Chapitre Unique

☆On dit souvent que la magie réside dans le coeur et l'esprit des rêveurs. Je pense donc que, cette nuit-là, je rêvais.★

La soirée venait à peine de commencer, et pourtant, les discussions fusaient déjà de parts et d'autres de la table.
Peu interessée par celles-ci, je me posa dans un coin et observa l'animation depuis ma place, spectatrice du moment présent.

Un détail attira soudain mon regard à travers la fenêtre.
Un éclat roux venait de passer, laissant virevolter derrière son passage de nombreuses feuilles mortes.

Je m'approcha rapidement de la fenêtre et l'ouvri.
Rien.
Je ne voyais rien d'autre que la rue sombre et calme.

Je haussa les épaules et retourna à ma place.

✧・゚: *✧・゚:*

Quelques heures plus tard, un étrange frisson me parcouru lorsque je rentra enfin chez moi, et mes membres s'engourdirent.

Une étrange impression m'accompagnait.
Celle que l'on m'épiais.
Je remis la faute de cette impression sur le dos de la pénombre, bien que j'avais l'intime conviction que ce n'était pas qu'une impression.

La peur me figeai, et le doute me submergea.
Est-ce que je me l'imaginais, ou est-ce que j'avais raison ?

Je resta longtemps là, debout devant la porte de ma maison, à me poser des questions jusqu'à ce que des voix étranges me tirent de mes pensées.

Elles étaient à la fois proches et lointaines, attirantes et repoussantes, inconnues et familières.

Je me mordis la lèvre inférieure, serra les poings et entra chez moi pour saisir une veste grise puis ressorti, mains dans les poches, en direction des voix.

Elles m'attiraient, m'envoutaient, m'empechant de choisir où mes pas me menaient.

Après un temps de marche qui me parut être une éternité, je m'arreta face à la lisière d'une forêt.

Mon coeur battait à tout rompre contre ma poitrine, ma gorge nouée m'empechait de respirer correctement, et une apréhension montait en moi.

La forêt était entourée d'un épais brouillard m'empechant de voir plus loin qu'à quelques mètres de moi.

Une force inconnue m'obligea à continuer d'avancer, malgré ma peur.
Je fis alors un pas dans cette forêt. Les voix s'intensifièrent, et furent bientôt rejointes d'une symphonie éffrénée et d'un parfum entêtant que je ne pourrais décrire.
Mes doigts tremblants effleuraient l'écorce des arbres que je contournais, tandis que je m'efforçait de me rappeler du chemin que j'empruntais.
En vain.

Lorsque je fus assez avancée dans la forêt pour ne plus pouvoir voir l'entrée, je me posa contre un tronc d'arbre, me rendant soudainement compte que ma peur ne me tétanisait plus.
Au contraire, elle me poussait à continuer, à révéler tous les secrets de ce dédale d'arbres.

Ceux-ci, d'une taille exceptionnelle, laissaient filtrer la lumière pâle de la lune et des étoiles à travers leur épais feuillage sombre.
De petits champignons phosphorescents me guidaient eux aussi, tandis que je reprenais difficilement ma route vers les voix.

Au fur et à mesure de mon avancée, je rencontra de nombreuses créatures pour le moins étrange, pour ne pas dire iréeles.
Ici, un petit lapin pourvu d'ailes bleutées, là, une chouette au plumage qui me faisait penser à une nuit étoilée voletait au-dessus de ma tête, oh, et de nombreuses petites formes dorées me suivaient silencieusement, se posant parfois même sur mes épaules ou ma tête.
Je croisa énormément d'animaux comme ceux-là, mais tous les décrire serait bien trop long.
Et certainement impossible, vu leur originalité.

Tout cela me laissais perplexe, mais je ne m'enfuis pas pour autant.
Au contraire, mon attraction pour ce qui semblait être le coeur de la forêt ne faisait qu'augmenter, tout comme l'apparition de ces petites créatures.

