chap quinze

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     L'ex-capitaine de l'Escadron Vidia Kwan était qualifiée par plusieurs de « chanceuse ». C'est vrai qu'elle a eu beaucoup de chance au cours de sa vie. Les dés qu'elle roule à D&D tombent toujours sur 20. Elle n'a jamais de bad hair day. Les seules fois où elle arrive en retard en classe sont lorsqu'elle le décide. Les gens s'arrangent sans s'en rendre compte pour lui donner ce qu'elle souhaite. Et, surtout, chaque action qu'elle pose semble être le bon choix.

     Lorsqu'elle s'était retrouvée dans le stationnement vide, face à l'absence de son avion, elle avait senti un doute horrible. (Était-ce la première fois que quelque chose lui arrivaient sans qu'elle le veuille? Elle ne pouvait pas en être certaine.) L'inquiétude s'empara d'elle. Quiconque avait volé son avion fonçait droit vers la mort si l'univers avait fait que Vidia Kwan n'étais pas dedans.

     Puis le Professeur Charles Xavier lui avait confié la mission de retrouver le Short C-23A Sherpa, et elle retrouva ses espoirs. On lui remit un avion privé conçu pour accueillir un seul passager, commandé automatiquement. Elle s'y installa, et grâce à la légèreté de son appareil, elle fit la distance Institut S.-H. – Takuuja, Alaska beaucoup plus rapidement que ses compagnons suicidaires.

     Ce qu'elle regrettait le plus était d'avoir perdu ses sabres, qui étaient dans la soute secrète de l'avion volé. Elle aurait tellement voulu attaquer la Mastodonte avec eux, mais elle devait faire une croix sur ce rêve. Par chance, elle arriva à Takuuja juste au moment de l'affrontement. Elle vit les autres mutants décevants donner leur maximum à la bataille, mais échouer quand même piteusement. Elle atterrit non loin de la mine et aperçu les cinq enfants se faire bander les yeux puis traîné dans un autre avion par des gens en costume-cravate. Elle courut jusqu'à eux sans se faire remarquer puis monta dans l'avion et se cacha dans une toilette hors d'usage, là où personne n'allait venir la chercher.

     Après 24h sans boire ni manger et très peu de sommeil, c'était assez difficile pour Vidia de garder le rythme. L'avion atterri. Elle vit les gardes prendre les mutants et les amenés dans une caravane noire dans le stationnement de l'aéroport. Elle attendit qu'il n'y ait plus personne, puis couru, sauta sur l'auto en mouvement et s'agrippa au toit. Elle arriva en même temps que les enfants à leur prison. C'est à ce moment qu'elle les perdit de vue. Elle fit un saut à la cuisine, dévora tout ce qu'elle trouva pendant que le cuisinier s'entretenait avec deux gardes puis se cacha dans le système de ventilation.

     C'est entre ces parois qu'elle réalisa que c'était un très bon moyen de se déplacer tout en passant inaperçue au sein de la prison. Elle rampa au hasard, espérant trouver la cellule de ses amis rapidement. Au bout d'un moment, elle décida de descendre, puis atterrie au bon endroit. Quelle chance!

     Le reste était un peu plus chaotique. Dès qu'elle fit monter tous les autres avec elle dans la ventilation, une alarme retentit. Elle les guida à travers le dédale pour trouver la sortie, et finirent par s'évader avec énormément de maladresse. Ils se demandaient comment ils allaient faire pour s'enfuir plus loin, vu qu'ils étaient tous extrêmement fatigués. Puis, par chance, ils aperçurent la caravane noire toujours stationnée là. Ils brisèrent la vitre du conducteur, débarrèrent les portes, puis jouèrent avec les fils de la transmission pour faire démarrer l'auto. Contre toute attente, ça fonctionna. Les six mutants s'enfuirent avec derrière eux les sirènes de la prison.

     Ils passèrent toute la nuit à rouler à travers Singapour. Ils finirent par s'endormir quand ils se sentirent enfin un peu plus en sécurité. Moe, qui conduisait, s'arrêta dans une ruelle juste avant que le réservoir d'essence tombe à zéro. Il posa la tête deux secondes sur le dossier de son siège et sombra automatiquement.

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     Dans un marché extérieur, un cuisinier attendait patiemment derrière son étalage de popiah souk. L'heure du midi approchait, et il s'afférait à préparer la pâte tout en gardant un œil sur la camionnette stationnée à l'autre bout de la place publique. Elle n'était pas là quand il avait fermé son stand la veille. Il espérait que les passagers en sortent bientôt et viennent manger chez lui. Heureusement pour ce cuisinier, cette vanne était remplie de jeunes enfants épuisés, mais surtout affamés.

