Hors saison
Qui aurait cru que c'était la saison chaude depuis six semaines déjà en voyant les trombes d'eau tomber sur Xodar petite ville d'Orotal ? Cela pourtant ne gâcha pas l'enthousiasme des enfants encore en trêve scolaire. Ils se rejoignirent dans une des plaines herbeuses près de chez eux, loin des adultes, pour jouer ensemble. Au rendez-vous rire, cris, bousculades, amusements et beaucoup de boue.
Avec joie on fit d'abord la course. Une vingtaine d'enfants courant dans la même direction à grandes exclamations, ça aurait fait peur à n'importe quelle créature se trouvant sur leur chemin et sans doute les petits animaux se trouvant dans les profondeurs de la terre sous leurs pieds furent effrayées. Mais les enfants eux s'amusaient. Le gagnant éclata en cri de joie et bondit sur l'herbe, tandis que plus loin déjà des glissades sur le terrain humide s'effectuaient, maculant d'herbe et de boue les caftans déjà bien usés des garnements.
Après ils jouèrent au pacificateurs et à la fédération, on se tira dessus avec des pistolets factices, s'envoyant de maigre sorts pour imiter ceux plus imposants des aînés, s'affrontant au bout de bois à la place des épées. Quand les pacificateurs gagnèrent on joua au lycanthrope, le petit Jiro fut désigné comme lycanthrope et ses camarades tentèrent de le fuir lui plutôt que de se retrouver à son tour transformés. Mais bien sûr la cohorte de lycanthrope ne put qu'augmenter. Ça se bouscula, ça chuta, ça cria de joie et de surprise en sentant la main d'un ami, devenu ennemie le temps du jeu, sur soi. Mais au final tous devinrent des petits monstres.
Ils s'assirent un moment sous la pluie, pour reprendre leur souffle et parce que Laya partit chercher chez elle un ballon pour le jeu d'explosion. Les visages des enfants dégoulinaient de sueur et de pluie, qui coulait jusque dans leurs dos et sur leur poitrine, leur apportant assurément un coup de froid pour le soir même. Mais quelle importance pour un enfant ? Tant qu'on s'amuse le reste ne compte pas.
Et en attendant leur amie ils s'amusèrent, à se chuchoter des blagues qui désespéreraient la plupart des adultes par leur humour bien trop facile, à se confier des secrets que les grands trouveraient ridicules mais qui pour eux étaient immenses, à parler de ce que faisait de bizarre les autres, aux jeux qu'on rêvait d'avoir.
Enfin leur amie revint et elle fut acclamée en héroïne ! Elle brandit au-dessus de sa tête le ballon orangé, elle l'activa et ils se le lancèrent. Celui qui échouait à la rattraper ou bien le lancer à un camarade s'asseyait au sol et tentait de faire tomber les autres joueurs ou d'intercepter le ballon. Quand il vibrait en un bruit d'explosion celui qui l'avait dans les mains ou au pied était éliminé.
Ils jouèrent trois parties. Trois parties à faire des acrobaties, se tordre en tous sens pour intercepter et garder le ballon en espérant qu'il n'explose pas.
La pluie continua à tomber drue. Ils étaient trempés. Mais ils étaient heureux.
Et c'est ainsi qu'ils rejoignirent leurs logis. Chantonnant des airs simple parlant d'animaux, le sourire aux lèvres, parfois quelques bobos sur le corps, mais le soleil dans le cœur. Bien des adultes crièrent devant les habits maculés de leurs progénitures à leur retour, devant l'eau qui dégoulinait d'eux et les pensaient bêtes à être sortis par un temps pareil. Mais c'était eux qui étaient bêtes de ne voir que les tâches et pas le sourire, eux qui étaient bêtes de n'avoir vu que le mauvais temps anachronique en ce moment plutôt que de l'ignorer et de créé un beau temps intérieur qui ne s'effacerait pas au premier coup de vent.
Car la pluie s'arrêta pour laisser place au soleil bien avant que le sourire des enfants ne disparaisse.
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