvenions toute notre vie, et j'avais l'intention d'en profiter sans piétiner les grains de sables sur le sol de ma chambre, ceux qui s'étaient glissés entre les pages de mes livres.

Il était tout juste neuf heures. Je pris une douche, enfilais un short, un débardeur et un gilet avant de faire un petit tour, d'acheter une pomme chez le marchand de fruits puis de flâner sur le port en regardant les gens se réveiller, s'étirer au soleil.

Violette m'annonça qu'ils prenaient un café - façon de parler, chez le père d'Antonin.

jador :
    mais ça dérange pas antonin que je vienne?? 

vi_tavie :
    c'est un café donc non! :)

Quelques minutes après, je les retrouvais tous assis sur des tables en terrasse. Violette buvait une grande tasse de café, les autres étaient plus smoothies et jus de fruits.

Après avoir commandé un café, je me penchais vers eux. Hormis Raphaëlle qui avait une mine fraîche et dispo', les autres ne semblaient pas du matin. Antonin ne prenait même pas la peine de sourire, Victor regardait le soleil jusqu'à s'en brûler la rétine et Siméon était complètement hermétique à la discussion.

Soudain, Raphaëlle brandit son téléphone, réveillant ainsi la petite bande encore endormi.

   « Regardez, Maëlys m'a envoyé une photo de ses vacances.

— Il y a la statue de la liberté en Thaïlande ? demanda Violette en se penchant sur les photos.

— Je t'avais dit qu'elle était sensée aller à New-York !

— Oui je sais t'es le meilleur copain du monde Siméon, soupira la jeune fille en soufflant très fort dans sa paille. »

   Je tendis l'oreille.

   « On est en break, Violette. Elle m'a pas donné de raison mais je crois qu'elle m'a trompé.

   — Comment ça ?

   — J'ai pas envie de m'étendre sur les détails. »

   Ils continuèrent de commenter les photos que leur amie avait envoyé. Notamment son mirror-selfie à côté de l'autoportrait de Frida Kahlo.

   J'en profitais pour me faire une idée du personnage : une blonde, lunettes, et rouge à lèvres voyant et salopette en jean. Le genre de filles qui ne passait pas inaperçue.

   « Et c'est comment, le lycée, à Saint Palais ?

   — Atroce! Tu peux pas sortir sans croiser ton ex, tu connais tout le monde, tu connais toutes les histoires de cul de la ville mais tout le monde connaît les tiennes.

   — T'es vierge, Violette, soutint Raphaëlle avec un rictus.

   — Et alors ? Quand tout le monde a su qu'Alex et toi étiez passés à l'étape supérieure, j'ai trouvé ça oppressant. »

   C'était étrange, cette vision qu'elle donnait qui constatait avec ses paroles. Elle aimait qu'on la regarde, qu'on lui porte de l'attention, qu'on la sente exister.

   « C'est pas ce qu'Augustin m'a dit, s'amusa Raphaëlle.

   — N'en parlons plus, fit Violette en balayant la remarque d'un revers de main. Toi, Jade, le lycée à Paris ?

   — Je suis bien contente que ce soit fini.

   — Et t'as eu un bac quoi ?

   — ES, mention bien.

   — Mon héroïne ! s'exclama Violette. »

   Elle eut un sourire resplendissant.

   « Tu me diras tes conseils.

- Quelle profiteuse tu fais, Violette.

- Ecoute, apparemment il y a une prof de SES horrible et j'ai très envie de réussir parce que moi, j'envisage un avenir, Antonin."

Le garçon plissa le nez, ne trouvant rien à redire. Peut-être qu'au fond, c'était vrai. Mais avait-on vraiment envie d'envisager un avenir à quatorze ans ?

"Alors, c'est quoi le plan d'aujourd'hui ?

- Je pensais le parc. Ou la plage.

- Top. Passionnant. Captivant. Je valide. Plus plus plus, pouce en l'air, 5 étoiles. C'est ce qu'on fait tout les jours !"

Je me demandais si l'Antonin du matin, encore la tête dans son oreiller, n'était-il pas mieux que l'Antonin réveillé, toujours la langue critique.

"Eh bien trouve un autre plan, s'énerva Raphaëlle. On a ce débat tout les jours donc si tu proposes quelque chose de nouveau je suis preneuse."