Soudain, l'atmosphère se fit glaciale, la musique et les voix s'arretèrent net, et les animaux se firent rare.
J'avais l'impression d'avoir complètement changé d'univers en quelques secondes.

Mes mains tremblaient et les pulsations de mon coeur témoignaient de ma peur grandissante.
Je me figea, telle une statue de pierre.
Ou de glace.
Mes muscles se contractèrent.

Des voix me parvinrent.
Elle se rapprochaient de moi à une vitesse monstrueuse.
Elles étaient différentes de celles qui m'avaient attirées ici, et semblaient tenir une conversation importante.

Je me précipita vers l'arbre le plus proche, tentant tant bien que mal d'y grimper, mon agilité soudainement disparue.
Je m'arreta à temps, car déjà un groupe de cinq personnes arrivait et s'arretait juste en dessous de mon arbre.
Je retins ma respiration.

Parmis eux, trois filles et deux garçons.
L'un d'eux attira mon attention plus que les autres, sans que je ne sache pourquoi.
Peut être à cause de la couleur de ses cheveux, ou bien de la faible lueur dorée qui émanait de lui.

Le petit groupe parlait d'une voix tendue, mais si basse que je ne pus comprendre que quelques bribes de leur conversation.
-...Territoire...Glace...Clan...
Gamit..Attaques...
Ce furent les mots qui attirèrent le plus mon attention dans le peu que je percevait de la discussion.

Ils avaient été formulés par une jeune femme aux cheveux couleur sable qui tentait -sans beaucoup de succès- de canaliser sa colère et sa frustration en faisant les cents pas, ce qui m'étourdit au bout d'un moment.

Après avoir observé rapidement chacune des personnes, mon regard se dirigea de lui-même vers le garçon qui l'avait attiré quelques minutes plus tôt.

Le temps me parut se dérouler à l'infini, tandis que je le fixait.
D'après ce que je voyais -c'est à dire, pas grand chose, puisque j'avais eu "l'excellente" idée de me percher à un arbre - il était le seul à ne pas parler.

Il fit danser ses cheveux d'un incroyable -et peu commun- roux sombre lorsqu'il secoua la tête, comme perturbé par quelque chose qui m'échappa.

Il se raidit et se pencha vers l'une des filles, avant de lui murmurer à l'oreille des mots à peine audibles.

Elle se tendit elle aussi et regarda partout autour d'elle, inquiète.

Je serra la mâchoire et retint de nouveau ma respiration qui s'était malheureusement relachée sans que je ne m'en rende compte.

-Peux-tu descendre? Souffla le garçon aux cheveux roux sombre, après un instant.
Cela ressemblait plus à un ordre qu'à une proposition.
Et ces quelques mots m'étaient adressés.

Je ferma les yeux avec force et me mordit les lèvres jusqu'à ce qu'un liquide poisseux envahisse ma bouche et qu'une odeur métallique envahisse mes narines.

-Faut-il que je vienne te chercher, peut-être? Reprit-il de sa voix de ténor, et il me sembla qu'il fit signe aux autres de s'éloigner, car ils le firent tous d'un même mouvement.

Mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes. Décidemment, ce soir, ils avaient décidé de faire ce qui leur chantait.

J'inspira profondément, les muscles raidits par un sentiment qui m'envahissait peu à peu.
Le danger était palpable, je le sentais.
Non, je le savais.

Comment avait-il su que j'étais perchée là, à écouter leur conversation ?

Pourquoi les autres n'avaient pas remarqué ma présence, eux aussi?
Lorsque je rouvris les yeux, je vis qu'il s'était approché et qu'il me fixait, une étrange lueur tapis au fond de ses yeux d'or.

Je serra les poings, afin d'essayer d'arrêter mes tremblements, ou au moins les atténuer, mais en vain, et descendi avec souplesse et apréhension.

Un petit sourire indéchiffrable naquit au coin de ses lèvres, mais s'éteint dès que je me réceptionna à quelques pas de lui.
Son expression était devenue froide et inquiétante.

