À nonno Nino

Dans une boîte oubliée, au fond d'un carton,
Des photos jaunies par le temps,
Réveillent les souvenirs.

Visage familier,
D'un grand-père inconnu,
Une vie résumée.

Fantômes qui resurgissent,
Mettre des visages sur les noms,
Et des noms sur les visages.

Qui est cet homme,
En uniforme,
Tombé dans l'oubli ?

Jamais je n'ai vu mon père comme ça,
Le regard lointain,
Perdu dans sa mémoire.

Respiration laborieuse,
Passer une main sur ses yeux,
Regarder la photo suivante.

Des tantes, des amis, des inconnus et,
Partout,
La présence de Nino.

Des papiers pliés au fond :
Une carte d'étudiant,
Un document de l'armée, daté 1942 : inapte au service.

Ouvrir une autre boîte,
Boîte de souvenirs,
Boîte de Pandore.

Des dizaines de télégrammes,
Papier comme des pelures d'oignons,
Condoléances à n'en plus finir.

Faire une pause,
Mon père se frotte les yeux.
Vite, ouvrir une autre boîte.

D'autres télégrammes,
Plus anciens, fragiles,
Félicitations de mariage.

Puis des faire-parts de naissances,
Bleu pour mon père,rose pour ma tante,
Et encore des télégrammes.

Refermer la dernière boîte,
Laisser le silence nous envelopper,
Revenir au présent.

Toute une vie,
Conservée précieusement,
Dans des boîtes en carton.

C'est ce qui me reste de mon grand-père,
Des photos, des télégrammes,
Et les récits de mon père.

J'aurais porté son nom,
Si j'étais né garçon,
Mais il en est allé autrement.

Après, je me regarde dans le miroir,
Je cherche des ressemblances.
Les yeux en amande, peut-être le visage rond.

Et je suis heureuse,
D'avoir hérité de ces yeux,
Les yeux de mon grand-père.

Je me sens plus proche de lui,
Même si je ne l'ai jamais connu,
Et je souris.






Écrit le 20.04.2022
Publié le 21.04.2022

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