Petits monstres

— Professeur ! s'exclama son assistant en entrant brusquement dans son bureau. Une requête venant du gouvernement en personne !

La scientifique se leva prêt à recevoir la lettre. Après des décennies d'existence au sommet des sciences elle avait l'habitude de travailler pour la famille impérial, c'était rarement une partie de plaisir. Mais son assistant n'avait pas de lettre.

— Un messager vous attend.

— Génial ! fit-elle ironiquement.

Il sortit de son bureau et descendit dans son hall. Une grande femme vêtue de l'uniforme de l'armée se tenait dans une posture militaire.

— Professeur c'est un honneur et l'impératrice espère que vous accepterez sa requête ! annonça-t-elle d'une voix sans émotions.

— Qui est ? demanda-t-elle.

— Avez-vous entendu parler des lycanthropes ?

Elle se retient de lever les yeux au ciel.

— Evidemment ! Néanmoins Aryar s'en occupe non ?

— En partie oui. Mais nous ce n'est pas la lutte contre le virus qui nous intéresse. Une lycanthrope a eu un enfant.

— Un enfant ? Comment ?

— C'est un peu confus. Un soignant a sans doute abusé de sa position d'internée. Mais le fait est qu'elle a donné naissance il y a quelques heures à un enfant. Un enfant déjà atteint. Aryar a pris l'enfant. Mais nous savons désormais qu'ils peuvent se reproduire. En tout cas les femmes atteintes de cette maladie peuvent mener une grossesse viable à terme. On aimerait donc savoir quelles combinaisons sont viables. Et que vous étudiez les enfants naissant de ces différentes unions. Peut-être l'un d'eux pourrait nous indiquer un remède ou en tout cas cela pourrait nous être utile.

— J'aurais besoin de pas mal de cobaye.

— On vous en fournira sans soucis.

— J'aurais Aryar sur le dos ?

— Ils s'assureront juste que vous respectez la déontologie. Vous n'aurez ni à collaborer avec eux, ni à les supporter.

Elle observa la nuit dehors, hésitante. Des lycanthropes. Il serait peut-être à l'origine d'une nouvelle « espèce ».

— D'accord ! Je vais le faire.

Elle observa les nourrissons qui braillaient devant lui. Si aucune femme n'avait réussi à porter l'enfant d'un contaminé, l'inverse s'était toujours montrer exacte, quel que soit l'espèce. Les contaminés eux-mêmes étaient reproductibles entre eux. Elle avait désormais en face d'elle une vingtaine de bambins. A voir s'ils passeraient les jours, les mois, les années à venir. Et comment.

Son assistant débarqua à ses côtés :

— Dans le cas des humains, des vampires et des monstres la lycanthropie semble avoir pris le dessus. Ils ont exactement les même caractéristiques que les mutés. C'est même désormais inscrit dans leur ADN. Il est semblable à ceux nés de deux contaminés.

— Incroyable !

Il n'y aurait donc aucun moyen de les soigner. Il avait fait le contraire.

— Et les autres ?

— Parfaite hybridation. Ils ont gardés des caractéristiques propre à leur espèces mais ont aussi développés certaines propres aux mutés.

Jetant un œil aux enfants il put identifier d'un regard lesquels était hybrides.

— Doit-on les séparer ?

Peut-être pouvait-elle aussi tenter de voir les effets d'une proximité des uns sur les autres.

— Je vais écrire à l'impératrice ! En attendant laissons les mères s'occuper des nourrissons, observez bien comment elles s'y prennent et enlevez-leur si elles se montrent violentes.

La réponse fut rapide. Une semaine tout au plus. La professeure convoqua immédiatement toute son équipe.

— Les ordres de l'empire sont clairs. Les mères sont renvoyées en centre. On garde les non hybrides. Les autres on peut en garder un certains nombres pour un groupe test mixte, mais Aryar vient chercher la majorité dans moins d'une heure. Préparez-moi donc cinq hybrides les autres partent !

Et une escouade de pacificateurs encadrant des scientifiques portant les uniformes d'Aryar débarquèrent et enlevèrent une partie des enfants. Plus tard dans la journée ce furent les mères que l'empire vient chercher.

Il ne resta dans le centre plus que des nourrissons et des scientifiques.

