chap dix-sept
Wowwwwwwwwwwwwwwwww ok, cette fois, deux mois d'attente pour un chapitre, c'était un coup-bas. Désolée.
Mais, à ma défense, ce chapitre compte 5 000 mots. Appréciez-le. (bdv j'aurais pu publier 4 chapitres différents... car celui-ci est séparée en quatre parties chacune assez longue, assez complexe, et assez spécifique pour être individuelle... mais je préférais le publier d'un coup parce qu'ils était reliés et que ça me tentait. ¯\_(ツ)_/¯)
Bref, bonne lecture
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Moe était en train de somnoler quand il entendit des pas précipités, l'empêchant de sombrer dans le sommeil. Déçu d'avoir ainsi été éloigné d'une sieste libératrice, il leva les yeux avec résignation. Vidia Kwan se tenait devant lui, l'air à la fois mal à l'aise et soulagée.
— Ah... heu... je voulais juste vérifier où vous étiez, toi et Hepzibah...
Elle avait l'air paniquée. Pour absolument aucune raison. Moe se dit que les chemises hawaiiennes surdimensionnées lui allaient bien.
— J'avais peur qu'ils vous soient arrivés quelque chose. Les méchants en costume cravate auraient pu nous retrouver...
Moe ricana.
— Haha, je crois pas qu'ils auraient fait ça assez silencieusement pour que ça te réveille pas... ou alors qu'ils ne re-capturent que deux d'entre nous.
— Ouais, haha, dit Vidia nerveusement.
Elle se grata la tête et fuit son regard.
— Pas de crampe de mollet? demanda Moe nonchalamment.
— Quoi? Ah, heu... non.
Il prit une grande respiration. L'air matinal était vraiment agréable. Avec l'ambiance, et tout. Dommage qu'il était au plein milieu d'une mission-suicide qui avait mal tourné.
— En passant, tes cheveux sont beaux aujourd'hui, remarqua Moe.
— Oh. Heu, merci.
— I guess que ta chance est revenue.
Il s'étira, forçant Hepzie à se réveiller pour de bon.
Vidia, qui n'était décidément pas habitué à ce genre de situation essayait de camoufler son rougissement. Au moment où elle se tourna vers la chambre, ils entendirent le bruit de la douche à l'intérieur couler.
— Ugh, soupira Moe en roulant des yeux. Nassera prend trop de douches.
— Tu crois que le gouvernement se sert des douches pour faire des lavages de cerveaux? marmonna Hepzie, à moitié réveillée.
Vidia ricana. Même ceux qui ne connaissaient pas Moe personnellement étaient au courant de ses croyances en théories du complot.
— Nah, dit-il sérieusement (et contre toute attente). C'est mauvais pour la peau et les cheveux de se laver à tous les jours... et pour l'environnement aussi.
— Oh...
C'était toujours déstabilisant lorsque Moe tenait des propos sensés.
Lui, Hepzie et Vidia retournèrent à l'intérieur de la chambre.
— On peut descendre manger? leur demanda Godefroy.
— Il y a un buffet à volonté, en bas, annonça Phoebe.
— Parfait.
Il jeta son sac d'emplettes sur l'épaule (rempli de toutes les choses qu'ils avaient acheté la veille) et s'engouffra à travers la porte. Il fut suivi d'Hepzie et Vidia, puis Moe qui demanda à Phoebe de rester dans la chambre d'hôtel afin d'avertir Nassera.
Cette dernière sortie de la douche au bout d'une dizaine de minute, ses cheveux humides attachés en chignon et arborant des vêtements de touristes typiques. Elle fut surprise de ne croiser personne dans la chambre à part Phoebe.
— Les autres sont où? demanda Nassera en regardant autour d'elle.
— Les gens en costumes-cravates les ont kidnappés, dit-elle calmement.
— Quoi?
Nassera parcourue leur chambre mais ne vit aucune trace des autres mutants.
— Tu mens ou tu dis la vérité? s'enquit-elle en retournant des couvertures.
— J'ai mentis, avoua Phoebe.
À ce moment, Moe rentra dans la chambre.
— Il ne semble pas y avoir de buffet à volonté en bas, déclara-t-il.
— J'ai menti pour ça aussi...
Godefroy et Vidia furent vraiment choqués d'avoir été ainsi induits en erreur. Moe pris Phoebe dans ses bras et lui dit d'un ton faussement grondeur : « Arrête de mentir pathologiquement comme ça, espèce de mythomane. »
— Pardon, bredouilla Phoebe en se refrognant.
