Petite Camille
Dans la nuit, petite Camille tremble d'angoisse.
Seule dans le noir, assaillie de souvenirs douloureux,
Loin de son lit moelleux.
Elle le savait, en revenant en ces lieux,
Que les souvenirs sortiraient de l'ombre, tels des revenants.
Elle s'est préparée, petite Camille :
Son doudou, sa pierre contre les mauvais rêves, tout est là, à portée de main.
Mais rien n'y fait.
Alors elle se réfugie dans le salon bien éclairé,
Protégée par la lueur chaude d'une lampe à l'abat-jour démodé.
Mais ses fantômes la poursuivent !
Les yeux brûlants, elle se décide à appeler.
La voix familière enveloppe petite Camille comme la plus douce des couvertures.
C'est son repère dans la tempête, son ancre, son père.
Au bout du fil, petite Camille écoute religieusement.
Ses larmes se tarissent,
Un sourire s'esquisse.
Son père sait la réconforter,
Ils parlent le même language, se comprennent au vol.
Apaisée, elle raccroche enfin.
L'heure est avancée mais il y a encore une chose à faire. Car la nuit est claire.
Dans la nuit, petite Camille tremble de froid.
Seule dans le noir, entourée du silence de la neige, sous le dôme du ciel.
Sa combinaison de ski par dessus son pyjama, elle gravit la colline au fond du jardin.
Ses pas sont éclairés par la lune resplendissante.
Et là, grelotant dans la nuit, elle sourit.
Au dessus d'elle, disparaissant presque derrière les montagnes qui l'entourent,
Les étoiles lui parlent.
Avec son père, elle aime les regarder,
Tard le soir.
Ensemble, ils identifient les points lumineux, les nébuleuses et les constellations.
Petite Camille n'est plus seule :
Orion le chasseur lui tient compagnie, son fidèle Grand Chien sur les talons.
Cassiopée se dispute avec Andromède sous le regard indifferent des Pléiades, tandis que la Grande Ourse scintille de mille feux.
Il y a les nébuleuses d'Orion : M42 et M43,
Rigel, Betelgeuse et Bellatrix, qui marquent ses membres,
Et Mintaka, Alnilam et Alnitak qu'il porte en ceinture.
Plus bas, Sirius, l'oeil du grand chien, est un phare dans la nuit glaciale.
Oui, elle est entourée, petite Camille.
Ici, parmi les montagnes et les étoiles, elle en oublie presque les souvenirs.
Leurs ombres sournoises sont réduites à néant par l'éclat des astres et la sérénité d'une nuit d'hiver.
Seule dans le noir, petite Camille n'a plus peur.
Son doudou à la main et sa pierre sous l'oreiller et les étoiles pour la veiller,
Elle va rêver.
Écrit et publié le 12.02.2022
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