Elun peut être une fille, un garçon, les deux, cela dépend de vous. Le pronom neutre « ol » sera utilisé pour le-a décrire.

Ce livre part d'une conversation entre mon amie Elen et moi, au cours de laquelle elle me demanda comment reconnaître une personne amoureuse, d'une personne intéressée par une relation strictement sexuelle.

Le froid s'installa tardivement cet automne. Ce soir-là, c'était la première fois qu'Elun sortait son écharpe depuis longtemps. Elun ne se souvenait pas quand était la dernière fois qu'ol l'avait porté/e. Ol vivait, comme on dit, « au jour le jour », pas par conviction, mais par une obligation intrisèque à sa tristesse constante, plus ou moins présente selon les journées, qui lui permettait d'oublier le passé, le futur, et une existence sans envie pour se laisser porter plus facilement par les journées qui passent. Bref, ce n'était pas une bonne période, comme vous l'aurez compris. Quoi que cette semaine avait été différente. Un mélange de tristesse (encore, toujours) et de petits pics de joie furtive. C'était l'attente et l'espoir.

De quoi ? Que peut-on attendre quand on ne vit pas dans un film, mais dans un studio excentré et qu'on travaille en caisse d'un magasin de bricolage 25 heures par semaine ? Certainement que Mr. Lefront finisse, finalement, par trouver la poignée de porte idéale et arrête de ramener la précédente chaque mercredi par lassitude. D'accord. Mais cette semaine, ce n'était pas cela qu'Elun avait attendu (finalement ol aimait bien Mr. Lefront, quand même). C'était le rendez-vous de ce soir, à l'arrêt de bus. Elun avait un collègue, Lucas, avec qui ol avait construit un lien suffisant pour se projeter dans un rendez-vous en tête à tête. Leur relation avait été forgée par le travail commun (« Lucas, il y a une cliente pour toi au rayon tapisserie ») et les pauses café. Elun savait donc qu'il prenait un sucre et demi dans sa boisson chaude et qu'il fumait des roulées.

Il se trouvait que les deux collègues habitaient à peu près dans le même quartier. Il était donc convenu que ce vendredi à 20h30, Lucas et Elun se rejoindraient à l'arrêt de bus qui les mènerait en centre-ville afin de boire un verre, se balader, discuter. Un rendez-vous, avec pour objectif de se rapprocher, sans aucun doute. Cela mettait un peu d'animation (positive) dans la vie d'Elun. Ol essayait de ne pas être trop enthousiaste, mais ne pouvait s'empêcher d'avoir une pointe d'esperance.

Prenons un escalier. Quand Elun arriva à l'arrêt de bus, ce fut la première marche qu'ol descendit. Un peu de déception. Lucas n'était pas là. Il faisait tout à fait nuit désormais.

Bon. Elun s'assit et attendit. Ol se dit : « Si à 21h il n'est pas là, c'est déjà un peu mauvais ». A 21h, ol repoussait un peu plus la limite. « Si à 21h15, il n'est pas là, c'est mauvais. A 21h30, vraiment mauvais ». A 22h30, Elun avait descendu toutes les marches figuratives possibles de son moral. A 23h, ol pleurait sur son lit en avalant un mélange d'eau et de somnifère, en espérant que demain, cette déception aurait disparu. Ol s'en voulait d'avoir ressenti de l'enthousiasme pendant autant de temps pour, évidemment, aucun résultat.