Vers huit heures, les mutants sortirent ensembles de la chambre en apportant tout avec eux et en ne laissant personne derrière. Ils décidèrent de déjeuner dans un café qu'ils avaient repéré depuis le balcon de l'hôtel. Là, assis autour d'une mini-table qui ne comptait d'habitude que quatre chaises, ils commandèrent des cafés, des jus de fruits, des protéines et des fibres, plus une part de gâteau.
Alors que Hepzibah, Godefroy et Vidia sirotaient leurs cafés, Nassera s'engouffrait d'omelette et Phoebe, de gâteau, Moe aborda les évènements de Takuuja.
— J'ai pu voir quelque chose... avec mes lunettes bioniques, avoua-t-il.
— Quoi? fit Godefroy en prenant un air conspirateur.
Nassera leur dit de baisser d'un ton. Le serveur commençait à leur lancer des regards suspicieux.
— Le Mastodonte.
— Tu veux dire Hulk-Saïyen?
— Oui, lui. Il semblerait qu'on s'y prenne de la mauvaise façon depuis le début. Vous avez remarqué qu'à chaque fois qu'on le blessait, il avait l'air de devenir plus gros et plus fort?
D'une même voix, les cinq mutants répondirent « oui ». Le serveur alla chuchoter quelque chose au caissier, et les deux se mirent à épier ce regroupement de touristes insolites.
— Ben ce n'était pas qu'une impression. Lorsque j'ai foncé sur lui avec ma machine, à la mine, j'ai pu voir la décharge d'énergie transférée lors de l'impact. Ça a fait comme un éclair qui a parcouru tout son corps et qui a rendu la puissance de ses muscles exponentielle.
Hepzie se mit à trembler.
— Il n'y a donc aucun moyen d'en venir à bout? s'inquiéta-t-elle.
Personne n'eut le temps de renchérir. Une camionnette venait de se garer avec un crissement de pneus juste devant le café. Son logo orange et blanc rappela quelque chose à Godefroy. La vanne n'était pas noire, comme celle qu'ils avaient volée, mais définitivement du même modèle. Moe, Nassera et Vidia réagirent instinctivement en bondissant sur leurs pieds.
— Qu'est-ce qui se passe? s'inquiéta Phoebe.
Aussitôt, la porte coulissante s'ouvrit. Les mutants purent brièvement lire « Tressler Mines Corp. » sur la porte et commencèrent à s'alarmer définitivement. Beef Mulan sorti de la fourgonnette aux côtés de Celui avec des Lunettes, tous deux armés.
— Oups.
Les mutants se mirent automatiquement à courir dans la direction opposée. Moe bu cul-sec le reste de sa boisson, puis pris ses jambes à son coup. Les rues étaient remplies de gens, touristes et locaux confondus. Malgré les couleurs psychédéliques de leurs propres habits, ils purent se fondre dans la foule.
De temps en temps, Nassera regardait derrière son épaule. À chaque fois, elle voyait encore Beef Mulan et Celui avec des Lunettes qui les suivaient inlassablement. Il n'y avait décidemment aucun moyen de les semer...
— Il faut qu'on se sépare! cria-t-elle à l'adresse des autres.
— Non, riposta Hepzie. On est un groupe! On reste ensemble!
— Si on se sépare, on sera plus compliqués à rattraper! approuva Moe.
Personne ne répliqua et tout le monde compris ce qu'ils avaient à faire. D'un coup, Moe attrapa Vidia par le bras et bifurqua dans une allée. Nassera sprinta vers une intersection et tourna à droite. Hepzie et Phoebe continuèrent à gauche. Quant à Godefroy, il trébucha dans ses propres pieds, tomba sur un étalage de carte-postale souvenir et s'étala au sol. Quand il se releva, il avait perdu tous ses repères. Il se remit à courir dans la direction opposée à ses assaillants.
♜ Hepzie & Phoebe ♟
Hepzie détestait courir. Son cardio n'était pas du tout développé. Ses jambes maladroites ne savaient pas comment bouger. Elle ne savait pas où aller, sa tête tournait, et l'adrénaline n'allait pas durer indéfiniment... Bref, Hepzie devait s'arrêter.
— Stop! St...
