Marc de café


Christian avait toujours cru que Zara était une sorcière. Les sorcières ça n'existait pas bien sûr, mais pourtant Zara avait ce côté irréel.

Et puis...

Elle lisait l'avenir dans le marc de café. Ce n'était pas une de ses prétendues medium qui arnaquait les gens. Non elle faisait sans demander d'argent, à quasi tout le monde et elle tombait toujours juste.

Elle semblait toujours savoir ce que les autres pensaient aussi. C'était déconcertant. Elle pouvait prévoir tout ce qu'on allait lui dire, se proposait pour consoler un chagrin qu'on voulait cacher et y parvenait d'un simple contact.

Même quand elle partait très en retard le matin, comme si souvent elle qui était des plus étourdies, elle arrivait toujours à l'heure. D'ailleurs elle semblait pouvoir aller d'un lieu à un autre en volant tant elle était rapide, ce qui n'était pas chose aisée dans une ville aussi encombrée que Philadelphie.

Elle savait soigner tout et n'importe quoi de manière miraculeuse. Une simple égratignure disparaissait sous ses doigts, des migraines récurrentes s'envolaient en respirant un parfum inconnu, des douleurs d'estomac se taisaient en avalant une coupe d'un liquide étrange..

Du moindre tissu elle arrivait à en faire des habits somptueux à une vitesse hallucinante. Des vêtements sortant de l'ordinaire, qu'on ne pouvait s'imaginer voir autre part que dans un film.

Et puis elle semblait vraiment venir d'ailleurs avec ses drôles de manies, elle n'aimait pas montrer ses pieds, portait toujours des foulards et des robes été comme hiver, elle aimait chanter et même en pleine rue au milieu des passants et semblait ignorer beaucoup de choses sur l'histoire, sur la politique, elle ne comprenait pas grand-chose au monde en réalité. Elle semblait même connaître très peu la faune et la flore. Mais cela la fascinait.

Christian était tombé amoureux d'elle dès leur première rencontre où alors qu'il buvait un café dans une brasserie elle, qui était assise à la table à côté, s'était penché sur lui, lui faisant sentir son parfum délicat et lui avait demandé de ne pas jeter le marc car elle pouvait lire l'avenir dedans. Il l'avait pris pour une folle mais ses yeux violets l'avaient happé. Et ils avaient discuté et discuté longuement. Elle était si positive, si souriante, si gentille, si curieuse et admirative de tout.

Il était revenue la voir plusieurs fois chez elle, pour siroter un café et deviner son avenir dans le marc, pour un petit coup de mou, de froid, tout était prétexte à passer chez elle.

Ils se fréquentaient beaucoup désormais. Bien qu'on ne pouvait dire d'eux qu'ils étaient en couple.

Mais cela lui allait. Cette femme le rendait heureux, elle lui apprenait à voir toutes les belles petites choses qui peuplaient son quotidien, de la forme d'un nuage au couleur du ciel en plein orage. Et Zara lui disait toujours qu'il était quelqu'un de bien.

Un jour il lui avait ouvert son cœur, mais elle avait souri tristement. Elle affirmait ne pouvoir être heureuse avec lui ou quiconque, bien qu'il soit le plus adorable garçon qu'elle n'ait jamais rencontré.

Même s'il voulait plus, cela lui allait.

Il continuait de la visiter, sans même espérer percer son secret. Juste pour les bienfaits de sa présence. Et apparemment à elle aussi cela lui plaisait.

Elle se sentait tellement en confiance qu'un soir elle lui avoua tout.

Il se souvenait du feu crépitant dans la cheminée, que chacun assis sur leur fauteuil une tasse de café bien chaude dans les mains et sa voix tremblante lui confessa ne pas être de ce monde.

Il avait tourné la tête vers elle, surprit, elle les yeux rivés dans sa tasse elle avait expliquée, expliquée sa différence, le rejet de son amour.

Qu'elle était bien magicienne, qu'elle était une elfe, qu'elle venait d'une autre planète nommée Systuik et qu'elle était venue ici pour se réfugier de la guerre. Qu'elle ne laissait personne entrer trop profondément dans sa vie pour ne pas avoir à mentir et par peur de ne pas être accepter.

Christian était bien le plus adorable des hommes qu'elle n'eut jamais rencontré. Puisqu'il accepta tout ça, qu'il promit de la soutenir et l'aider à garder son secret tout en lui en apprenant le plus possible sur cette planète. Et parce qu'il était si adorable, elle finit par le laisser entrer dans sa vie, par lui parler de ce monde lointain. Elle l'y amena même une fois la guerre finie pour qu'il rencontre les siens.

Ce ne fut qu'un séjour, leur vie ils la passèrent sur Terre, il l'emmena au voyage aux quatre coins du monde et dans leurs vieux jours, les cadres accrochés aux murs de leurs maisons représentés aussi bien une jolie petite famille unie, des photos d'enfants et petits-enfants aux oreilles légèrement pointues, que de voyage en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique du Sud et même en Antarctique. Mais sur tous on sentait le bonheur comme on sent l'odeur du café dans le marc mouillé.

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