     Vidia se réveilla la première, autour de 11h30. Son mollet avait décidé de se retourner sur lui-même par hasard, juste parce que ça lui tentait. Vidia ne savait pas si s'était physiquement possible, mais c'est ce qu'elle avait ressenti. Et c'est ça qui l'avait réveillé en sursaut. Elle se redressa avec un petit cri et retroussa son pantalon pour inspecter sa jambe. Tout semblait en bon état, à part peut-être pour la douleur qui striait son muscle jusqu'au tendon de sa cheville. Elle se mit à le masser frénétiquement.

     — Ça va? demanda Moe, en ouvrant un œil.

     Le crie de Vidia l'avait réveillé. Vidia ne connaissait pas très bien ce gars, même s'ils étaient les deux dans la même classe. Elle le voyait souvent trainer avec des mutants plus jeunes, ou alors essayer de draguer des filles sans jamais réussir. Vidia n'avait jamais porté attention à lui vraiment. Elle avait toujours assumé qu'il faisait partie des « gars beaux avec beaucoup trop de confiance ». Maintenant qu'il était juste en face d'elle, elle se rendait compte qu'il faisait plutôt partie des « gars qui se croient beaux avec beaucoup trop de confiance ». Peut-être qu'il était juste fatigué, sal, désaltéré, blessé, et/ou pris en chasse par des hommes en costume cravate. Ou peut-être que même avec une douche et du repos, il aurait quand même l'air de ça.

     — Je sais pas, répondit Vidia.

     — Tu t'es fait mal où?

     Il se tourna vers elle et Vidia pu voir brièvement son propre reflet dans le rétroviseur. Elle était pâle, avec d'immenses cernes, et des cheveux qui n'avaient clairement pas eu accès à une brosse depuis plusieurs jours. C'était la première fois de sa vie qu'elle se voyait dans cet état.

     — Yew...

     — Qué? dit Moe, offusqué.

     — Non, je parle de moi, expliqua Vidia en pointant le rétroviseur. Mes cheveux... Ugh.

     — Bad hair day, fit Moe en haussant les épaules. C'est normal, surtout en mission désastreuse comme celle-ci. Bon, t'as mal où?

     Elle pointa le muscle en question.

     — J'ai senti comme s'il s'était retourné sur lui-même.

     — Durant ton sommeil?

     — Ouais.

     — Ah, c'est simplement une crampe de mollet. Ça m'est déjà arrivé à trois reprises.

     — Ok...

     — C'est sûrement parce que tu l'as beaucoup utilisé – plus que d'habitude, en tout cas. Et ça se peut que tu sois en carence de magnésium.

     — Comment j'arrête ça? demanda Vidia, le visage crispé à cause de la douleur.

     Moe s'extirpa du siège conducteur et alla la rejoindre en arrière.

     — Bouge ton pied un peu, pour étirer les muscles ou le tendons. Ouais, c'est ça, comme ça. Wait, il nous faut du magnésium.

     Moe se mis à fouiller la caravane à la recherche de nourriture.

     — Vous faites quoi? demanda Nassera, réveillée par le bruit.

     Bientôt, Phoebe, Hepzie et Godefroy ouvrirent leurs yeux eux aussi. Après quelques instants de farfouille, Moe ne trouva rien... à part une liasse de monnaie inconnue cachée dans la boîte à gants. Il ne savait pas ça valait combien en dollars, mais il la garda quand même dans sa poche.

     — Pas de chance, dit Moe avec un soupir. Aucune nourriture dans cette vanne. Je crois bien qu'on doit sortir en chercher.

     Vidia resta en silence dans son coin. Elle était perdue dans ses pensées. Elle avait vraiment beaucoup de misère à assimiler ce qui se passer autour d'elle. Elle n'avait vraiment pas l'habitude de perdre autant le contrôle.

     — Allez, on sort, dit Godefroy en se levant. J'ai faim!

     D'un mouvement brusque et maladroit, il ouvrit les portes de la camionnette et sauta hors de celle-ci. Il fut suivi des autres mutants, qui accomplirent cette tâche simple avec aisance. Mais quand ce fut le tour de Vidia, elle trébucha sur ses propres pieds, s'affala sur le sol et grafigna ses mains en essayant d'amortir la chute.

     Moe se précipita pour l'aider. Vidia se sentait rougir. Elle venait de « s'humilier publiquement », si on pouvait dire ça comme ça. Son regard croisa ceux de Godefroy et Nassera, satisfaits. Elle connaissait Nassera, bien sûr. C'était cette fille un an plus jeune qu'elle qui tentait de la surpasser à chaque entrainement, chaque test, chaque compétition. Elle y arrivait presque à chaque fois, mais Vidia gardait systématiquement la première place. Elle se souvenait de Nassera lors des épreuves pour l'Escadron. Elle avait fini première de son groupe au jeu de stratégie et à l'évaluation physique. En plus, elle était ambassadrice de l'Institut S.-H., preuve d'une maturité exceptionnelle et l'habitude de gérer des groupes avec des moyens limités... Nassera avait le profile parfait pour être membre de l'Escadron.