Phoebe, elle, se portait un peu mieux. Courir n'était pas agréable, mais c'était supportable vu les circonstances. Elle regarda en arrière pour voir où en était rendu son amie. Hepzie ralentissait de plus en plus, puis fini par s'arrêter complétement, les mains appuyées sur ses genoux, à chercher désespérément sa respiration.
— Ne t'arrête pas! Ils vont nous rattraper!
Hepzie ne répondit pas. Elle était encore en train de reprendre son souffle.
— T'es capable! l'encouragea Phoebe. Let's go, c'est parti!
— Attends... U-Une... Min... Minute... S'il te plait... Ffff!
Phoebe regardait autour d'elle nerveusement. Les gardes en costume-cravate pouvaient sortir de n'importe où à n'importe quel moment. De plus, cette rue était vide, donc il n'y avait aucun témoin oculaire pour appeler la police ou leur venir en aide.
— Tu te rends compte qu'on ne peut pas rester là... insista Phoebe.
— On ne peut pas fuir indéfiniment non plus... ajouta Hepzie.
— Mais...
Phoebe inspecta la rue autour d'elle de nouveau.
— ... Si on ne fuit pas, ça veut dire qu'on va devoir se battre.
— Je déteste me battre, admit Hepzie. J'ai toujours l'air ridicule de loin. Et je fais des bruits bizarres quand j'ai peur. Et mes coups sont aléatoires et sans aucune technique. Il y a une chance sur deux que je fasse n'importe quoi et me blesse gravement.
— Tu retiens toujours ta force lors des entrainements, dit Phoebe en s'étirant les bras. Ne te brime pas et tout se passera bien.
— Mais j'ai peur de les blesser...
— Ce ne sont plus des élèves, là. C'est des méchants en costumes-cravates qui veulent nous kidnapper.
Phoebe remonta les manches de son T-shirt avec détermination. Hepzie s'étira aussi pour se préparer à l'affrontement.
Les deux mutantes se tinrent immobiles au milieu de la rue. Elles entendirent des bruits de pas venir dans leur direction. Sans aucun doute, c'était un des gardes. Il était seul, heureusement. Finalement, l'idée de Nassera avait porté fruit.
Malheureusement pour elles, Celui avec des lunettes était armé. Il avait un gun attaché à sa ceinture, et il avançait, confiant.
— J'espère qu'il ne va pas attaquer des enfants sans défense avec ça? s'indigna Hepzie.
— Hey! Enflure! T'as des principes ou quoi?! cria Phoebe.
Celui avec des lunettes ne comprenait pas ce qu'elles disaient, mais il saisit le sens des propos. Il regarda son pistolet, puis les deux filles, et son pistolet à nouveau. Il ricana et le saisit. Hepzie et Phoebe sursautèrent. Mais Celui avec des lunettes sortie les munitions, les jeta de l'autre côté de la rue, et rangea le gun. D'un signe de main de film de kung-fu, il fit signe à ses adversaires d'approcher.
Phoebe, la plus confiante et la plus expérimentée en art martiaux, se jeta sur lui avec un cri enragé. Elle para tous ses coups, réussi à le frapper deux fois aux côtes, et fini par lui faire perdre l'équilibre d'un coup de pied bien placé. Celui avec des lunettes se releva d'un seul bond. Il ne semblait pas du tout affecté par ce qui venait de lui arriver. Il recommença à attaquer Phoebe, cette fois plus précisément et plus furieusement.
— Hepzie! J'ai besoin d'un peu d'aide, là!
Hepzie était toujours figée ; elle n'avait pas bougé un muscle depuis tantôt. Elle se ressaisit quand Phoebe appela son nom à nouveau. Elle hésita, puis se mit à courir vers Celui avec des lunettes. Elle le poussa violemment sur le sol. Il roula sur lui-même, s'égratigna les mains sur le sol et resta affalé quelques secondes. Hepzie battait des niveaux d'anxiété. L'avait-elle tué aussi facilement? Ou pire, allait-il la tuer parce qu'elle ne l'avait pas assez blessé?
Celui avec des Lunettes se leva lentement et essuya un filet de sang coulant de sa joue. Il retira lentement ses lunettes – on pouvait voir qu'elles étaient raturées. Doucement, il les posa dans une poche intérieure de son veston chic. Il avait l'air profondément blessé dans son ego, ce qui rendait Hepzie encore plus nerveuse.
— Heu... Phoebe...