Ce furent des enfants turbulents, qui leur en firent vivre de toutes les couleurs. Du gris, du rouge, mais aussi du rose, du bleu, du jaune. Des moments difficiles et des moments merveilleux.

La professeure ne nommait jamais ses sujets, pour faire preuve de distance. Mais aujourd'hui il lui arrivait de penser à 1 ou 14 avec joie. A penser que 9 aimerait beaucoup la forme du beignet qu'elle mangeait, que 6 lui aurait déjà volé.

Tous les scientifiques du centre avait une tendresse particulière pour ces enfants qu'ils observaient grandir, qu'ils nourrissaient, soignaient chaque petite égratignures, venaient consoler les nuits de cauchemars et qui se blottissait contre eux le soir quand en guise de conte on leur parlait de l'empire, de sa grandeur, et de la bonté de la famille impériale.

Le plus souvent ces enfants avaient une vie à peu près normale, on leur faisait faire des activités, beaucoup de sports car ils avaient besoin de beaucoup se dépenser, principalement des sports de combats ; ordre du gouvernement ; mais aussi des activités plus artistiques ; ils avaient une oreille particulièrement sensible parfaite pour la musique et la petite 3 chantait très bien. Le petit 7 lui aimait particulièrement les cours d'arts, il avait un bon coup de crayons pour son âge et aimait faire des pliages. Et de temps à autre ils tentaient de leur apprendre les bases, en sciences, en histoire, en lecture. Leur classe était particulièrement dissipées, le moindre prétexte donnait lieu à des bavardages, des gesticulations, des rires. Mais les voir progresser était particulièrement motivant.

Parfois ils montaient des petits spectacles, des scènes de théâtre, de danse, où on déguisait les enfants, où chacun avait son petit moment de gloire et où à la fin toute l'équipe les applaudissait. Ils adoraient ça.

Evidemment il y avait tous les tests, ils avaient d'abord crée deux groupes, un mixte et un uniquement composé de lycanthropes parfaitement homogène. Mais au fil des mois, en voyant que les lycanthropes avaient le dessus sur leurs camarades hybrides, ils avaient commencés à mélanger les deux. D'abord pour vérifier que ce serait le cas encore dans un groupe ou les non hybrides soient minoritaires, mais permettant aussi de voir si un inconnu de leur espèce pourrait s'intégrer dans un groupe déjà constitué. Si les lycanthropes avaient gardés leur ascendance malgré leur nombre réduit dans le groupe B, dans le groupe A les deux petits 12 et 4 ont eu plus de mal à s'intégrer. Malgré leur jeunesse les lycanthropes étaient particulièrement violents, surtout dans les moments de transformations, et leurs coups, leurs corps étaient encore frêles mais ils pouvait être particulièrement combatifs avec des griffes aussi aiguisées et des mâchoires puissantes. Devant les coups on avait tentés de les intégrer au groupe d'abord uniquement sous leur forme humanoïde, mais leur arrivée avait provoqué les transformations, mais à force de remontrances et d'efforts les deux petits avaient été intégrés, mais leurs anciens camarades commençaient à leurs manquaient. Ils avaient donc intégrés petit à petit tout le groupe B dans le A.

Et désormais ils étaient tous inséparables. Il y avait bien sûr dans le groupe toujours un leader, protégé des plus forts, à qui tous obéissait, parfois quelqu'un d'autre finissait par s'imposer à sa place à force de cris et de batailles gagnées et tout le groupe reconnaissait sa supériorité.

Néanmoins tous, même ce chef, leur obéissait à eux. Il obéissait à leurs ordres, malgré quelques tentatives de désobéissance. Ils craignaient les punitions, l'isolement, leur mécontentement. Car ces petits les aimaient. La professeur Frapoi n'en doutait pas. Les petites attentions, les sourires, les petits cadeaux que ces enfants leur offraient valaient tous les mots du monde. Et l'accueil auquel elle avait le droit quand elle venait les voir, où c'était la course à qui viendrait la serrer dans ses bras en premiers, la confortait dans cet opinion.

Ils avaient limités les contacts au début, une morsure et ils seraient eux aussi sujets de tests. Mais les petits, instinctivement semblait-il, n'avait jamais tenté de les mordre. Alors ils avaient commencé à autoriser les contacts bien qu'un bouclier protecteur était dressé entre eux. Puis les boucliers avaient disparus à leur tour. De toute façon un remède était en phase de test par Aryar.