Il ne répondit rien, vexé comme un pou.

"Y'a bien la maison des jeunes, avec des jeux de société, si ça vous dit.

- Oh, enfin une activité qui ne consiste pas au bronzage, merci Victor ! déplora Raphaëlle."

Il lui embrassa la joue pour toute réponse.

"Super, vous me vendez du rêve, grogna Siméon.

- Ah non Antonin 2.0. Tais toi !"

L'Antonin original leva un sourcil avant de brandir son majeur à Raphaëlle. Elle le fusilla du regard en retour.

"Allez, hop hop hop, MDJ ! s'exclama Violette en battant des mains."

Elle avait noué une chemise autour de son short, ce que je trouvais assez joli quoique un peu démodé. Elle observa mon regard insistant sur le tissu autour de ses hanches, se pencha vers moi et chuchota à mon oreille :

"J'ai mes règles, une grosse tâche sur mon short et toutes mes robes au sale.

- On est soeurs de sang, dans ces cas-là, m'amusais-je."

Violette me regarda dans les yeux quelques secondes avant d'éclater de rire.

"Pas mal. Bon, allez, viens, on a un monopoly à faire, s'exclama-t-elle en me tirant par le bras."

*

Après moult lancers de dés, de billets échangés, Antonin réussit à mettre terme à la partie en tendant son dernier billet à Raphaëlle, l'accusant de tricher. C'était à peine s'il ne lui jetait pas les dés à la figure. D'un mouvement rageur, il s'était levé, manquant renverser le plateau, ce que Raphaëlle lui reprocha véhément.

Antonin envoya alors valser le plateau et sortit, les poings dans les poches et le pas rapide.

"Je vais aller lui parler, proposa Victor avant de s'élancer à sa poursuite."

Raphaëlle, les joues rouges de colère, prit elle aussi la porte.

"Eh bien...commenta Siméon. Ils vont peut-être finir par se frapper, finalement.

- Si ça peut provoquer la rupture de Raph' et Victor, je suis prête à payer le pop-corn pour regarder ça.

- C'est ta pote.

- Justement. Elle mérite mieux que Victor. Et je sais que c'est ton pote à toi, mais désolée d'affirmer que c'est un gros loser.

- C'est un peu un loser. Il reste sympa.

- Manquerait plus qu'il morde, soupira Violette, excédée."

Elle commença à ranger les pions dans la boîte à la hâte pendant que je triais les billets.

"Qu'on soit honnêtes Simsim. Je t'aime bien, t'es cool, t'es drôle et tout, mais après la rupture, on se parlera plus.

- Ca marche pour moi.

- Nickel, enfin quelqu'un de complaisant ça fait plaisir à entendre."

Violette ramena les mèches de ses cheveux en queue de cheval et rangea la boîte dans l'étagère.

"En attendant, ça me fait plaisir d'être ici avec vous deux. Vous êtes les deux saints d'esprits ici.

- Je vous retourne le compliment, ironisa Siméon en s'inclinant."

Je me mis à rire et pensais qu'au final, ces vacances seraient beaucoup plus mouvementées que prévu.

*

Après le fiasco de ce matin, nous avions mangé ensembles avec Violette et Siméon avant de retourner chacun chez nous. Allongée à plat ventre sur mon lit, j'espionnais les comptes Instagram de mes nouveaux amis.

Raphaëlle postait quelques rares photos, de danse notamment. Une photo de la scène, sur laquelle elle dansait, l'air concentrée, une autre photo de groupe où les filles, toutes dans le même chignon tiré, tutu serré et visage surmaquillé souriaient devant l'objectif. Antonin ne postait rien, juste une image supposée être drôle, pendant que Victor avait juste un #prayforParis.

Violette alimentait plus son compte, mais ça ne restait pas grandiose. Typique : des paysages, des photos d'elle et de ses amis. Quant à celui de Siméon, il était presque aussi vide (décidément!). Deux photos sans intérêt, et une autre de lui et d'une blonde, au nez piqué de tâches de rousseurs et aux mèches fleuries. Elle tirait la langue face à l'objectif, lunettes de soleil sur le front, et avait commenté ce qui semblait être une private joke. La-dite Maëlys.