Phoebe aurait voulu l'aider, mais Celui avec des Lunettes l'avait complétement ignoré et courait en direction de Hepzie. Cette dernière esquiva son coût par réflexe. Elle continua de reculer pendant que le garde s'acharnait à donner des coups dans le vide.
— Attaque! conseilla Phoebe.
— Comment ??
La petite fille se jeta sur Celui sans lunettes, mais il ne semblait nullement affecté par ça. Il continuait de se déplacer librement et d'effectuer ses gestes avec tellement d'agilité qu'on avait de la difficulté à croire qu'un enfant était accroché sur son dos, criant des insultes à tue-tête.
— Donne un coup! cria Phoebe. Inquiète-toi pas de le blesser, c'est un méchant! Je sais que tu as la force!
Hepzie décida de faire confiance à son amie et donna un coup de poing dans le ventre du garde. À l'Institut, on leur apprenait surtout à frapper les visages parce que briser le nez de quelqu'un était la façon la plus facile de le désarçonner. Ça pouvait fendre une lèvre, ou alors causer une commotion cérébrale. Hepzie avait toujours été dégoutée par ça. Elle n'aimait pas se battre. Elle n'aimait pas blesser les gens intentionnellement, ni se faire blesser elle-même. Déjà que tout la stressait, n'allez pas lui demander d'accomplir une action aussi moralement grise que de se battre.
C'est pour ça qu'elle frappait dans le ventre. C'était à hauteur de poing, c'était moins violent, mais ça faisait tout aussi mal. Aussi, un torse, dos ou tronc, c'est quand même plus gros – donc plus facile à viser – qu'une tête.
Hepzie frappa Celui sans lunettes ainsi à plusieurs reprises. Elle agissait avec le corps déconnecté du cerveau. Sa tête était engourdie, mais en même temps, ses neurones tournaient à toute allure. Elle n'arrivait plus à penser donc toutes ses idées s'entrechoquaient dans sa tête. Elle entendait au loin la voix de Phoebe qui l'encourageait. Elle devait sûrement faire la bonne chose, non? Ses membres, eux, ne faisait que cogner. Ses poings cherchaient une prise inlassablement. Ses coups, même si pas si fort que Phoebe de l'aurait espéré, avait un effet dévastateur sur le garde. Bientôt, il finit par s'écrouler, et Hepzie sortie de sa transe.
Elle se sentait mal de s'être déchainée ainsi. Phoebe, quant à elle, était aux anges. Son amie venait d'accomplir un exploit, c'est-à-dire battre à elle seule un garde formé en art martiaux professionnels. Alors que du reste de sa vie, elle n'avait jamais rien accompli qui se rapprochait de ça.
— Qu'est-ce que j'ai fait? demanda Hepzie, les mains sur la bouche.
Phoebe se rapprocha du corps de Celui sans lunettes. Il était vivant, il n'y avait aucun doute : il respirait, il bougeait même un peu le bout des doigts.
— C'est bizarre, remarqua Phoebe en soulevant son chandail.
— Mais qu'est-ce que tu fais? Arrête de violer les cadavres! s'écria Hepzie en se précipitant sur Phoebe.
— Ne dis pas des choses comme ça. Je ne vais pas le violer, je regarde les marques que tu lui as laissé sur le chest.
Phoebe pointa les plaques rouges et sèches en forme de poings qui étaient apparues sur son ventre.
— On dirait... que tu l'as déshydraté.
— Quoi? s'exclama Hepzie.
— C'est comme si tu avais punché l'eau out of him.
— Répète???
Phoebe mis son index sur son menton et réfléchit.
— On dirait que, d'une certaine mesure, tu peux aussi repousser l'eau.
— Je la repousse déjà...
— Non, je veux dire... À la place de ne juste pas réussir à la toucher, elle s'éloigne de toi. Du moins, quand tu te bats. C'est la première fois que ça t'arrive?
— Oui, dit Hepzie. Il va s'en sortir, tho? Je suis inquiète.
— Mais oui, tout ce qui lui est arrivé, c'est être déshydraté au point de perdre connaissance. Il a eu un coup de chaleur, en gros. Il se réveillera d'ici quelques minutes. Juste le temps pour nous de nous enfuir.
Sans plus attendre, Phoebe saisit la main de Hepzie, ramassa les munitions jetées par le garde et s'enfuit à toutes allure.
