Prologue

Voile noir, givré, qui se contorsionne, se difforme, s'aggrandit, atteint des sommets inimaginables.

L'inconnu. L'étranger. Le mystérieux.

Séparation qui se situe entre chaque dimension, toujours plus sombre, toujours plus glacée, éternelle.

Quelques Sphères parsèment la toile, illusion d'une nuit constellée d'étoiles.

Orbes de verres qui se fissurent, qui dérivent, à dessein d'imploser.

Alors que les Brumes qu'elles contiennent, semi visqueuse, s'agitent, se cognent contre les parois de leur prison, et se débattent.

Ce voile noir, givré, incommensurable, est le berceau du Néant.

Et de ses enfants, Sphères et Brumes inquiétantes, s'échappent une litanie.

Elle perce les Orbes.
Déchire le silence.
Et par de simples murmures,
Elle dissémine ses Maux.

Symphonie d'une Entité destinée au Mal.

***

Dans une des aspérités du Néant, une silhouette parcourait de ses yeux les alentours de la dimension à laquelle il appartenait désormais, celle des Esprits. Inquiet et curieux.

Une paire d'ailes ignescentes naissait du creux de son dos. Une chevelure de flammes cascadait sa nuque et son dos jusqu'à son fessier. Et ses yeux semblaient remplacés par deux orbes incandescentes.

La source de ses peurs était l'anomalie que les Sphères lui offraient. Elles restaient jusque-là inlassablement figées, et pourtant, d'un coup elles s'étaient mises à se mouvoir, avec brusquerie et sauvagerie.

Et parmi les chuchotements aussi mystérieux qu'angoissant de ces dernières, la silhouette laissa sa voix s'élever ;

— Que se passe-t-il ? Pourquoi les Maux s'agitent-ils ?

Son angoisse face à la férocité de ces objets inanimés, dont le devoir était de contenir un pan du Mal, était telle que tout son être chancelait.

Son cœur se tordait en des figures impossibles. Son estomac semblait trop plein. Un poids se faisait sentir dans son ventre. Et ses poumons n'étaient pas assez oxygénés. Il suffoquait.

La terreur enchaînait son âme et ralentissait son esprit. Elle clouait ses pieds au sol. Et l'énergie pour se sortir de cette paralysie était incommensurable.

Il avait l'impression d'épuiser toutes ses réserves en ne faisant qu'un seul pas ; un pas si difficile qu'il en suait à grosses gouttes.

Quelque chose se tramait, et il ne savait pas quoi. Seul son instinct pouvait lui dire qu'il s'agissait d'un danger certain.

Quelque chose de crucial allait bientôt se jouer...

Un frisson le parcourut ; ses plumes pétillèrent d'angoisse et laissèrent s'échapper un flot de braises.

Les Esprits demeurant dans cette dimension sentaient eux aussi une peur sans limite les assaillir. Tel le ciel s'abattant sur les épaules d'Atlas, la crainte les transformait en plomb, ce qui leur donnait une lourdeur inhabituelle.

Ils voltigeaient de manière désordonnée et allaient jusqu'à s'entredéchirer ; ils étaient tant terrifiés que cela les menait à commettre des actes inconsidérés.

Les Esprits, eux aussi, murmuraient ; et leurs murmures indiquaient que la Folie s'en venait...

Loin de cet entre-deux dimension qui était lui-même un monde, une Personnification rugissait pour extérioriser sa souffrance ; c'était comme s'il était poignardé à la seconde même, mais aussi à de multiples reprises à travers le passé comme l'avenir.

Le Temps était déréglé.

Une chose qui n'aurait jamais dû arriver à cette époque et dans les suivantes venait de surgir. Et elle blessait considérablement toute la structure de la temporalité.

Agenouillé dans un sable bleu, la gravité le poussant inexorablement vers le sol, comme si ses os eux-mêmes souhaitaient s'enterrer sous des tonnes de poussière ; un Dieu hurlait.

Il hurlait à faire exploser toutes les horloges, toutes les montres, tous les cadrans ; il réduisait en cendres toutes les aiguilles de l'univers, jusqu'au Temps lui-même.

Derrière son rugissement, une voix glacée s'éleva.

Une voix qui aurait vrillée tous les cerveaux alentours s'il y en a avait, ce qui n'était pas le cas.

Parce que les paroles de cette divinité étaient une anomalie, un paradoxe à elles-seules.

Personne ne saurait dire s'ils étaient en train de l'écouter ou s'ils les avaient entendus dans le passé. Ou si, au contraire, ces phrases, ils allaient les entendre dans le futur.

Le cerveau, quoique soit l'ethnie de celui qui le possédait, n'était pas fait pour entendre une telle voix ;

— Une chose qui n'est d'aucun temps vient de me transpercer... Et je jure de trouver de quoi il s'agit !

Temporel se releva.

Malgré la douleur qui le rongeait ; la rage, la folie et le désir d'avoir les réponses à ses questions l'animaient.

***

Bonjour, j'espère que vous allez bien !

Voilà donc le prologue de mon troisième roman, Les Murmures de la Mort !

* Alors, qu'en avez-vous pensé ? Quel est votre avis et quels sont vos conseilles si vous en avez ?

2 Août : Publication du premier chapitre !

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