-Bonjour, fit-il de sa voix calme et étrangement douce, pour quelqu'un qui semblait en colère.

La gorge nouée, je ne pus lui répondre et hocha imperceptiblement la tête, un semblant de sourire poli accroché à mes lèvres.

-Si j'étais toi, je ferai très attention à ce que je fais. Et où je vais, aussi.

-Mais tu n'es pas moi. Répondis-je d'une petite voix.

-Excuses-moi?

-Tu as très bien entendu.
Ma voix était cette fois plus forte et assurée, et le courage qui menait mes paroles me surpris.

Il s'approcha de moi, de sorte à ce que nos corps ne soient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il s'avança encore, et je finis par être bloquée entre lui et l'arbre sur lequel je m'étais perchée.

Un éclair d'une émotion surprenante traversa ses yeux assombris.
De l'inquiétude.

Il sourit et se pencha vers moi, afin de me susurrer des mots aussi doux que tranchant à l'oreille.

-Fais attention.

Deux mots.
Deux mots qui me firent l'effet d'un fouet.
Était-ce une mise en garde, ou un conseil?

Il recula et me souri, puis tourna les talons et rejoignit les quatre autres.
Ils me dévisagèrent d'une expression indescriptible et disparurent, comme s'ils n'avaient jamais existés.

Des larmes perlèrent au coin de mes yeux, sans que je n'en sache l'origine.
Quoique...

Je fis un rapide exercice de respiration afin de calmer le rythme effréné de mon coeur qui semblait vouloir transpercer ma poitrine pour en sortir et s'enfuir loin, très loin de moi.

Je me repris et, d'une impulsion qui m'impressionna, je me mis à courir à toutes jambes, empruntant un chemin au hasard, guidé par ma peur.

Pourquoi n'avais-je pas réussi à m'enfuir avant ?
C'était un mystère.

✧・゚: *✧・゚:*

Les jours qui suivirent, je ne pensa qu'à une seule chose ; le mystérieux groupe de la forêt.

Je passais sans cesse en revue ce qu'il m'étais arrivé, et je n'arrivais pas à m'en défaire.
J'oubliais donc tout le reste.
Ma seule obsession était de retourner dans la forêt.

Mais il n'y avait pas que le petit groupe qui occupait mes pensées. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'étaient les petites créatures, ainsi que l'ambiance soudainement glaciale à l'approche du lieu de rencontre.

Mais, plus j'y réflechissait, plus mes idées et mes questions partaient dans tous les sens, m'embrouillant l'esprit de plus en plus.

J'en vint à cette conclusion : j'avais rêvé.

Mais, quand je me disais ça, je ne me croyais pas moi-même.

C'est alors que je me repassait le scénario pour la je-ne-sais-combientième-fois, que je le vis.
Je perdis tous mes moyens.
Il était là, assis sur un banc, à observer la foule d'un regard songeur.

Je le contemplais, observant chaque détails.

Ses mains délicates piannotaient sur sa jambe avec impatience et ses yeux papillonnaient dans tous les sens.
Il cherchait quelque chose.
Ou quelqu'un.

Soudain, son regard se fixa sur un point fixe.
Moi.
Je le soutint, mon coeur s'accordant à la tempête de questions et de mots qui attaquaient mon esprit.

Il soupira, fit mine de s'approcher, fendant la foule, mais disparu au dernier moment derrière un groupe de jeunes adultes.

Un cri de frustration s'échappa de ma gorge et la déception m'envahit.
Pourquoi fallait-il qu'il s'évapore une nouvelle fois ?

Cette fois, je me décida enfin.
Ce soir, j'irai dans la forêt.


*+:。.。 。.。:+*

Je vous laisse imaginer une suite..

Et voilà !! J'espère que ce texte vous a plu ^^

(Bon, de base, je voulais faire plus, mais je me suis dis que c'était quand même pas mal :3)

Que pensez vous de cette nouvelle ?

(Je suis vraiment désolée pour le retard,..)

Nombre de mots (sans compter tout ce qui est en italique) :

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