♚ Vidia & Moe ♛
Vida et Moe étaient en train de courir le long de la ruelle étroite. Il n'y avait personne à part eux deux, mais ils étaient encore terrifiés par l'idée d'être suivis.
— J'espère que t'as encore de la chance... souffla Moe.
— J'espère pas! Ça veut dire qu'on va laisser ces enfants inexpérimentés se battre contre les méchants!
— Haha, crois-moi, ils sont loin d'être inexpérimentés.
Ils bifurquèrent dans une rue, puis passèrent derrière les bennes à ordures d'un restaurant touristique et aboutirent sur un chemin de terre. Ils croyaient être arrivés à un endroit reclus, mais quelques pas plus tard, ils croisèrent une mer de touriste. Et aussi, la mer.
Ils étaient arrivés sur une plage.
— Pause? demanda Moe à bout de souffle.
Vidia le considéra avec amusement.
— Je pensais que tu étais en bonne forme physique pourtant.
— Je suis pas encore complétement rétabli de tout ce qui s'est passé depuis les derniers jours... Mal de tête, courbature, torticolis, nausées. Et mes articulations me font mal! Est-ce que je grandis ou je fais de l'arthrite précoce?
— Oh, pauvre toi, railla Vidia sur un ton faussement compatissant. Viens, on se met à l'ombre... Tu risques de faire une insolation.
— Ha. Ha. Ha. Très drôle, marre-toi d'un latino soufrant. Si ça c'est par du racisme moderne...
Vidia rigola, puis se rappela qu'ils étaient pris en chasse.
— Allez, on continue de s'éloigner, dit-elle en le tirant par la main.
Ils commencèrent à marcher sur la plage. Au début à pas rapide, puis de plus en plus nonchalamment. Ils remarquèrent que ni Beef Mulan ni Celui avec des Lunettes ne semblaient les avoir suivi. Par contre, Moe n'arrêtait pas de sursauter à chaque fois qu'il apercevait quelqu'un au loin d'habillé en noir.
— Non mais vous vous ressemblez tous!
— Pff, si ça c'est pas du racisme moderne... dit Vidia en secouant sa tête.
Elle remarqua qu'elle n'avait pas encore lâché sa main. Elle rougit et tenta de l'enlever, mais elle le fit un peu trop brusquement à son goût. Moe ne semblait pas avoir remarqué ; il s'était arrêté et fixait un kiosque de crème glacée sur la plage.
C'était lui qui détenait la liasse d'argent malhonnête donc il ne se priva pas et alla en acheter. Vidia dû commander pour lui puisque le caissier ne parlait ni anglais ni espagnol.
Ils s'assirent sur des marches à qui donnait une vue sur la plage. Il devait être midi ou quelque chose comme ça car leur ombre rapetissait et les commerçants de rues devenaient de plus en plus bruyants. Moe mangeait sa glace avec trop de sérénité, selon Vidia. Elle était complétement stressée par les gardes du corps du Mastodonte. Tout ce qu'elle espérait, c'est que l'un d'eux apparaisse de nulle part et l'attaque. Là, au moins, elle pourrait faire quelque chose et évacuer son angoisse. Là, au moins, elle ne resterait pas à attendre et à rien faire comme... une proie.
En fait, ce qui la rendait le plus mal à l'aise, c'était être seule avec Moe. Vidia ne lui avait presque jamais adressé la parole de sa vie à l'Institut S.-H. Et là, elle avait parcouru la moitié du globe pour venir le sauver, lui et ses jeunes amis. En plus, son rôle se devait d'être la « sauveuse ». Elle devait arriver, majestueuse et formidable, les arracher des griffes des méchants et les sauver du pétrin dans lequel ils s'étaient embarqués. À la place, elle souffrait de crampes de mollet et tombait tête première dans des crottes de chiens. Vidia se sentait piteuse et inutile.
— En passant, on est reconnaissant, dit Moe en ajustant ses lunettes de soleil.
Vidia sorti de ses pensez et tourna se visage vers lui.
— Pour nous avoir sauvez de la prison... ajouta-il. Sans toi, on aurait croupi là je-sais-pas-combien-de-temps avant que Stephen Hawking ou Charles Xavier ne vienne nous libérer. Ç'aurait été extrêmement humiliant. En plus, le Mastodonte aurait eu moins de fil à retorde. Bref, merci d'être venu.
Vidia sourit et gloussa :
— Haha, t'inquiète, c'est rien...
