Intouchable

Vous voyez, je n'ai jamais été du genre à avoir des regrets. Mon travail ? Je le faisais avec soin. Chaque détail comptait. Certains diraient que je suis... perfectionniste. Ce que j'ai fait, ce n'était jamais personnel. Uniquement professionnel.

Mais il y a quelque temps, quelque chose a changé. J'ai commencé à avoir cette impression étrange, cette sensation d'être suivi. C'était subtil au début, un léger frisson, comme une ombre qui glisse juste derrière vous. Rien qui m'aurait vraiment inquiété. Après tout, qui aurait pu me faire peur ? J'étais intouchable.

Puis, un soir, je les ai vus. Des visages blancs, des silhouettes floues dans le coin de mon champ de vision. Je ne m'en suis pas soucié au départ. Que pourraient-ils me faire, eux qui n'étaient plus que des souvenirs ? Juste des ombres, mortes de ma main, incapables de me nuire. Alors je continuais, sans hésitation.

Parce que ce n'est pas seulement le fait de tuer. Non, ce serait bien trop facile. Ce qui m'anime vraiment, c'est de les voir agoniser. Leurs visages déformés, leurs corps tremblants sous la douleur... c'est un art, un véritable chef-d'œuvre.
Avec chaque nouvelle victime, je m'efforce d'innover. L'art du supplice, c'est de savoir capturer l'instant où l'espoir les quitte. D'abord, l'incompréhension dans leurs yeux, puis la terreur qui s'installe lorsqu'ils comprennent que je suis leur dernier visage. Ce moment, ce tout petit moment où ils réalisent... C'est là que je trouve mon plaisir.

Puis, quand la souffrance s'éternise, quand ils supplient, c'est comme si le temps se suspendait. Je les regarde sans un mot, savourant chaque cri, chaque souffle coupé, chaque spasme de douleur. Quand enfin la vie les quitte, je ressens une satisfaction profonde, presque apaisante. Chaque nouvelle mort est comme une œuvre parfaitement achevée. C'était dans ma nature, je n'allais pas m'arrêter pour quelques fantômes. Ils étaient là, c'est vrai, mais impuissants. Déjà morts.

Pourtant, ils revenaient toujours. Chacun d'eux, chaque victime, se rajoutait aux précédentes, formant une sorte de cortège silencieux. Ils ne faisaient rien. Ils se contentaient de m'observer, de me fixer de leurs yeux vides, sans expression. Je les sentais autour de moi, leur présence devenant plus oppressante chaque jour.

Mais ils ne me faisaient pas peur. Ils ne pouvaient rien contre moi. J'étais vivant, eux non. J'étais aux commandes. Et puis, qui aurait peur d'un mort, n'est-ce pas ?

Cependant, ils ne se contentaient pas de m'observer. Ils semblaient se rapprocher, de plus en plus près. Une nuit, j'ai essayé de dormir, mais en fermant les yeux, j'ai senti leur souffle derrière moi. J'ai ouvert les yeux en sursaut, et ils étaient là, dans l'obscurité, me fixant toujours avec leurs visages livides, sans un mot.

Puis, aujourd'hui, ça a atteint un point de non-retour. En sortant dans la rue, ils m'encerclaient. C'était comme si l'air lui-même devenait lourd, irrespirable. Ils se pressaient autour de moi, leurs silhouettes floues formant un mur invisible qui rétrécissait, m'étouffait. Je tentais de voir devant moi, mais ils m'aveuglaient, m'enveloppaient comme une nuée de spectres.

J'ai continué à marcher, mes pieds avançant mécaniquement. Soudain, un éclair de lumière, un bruit de moteur qui hurle. Trop tard. Je n'ai pas vu la voiture arriver.

À cet instant, je les ai regardés, ces visages qui m'entouraient. Et pour la première fois, ils souriaient. Ce n'était pas un sourire de pitié. C'était un sourire de victoire, un sourire froid et silencieux, comme une promesse d'agonie.

Je compris alors que ce que je redoutais n'était pas la mort elle-même. Non, même l'enfer aurait été préférable à ce qui m'attendait. Car eux, ils étaient là, prêts à m'accueillir, à me faire payer chaque instant, chaque coup, chaque cri.

C'était la première fois que je ressentais la peur. Une peur qui s'infiltrait dans chaque recoin de mon esprit, une peur glaciale, implacable. Je savais que désormais, j'étais prisonnier d'eux.

                     
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Une petite histoire que j'ai écrite spécialement pour Halloween 👀😆. L'idée m'est venue en repensant à une histoire que j'avais découverte sur Internet il y a longtemps 🤔🤣.
Une petite histoire simplement pour l'esprit de la fête et le frisson 👀.

Joyeux Halloween 👀🎃 🧙‍♂️

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