     Le seul obstacle était son pouvoir.

     Décidément, dans cette académie remplie de mutants décevants, Nassera était celle tombée sur la pire mutation. Bon, question de point de vue. Mais pour les aspirations de Nassera, ses rêves, sa personnalité, et l'opportunité offerte, c'était le pire pouvoir auquel on aurait pu penser! Mais personne n'osait le lui avouer. Steven Hawking en personne n'avait pas le courage d'annoncer à cette fille qui voulait tellement aller combattre pour le plus grand bien qu'elle en était intrinsèquement incapable.

     Vidia secoua la tête pour sortir de ses pensées. Elle arriva à replacer Godefroy dans sa tête seulement quand elle le vit à côté de Phoebe. C'était le nouveau qui s'était fait démolir par l'enfant puis par elle-même aux épreuves pour l'Escadron. Elle gardait un souvenir assez hilarant de cette journée. Mais maintenant qu'il se tenait devant elle, et qu'elle voyait toute l'aversion dans ses yeux, elle regrettait d'avoir était aussi avec lui.

     — Ça va? demanda Hepzie. T'as l'air vraiment mal en point.

     Effectivement, en plus de se blesser juste en existant, Vidia était extrêmement déboussolée. Elle répondit seulement :

     — T'inquiète, c'est seulement la fatigue. Allez, j'ai faim.

     Elle commença à marcher – en boitant à cause de sa douleur au mollet. Les mutants se rendirent compte très rapidement qu'ils avaient atterri au plein milieu d'un marché extérieur. C'était l'endroit parfait pour trouver ce qu'ils avaient besoin impérativement : de la nourriture. Moe couru vers un kiosque de fruit et acheta une banane. Il donna un billet à la vendeuse, et elle dû lui remettre en change des tonnes de petites piécettes. C'est à ce moment que Moe réalisa que l'argent qu'il avait trouvé valait extrêmement cher.

     — Wow, mec... murmura Godefroy. On peut acheter tout ce qu'on veut...

     — C'est de l'argent de criminel, rappela Hepzie.

     — Justement. Utilisons-le pour une bonne cause.

     Alors Moe acheta deux bananes de plus. Il les offrit à Vidia en lui expliquant qu'elles contenaient énormément de magnésium, et que ça allait l'aider à prévenir des prochaines crampes de mollet. Vidia était extrêmement mal à l'aise de devoir se faire aider comme ça par quelqu'un – en plus, elle ignorait quasiment son existence à peine quelques jours auparavant. Elle aurait préféré être livrée à elle-même. Au moins là, personne n'aurait assisté à sa chute épouvantable.

     — On va se chercher un vrai dîner? proposa Nassera. Y a le marchand là-bas qui nous fixe depuis qu'on est sortis de la camionnette et il vend des bhays qui ont l'air taste. 

     Elle pointa un cuisiner derrière un étalage de popiah souk. Les autres acquiescèrent et ils allèrent acheter leur dîner là-bas. Ils les dégustèrent sur une table à piquenique à côté d'arbres. Vidia mangeait en silence et guettait nerveusement ce qui se passait autour d'elle. Elle avait des sueurs froides. Était-elle malade? Y avait-il un problème avec sa mutation? Elle n'eut pas le temps d'y penser trop longtemps, car d'un coup, elle reçut un projectile sur la tête et tomba de son banc. Directement dans une crotte de chien anormalement puante.

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heyy!!

je suis revenue de mon voyage humanitaire au Costa Rica ;)

j'ai eu le temps de lire extrêmement de livres sur Wattpad, et tous de la même auteure (je crois que ça a un mini peu modifié mon style d'écriture pour ce chapitre, et ça a définitivement changer des détails dans l'histoire) et yay! lire m'a donné beaucoup d'inspiration pour écrire!!

bref, j'étais tranquillement au Costa Rica, quand quelque chose d'incroyable m'arrive, et me fait penser que l'univers est contre moi... j'ai l'impression que j'en mets trop, mais en tout cas, c'est juste pour vous dire que ce qui se passe dans le prochain chapitre est basé sur quelque chose qui m'est arrivé alors que je marchais casually dans un village Maleku.

bon, à la semaine prochaine!

(on croise les doigts pour que je respecte mon échéance...)

bonne vie!

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