Elle reporta son attention sur la plage et les vagues. Elle se trouvait idiote de ne pas être capable d'arrêter de sourire. « Pourquoi est-ce qu'il me réconforte aussi facilement? » pensa Vidia en levant les yeux au ciel.
Elle n'était pas la seule à être troublée par la capacité de Moe à savoir ce qui dérangeait les autres. Non seulement il pouvait identifier les incertitudes de n'importe qui, mais il savait aussi trouver les mots justes pour remonter le moral. Quand Hepzie l'avait rencontré pour la première fois, elle était sûre que c'était ça, sa mutation. « Psychologue surréel. » Mais il s'avérait que c'était juste un aspect de sa personnalité. Et Nassera en doutait même que Moe en soit conscient. Il le faisait naturellement. Ce n'était rien d'exceptionnel pour lui de se soucier de ses amis et de savoir exactement quoi faire pour qu'ils se sentent mieux.
— T'as chaud? Ton visage est rouge, s'inquiéta Moe.
— Non, ça va...
Elle essaya de se cacher. Tout ça devenait trop embarrassant.
— Non, attends, tu risques de faire une insolation. Viens, on bouge à un endroit plus frais.
Au moment où ils décidèrent de se lever, Vidia entendu des pas courir dans leur direction. Son corps se mis automatiquement en mode « défense » et elle bondit sur ses pieds, prête à attaquer férocement le garde qui foncerait sur eux.
♞Nassera & Godefroy ♝
Godefroy était complétement déboussolé. Il avançait dans les rues de façon chaotique et en choisissant ses pas aléatoirement. Il était encore sonné d'être tombé sur un étalage de carte postales. Il était encore en mode fuite, survie, donc il n'arrivait pas à prendre des décisions menées par autre chose que l'adrénaline et l'instinct.
Godefroy finit par se laisser choir dans une ruelle sombre, derrière une poubelle. Il profita de cette cachette pour reprendre son souffle et ses esprits. Dans sa tête, deux concepts se battaient continuellement : son autoconservation et son égo. Son autoconservation était celle qui l'avait fait courir jusque maintenant. Elle l'avant fait fuir du danger, parce que tout ce qu'elle veut, c'est que Godefroy reste en vie, en bonne santé et non-traumatisé. Son égo, quant à lui, lui faisait espérer que les gardes l'aient suivi. Il voulait à tout prix initier un combat pour enfin faire ses preuves – aux autres mutants décevants et surtout à lui-même. Après tout, c'était à cause de lui qu'ils étaient tous rendus là. C'est lui qui avait volé l'avion et qui était prêt à n'importe quoi pour montrer à toutes l'Institut qu'il ne pouvait pas se faire battre aussi facilement que lors des combats du recrutement.
Décidé, Godefroy se leva et saisit deux couvercles de poubelles. Il commença à les frapper l'une dans l'autre telles des cymbales en criant : « You-hou! Je suis ici! » Il avança de quelques pas pour qu'on puisse le voir à partir de la rue principale.
— Hey! Les gardes en costumes-cravates! Vous venez ou vous avez trop peur?
Soudain, il reçut un projectile dans le dos. Pendant un bref instant, il fût terrifié de s'être fait tirer dessus et de mourir de façon aussi bête. Puis il se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'une balle de fusil mais d'un trognon de pomme pourrie.
— Yew...
— Yew toi-même! s'écria Nassera en sortant d'une autre ruelle.
Elle sortit de sa cachette et avança vers lui. Godefroy resta là sans bouger, trop offusqué de s'être fait lancer un détritus dessus. « Elle n'a aucun droit de me traiter comme Lester Papadopoulos! », pensa-t-il. D'un geste, Nassera saisit ses cymbales artisanales et les lança derrières elles.
— T'es un gros con, tu le sais??
— Hey, tu fais quoi à me parler comme ça?
— T'es au courant qu'on essaye de passer inaperçu ?? Ya rabi, pourquoi il m'a suivi?! Parmi tous les chemins que tu aurais pu prendre...
— Ne réagis pas comme ça! Je sais ce que je fais.
Nassera le foudroya du regard.
— Non, pour vrai. Je ne veux pas fuir, je veux combattre!
Cette fois, Nassera du se retenir de ne pas lever sa main pour le gifler. Au lieu, elle le saisit et l'entraîna à nouveau dans la ruelle.
— Hey, laisse-moi, ça va!