Tout comme ses rapports s'était adoucis, elle était moins froide en parlant des petits. Et se remémorait les moments relatés avec beaucoup d'affection.

Les scientifiques eux-mêmes entre eux se sentaient plus proches. Ils étaient une famille, tous autant incompris par les autres. Les autres ne voyaient en leurs sujets que des monstruosités, des cobayes. Ils ne comprenaient pas que l'on puisse s'attacher à ces choses, que ces petits monstres étaient autre choses que de mini folles créatures tueuses. Ils ne pouvaient pas concevoir que ces êtres avaient des sentiments et qu'on pouvait les aimer.

Pendant huit ans ils furent une famille. Puis des membres de l'armée débarquèrent. Ils observèrent les enfants, les testèrent eux aussi sur leurs capacités physiques, sous le regard méfiant des scientifiques qui ne voyait pas leur venu d'un très bon œil.

— Il faut faire quelque chose ! dit Mayev.

— On n'a pas le choix ! C'est le gouvernement qui les envois, comme il nous a envoyé ici.

Ils interrogèrent aussi la professeure et son équipe qui répondirent le plus succinctement possible.

— Ils n'ont jamais essayé de vous mordre ?

— Non.

— Ils ont toujours reconnu votre autorité ?

— Oui.

— Ils n'ont jamais été hors de contrôle ?

— Non.

Mais le pire aux yeux du professeur c'est qu'ils partirent satisfait.

En effet trois jours plus tard revint une escouade avec des vaisseaux et la ministre.

— Votre travail s'achève aujourd'hui ! Vous avez surpassé nos espérances et vous avez été des plus utiles à l'empire, nous vous en remercierons. Nous emmenons les lycanthropes. Professeur assurez-vous qu'ils obéissent.

— Laissez-nous au moins leur dire adieux ! supplia Jonal.

La ministre haussa un sourcil étonné.

— A ces monstres ? Comme s'ils en avaient quelque chose à faire !

— Je vous en prie ! intervint le professeur. Cela ne vous coûte rien.

— Faites vite !

Les enfants avaient bien sûr les oreilles rivées à la porte, tentant d'entendre ce qui se passait. La professeure regarda leurs adorables têtes levées vers elle, la gorge serrée.

— Les enfants il est temps pour nous de nous séparer. De nouvelles personnes vont vous emmener et s'occuper de vous.

— Pourquoi ? demanda 11 leur actuel leader.

Ils avaient tous un regard triste.

— Pour le bien de l'empire mes petits. Néanmoins sachez que nous n'oublierons jamais ces huit années et les enfants merveilleux que vous avez été. Promettez-moi d'être de bonnes personnes, d'obéir aux ordres.

Ils hochèrent la tête, soudainement tous muets, eux qui ne cessait jamais de jacasser.

— Alors venez tous nous faire un dernier câlin ! conclut-elle.

Et joyeusement ils coururent vers les adultes sautèrent de bras en bras, volèrent un baiser, une caresse.

— Allez mettez-vous en file !

Ils se bousculèrent pour obéir au dernier ordre et elle les mena le cœur gros vers les militaires. La ministre observa froidement ces adorables visages et ont les fit monter vers les vaisseaux. Les enfants partirent avec un signe de la main, certains eurent plus de mal que d'autres mais les soldats les prirent de force, malgré leurs appels envers eux les scientifiques ne purent rien faire, juste retenir leur larmes.

— Qu'allez-vous leur faire ? demanda la professeur tandis que le dernier était monté dans le vaisseau.

— Ils feront de parfaits soldats pour l'empire ! Quant à ceux qui ne pourraient pas on leur trouvera bien une occupation, on a jamais assez de serviteurs.

— Est-ce qu'on pourra les revoir ?

— Quel intérêt ?

— Attendez ! Ce ne sont que des enfants. Traitez-les bien. Et Sachez que 12 a peur des....

— Je vous coupe tout de suite professeur ! On va en faire de la chair à canon pas des petits trésors. Alors ça ne m'intéresse pas.

— Ce sont des enfants ! Pas des monstres.

— Vous les avez tellement traités comme des enfants qu'ils n'ont pas de nom. Alors je me passerais bien de votre avis.

Et ils les regardèrent s'envoler, leurs enfants avec eux.

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