Je cliquais sur son identifiant pour en savoir plus. Son compte était public, à ma plus grande joie. Et actif! Elle avait ajouté les photos que j'avais vu ce matin : elle posant devant la Statue de la Liberté, elle admirant les oeuvres du MoMA, elle assise sur les marches du MET avec 'xoxo, gossip girl' en légende. Evidemment.

Je remontais plus loin. Une photo d'elle et une autre fille m'attira l'oeil. Elles avaient dessiné des coeurs multicolores sur leurs joues et se tenaient par l'épaule, tout sourire. 'Happy pride month!!', disait la légende.

L'autre fille de la photo avait des yeux fascinants, tirant entre le bleu et le violet, et des cheveux blonds polaire. Mais lorsque je cliquais sur son profil pour en savoir plus, on m'indiqua que le compte de Mathildang était privé.

Je me sentais complètement étrangère à ce monde, mais il me fascinait. Ces personnes qu'on ne connaissait que par un feed soigneusement entretenu - ou pas, et des jolies photos cachaient autre chose.

Je ne sus quoi répondre alors je lui envoyais un emoji qui levait les yeux au ciel. Et ce fut tout.

*

Le soir, Antonin ne pointa pas le bout de son nez. Victor avait l'air très fermé et Raphaëlle tirait une tête de six pieds de long.

"Ca craint, cette ambiance, se plaignit Violette.

- Désolée, soupira Raphaëlle, excédée.

- T'excuse pas, c'est juste qu'Anto est jaloux. Il va s'en remettre.

- Jaloux de quoi ? finit par s'énerver Raphaëlle. Je le rend jaloux parce que quoi ? Parce que je suis géniale ? Breaking news, absolument pas ! Parce que tout le monde m'apprécie ? Il a juste à sourire un peu plus et on l'aimera plus que moi. Parce que tu passes plus de temps avec lui qu'avec moi ? Bah qu'il te le dise, merde ! Qu'il me le dise aussi, qu'il essaye de changer les choses au lieu de geindre et de me lancer des piques."

Victor ne répondit rien et Raphaëlle se défit de son bras, se levant du sol où elle était assise. Elle ne prit même pas la peine d'essuyer son short couvert de sable et croisa les bras.

"J'attends juste des excuses, sinon c'est fini de la bande et même de notre relation, Victor."

La brunette remonta la fermeture éclair de son bomber et partit, d'un pas énervé. Le pauvre Victor se prit la tête entre les mains.

Violette contenait avec toute la peine du monde son sourire satisfait. Siméon posa sa main sur l'épaule de son ami.

"T'inquiète, Raph est assez impulsive, le réconforta Violette après le regard insistant que Siméon lui avait jeté. Elle aura pas fait trois pas qu'elle s'en voudra déjà à mort."

Je posais mes mains sur mes genoux : toute cette ambiance pseudo-dramatique m'ennuyait. Je n'avais pas délaissé mes livres pour ça, au final : si je voulais voir du conflit, je n'avais qu'à tourner les pages des Liaisons dangereuses. Au moins, je n'étais pas en leur coeur.

"Ecoutez, je crois que je vais rentrer. J'suis fatiguée et comme mon anniversaire c'est demain, j'espère qu'on va se coucher un peu plus tard et que l'ambiance sera meilleure. A demain."

Violette me fit une moue désolée et je m'éloignais, enfilant mes écouteurs.

J'achetais un hamburger dans un fast-food, rentrais dans ma chambre d'hôtel et le dégustais sur le balcon.

Et si les vacances que je passerais sur les terres de Saint-Palais ne seraient pas les meilleures du monde, au moins, j'avais le luxe d'une chambre pour moi toute seule, ce qui me permettait de sortir quand je voulais.

Pour une des première fois de ma vie, je me sentais libre, je me sentais adulte.

Et demain, je le serais réellement.

est-ce que j'aime cette histoire?
non. :-)

jcrois jvais publier un chapitre par jour ouin comme ça j'en aurais fini pcq HELP d'un côté j'me dis j'ai pas écris ça pour rien mais de l'autre j'aime paaaaas

bref désolée j'étais en voyage à paris (oui avec les gilets jaunes ct TROP COOL ✌🏼) et j'espère que tout va bien pour vous et tout ça bref voilà bonne nuit!!

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