Comme beaucoup de personnes, Godefroy détestait se faire malmener. Surtout maintenant qu'il était déterminé à faire quelque chose d'autre que d'être passif et attendre les ennuis.
— Ne me traite pas comme un imbécile! cria Godefroy en se libérant.
— Chut...
— Non! Je veux arrêter de fuir mes problèmes! Il est temps de les confronter!
— Je comprends, chuchota Nassera furieusement, mais tu ne choisis pas vraiment ton moment pour...
Elle fut interrompue par un grincement qui venait d'au-dessus d'eux. Alors que les deux mutants levaient les yeux vers la provenance de ce bruit, en haut des bâtiments qui encadraient cette ruelle étroite, ils comprirent quelle en était son origine...
Beef Mulan.
Elle se tenait comme un chat – ou un Spider-Man – sur le bord du toit. D'un geste gracieux, elle descendit en s'agrippant à un escalier de secours et fit un saut impressionnant pour atterrir devant les mutants. Aussitôt, Godefroy se mit à courir.
— Tu rigoles? C'est là que tu de défile? s'indigna Nassera.
Mais après tout, elle s'en foutait. Maintenant qu'elle avait un adversaire devant elle, en chair et costume cravate, elle eut le même cheminement mental que Godefroy. L'idée de battre Beef Mulan et de faire ses preuves au monde, et surtout à Stephen Hawking, était très alléchante.
Aussitôt, Nassera donna un coup de pied pour désarmer son adversaire. Elle kicka l'arme à feu hors de ses mains avant que Beef Mulan ait le temps de la braquer. Celle-ci, offusquée, riposta en descendant au sol et en faisant perdre l'équilibre à Nassera grâce à un coup dans les jambes. La mutante tomba par terre (et aperçu brièvement qu'était devenu Godefroy lors de sa demi-seconde affalée).
Le jeune garçon se trouvait dans un cul-de-sac. Il y avait une clôture qui barrait la ruelle, l'empêchant de s'enfuir pour de bon. Il regarda derrière lui, pris au dépourvu. Son cœur battait à tout allure. Il ne savait pas quoi faire.
Rester là? Non, il se sentirait pitoyable après...
Trouver une autre échappatoire! Tentant... mais non. C'est encore plus pathétique que de rester là à rien faire pendant que Nassera se battait pour sauver son pauvre petit cul de blanc arrogant.
Aller l'aider? C'était évidemment la chose à faire, mais Godefroy ne pouvait pas s'y résoudre. Dès que le danger était apparu, la partie ego de son cerveau s'était barré. Il n'était qu'en mode survie. Il voulait fuir absolument.
Mais il voyait Nassera en train de se battre et ne put s'empêcher d'être impressionné. Elle était née pour ça. Tous ses mouvements étaient contrôlés. Précis et destructeurs, afin d'affliger le plus de dommage possible. Quand son adversaire ripostait, elle esquivait ou barrait les coups de manière presque naturelle. On dirait que tous ses réflexes étaient réveillés, qu'elle pouvait déduire les mouvements de son adversaire sept coups à l'avance...
D'un coup, Godefroy se sentit incroyablement mal. Par rapport à lui-même. Il avait volé un avion, et il n'avait même pas été fichu de le faire décoller. En Alaska, il avait figé et s'était fait capturé sans même avoir combattu. Et là, après avoir attiré les méchants vers lui, il se défilait encore. Dés la première seconde de son périple, il avait été aidé par les autres mutants décevants. Il n'était rien. Il se sentait mal.
Il avait envie de vomir tellement il était dégoûté par lui-même. N'allait-il rien accomplir de toute sa vie? Être sauvé et ne jamais sauver en retour, c'était ça, ce qui l'attendait?
Ironiquement, en ce moment de crainte et d'angoisse, Godefroy se mit à penser à son idole. David Bowie. Cet homme représentait tout pour lui. Au début de sa carrière, il changeait de groupe encore et encore et chacune des chansons qu'il sortait étaient des échecs cuisants. Mais il a continué. Et il est devenu l'un des plus grand chanteur rock des années 70 et 80.
David Bowie avait persisté et il a finalement accompli ce qu'il avait à accomplir. Godefroy eut d'un coup les paroles de chanson dans la tête.
We can be heroes
We can be heroes just for one day.
Il regarda Nassera tomber à nouveau sur le sol et se faire menacer par Beef Mulan. Elle avait sorti un poignard de nulle part et le pointait dangereusement vers son amie au sol.
Un jour, sûrement, Godefroy allait être à la hauteur de ses propres attentes. Mais pour réussir, il fallait forcément qu'il prenne des risques...
Son cerveau débugga et il se mit à courir vers Beef Mulan. Primo, il venait de se rappeler que les méchants en costume-cravate avaient confisqué son sac-à-dos, celui-ci contenant son mp3 saturé de musique de David Bowie. Deuxio, même s'il n'affectionnait pas totalement Nassera, il ne voulait pas être celui qui avait laissé une mutante mourir devant lui sans rien faire.
Godefroy aurait tué pour avoir « Heroes » blasté sur des haut-parleurs lors de son combat avec Beef Mulan. Ça lui aurait donné l'air tellement plus cool. Mais il chantait la chanson dans sa tête à la place, et ça lui convenait pour l'instant.
Godefroy attrapa Beef Mulan par les poignets pour l'empêcher de poignarder Nassera. Elle était vraiment plus forte qu'il ne pensait. Quand Nassera la combattait, elle avait l'air fragile et vaine. Maintenant, c'était une montagne de muscle et de colère. Et c'était Godefroy qui la mettait en colère.
Il regretta tout de suite sa décision. Son estomac fit un tour complet quand Beef Mulan s'extirpa de ses mains d'un geste brusque et brandit sa dague dans sa direction. Heureusement pour le pauvre Godefroy, cette distraction était ce dont Nassera avait besoin pour se remettre sur pied. Elle saisit le bras de Beef Mulan dans son mouvement et se servir de la force de son adversaire contre elle pour ramener son bras vers le bas.
Godefroy ne comprit pas tout de suite ce qui se passa juste après. Il avait vu le mouvement rapide, presque chirurgical, de Nassera. Le temps qu'il réalise qu'il était sain et sauve, il remarqua aussi que Beef Mulan s'était effondrée. Nassera plaqua ses mains sur sa bouche et regarda la méchante en costume-cravate. Godefroy suivit ses yeux et découvrit ce qu'elle fixait : la dague, plantée dans le flanc de Beef Mulan. Au même endroit, il y avait une tâche sombre qui s'agrandissait.
Derrière la barrière du cul-de-sac, un enfant se mit à crier en cantonais.
— On doit partir, murmura Godefroy.
Nassera resta figée.
— Ça va aller, lui dit Godefroy en lui prenant les épaule. On doit s'en aller sinon on va avoir encore plus de problèmes.
Nassera acquiesça lentement puis tant la main vers Beef Mulan. Elle toucha son poignet pour voir si elle avait encore un pouls.
— AÏE!
Et elle toucha sa côte à elle pour voir qu'est-ce qui avait causé la douleur. Elle avait l'impression d'avoir quelque chose de planté dans la peau. Elle arrivait presque à sentir quelque chose de chaud couleur le long de son flanc. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passe, Godefroy était déjà en train de l'entrainer vers la rue.
Nassera couru avec difficulté et eut de la misère à coordonner ses pays à cause de la douleur.
Quand ils furent assez loin, Godefroy s'arrêta, à bout de souffle. Nassera se laissa tomber car elle n'avait plus la force de rester debout. Elle tapota son flanc furieusement mais ne sentit rien. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir ?? Commet elle avait pu se faire blesser alors qu'elle était toujours sur ses gardes?
— Nassera, parle-moi! Y a quoi?? Demanda Godefroy, affolé.
— Je crois que Beef Mulan m'a planté un truc là pendant qu'on se battait. Please, enlève-le ça fait grave mal.
— Wait non, si on l'enlève, ça risque de te tuer.
— Ça dépend de ce que c'est! Regarde, bon sang!
Embarrassé et inquiet, Godefroy souleva un bout de la chemise de Nassera pour voir la plaie.
— Y a du sang qui coule?
Il resta muet.
— Godefroy, réponds-moi!
Il leva les yeux vers elle, troublé. On dirait qu'on venait de lui dire « Stephen Hawking est mort » sur un ton sérieux.
— C'est quoi? Un couteau? Une aiguille? Un dard? continua Nassera.
— Man...
Godefroy se leva et croisa les bras.
— Si tu voulais show-off tes abdos et me faire feel bad, c'est réussi. Y a absolument aucune blessure sur ton flanc.
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