7 - Réveille toi...
- Réveille toi...
Une voix des plus douces et angéliques résonnait dans les oreilles de mon père. Il était profondément endormi et son esprit était transporté dans un doux rêve.
- Réveille toi...
Il ouvre enfin les yeux sur un plafond blanc, sous le chant des oiseaux dehors. Il était allongé dans des draps blancs, dans une chambre blanche, où le soleil traversait le tissu fin des rideaux dansants au gré du vent doux qui s'engouffrait dans la pièce.
- Bonjour...
Il tourne la tête vers cette voix qui reconnait entre mille et aperçoit sans grande surprise l'apparence de ma mère à l'époque de ses dernier instants, allongée à ses côtés en le regardant s'éveiller doucement avec son sourire paisible. Les rayons de soleil l'éclairaient magnifiquement. Elle caresse tendrement sa poitrine à bout de doigts et ce simple contact semblait si réel pour mon père qu'il avait l'impression de la voir vivante, comme il l'espérait tant depuis dix ans.
Que tous ces malheurs ne soient qu'un pur cauchemar...
- Tu es si fatiguée... murmure-t-elle. Tu as besoin de repos... Beaucoup de repos...
- ... C'est vrai...
- Tu pourrais me rejoindre... On serait heureux... Et tu n'auras plus mal...
Papa caresse sa joue en calant son front contre le sien et ferme les yeux. Maman se blottit un peu plus avant de planter ses iris vairons dans les siennes.
- Si seulement tu étais réelle...
- Viens avec moi...
Non... Ce monde n'est pas réel et Papa le savait très bien. Pourtant, il mourait d'envie de se laisser guider vers cette lumière que Maman reflétait. Il l'a toujours dit, qu'elle était cette lumière qui le rattrapait dans l'ombre.
Elle était son ange gardien...
Dans une dernière étreinte, ils entrelacent leurs doigts en restant dans le silence.
- Tu me manques Riku... Mais je ne peux pas...
Maman sourit en laissant une petite larme perler au coin de son oeil. Une perle salée que Papa essuie d'une caresse du pouce. Si je n'étais pas entrée dans leur vie, Papa n'aurait plus eu rien à perdre. Avant de rencontrer ma mère, il n'avait que sa vengeance en son coeur. Mais après cela, que lui restait-il ? Le néant. Il n'avait même pas pensé à se forger un avenir, n'ayant que sa vie de Vilains à l'esprit. Mais quand ma mère est entrée dans sa vie, tout a changé. Elle lui avait donné un sens à son existence. Quand elle est partie, il n'avait plus rien.
Comment remonter lorsqu'on a touché le fond ?
- Pas encore...
Elle dépose délicatement ses lèvres sur les siennes et se glisse hors du lit en regardant leurs mains se détacher l'une de l'autre alors qu'elle se dirigeait vers la porte menant à un jardin ensoleillé. Le "chemin du paradis", entre autre. Elle se retourne vers mon père en lui souriant, puis ouvre cette porte qui laisse la lumière l'illuminer.
- Je t'attendrai...
***
Papa ouvre les yeux en prenant une grande bouffée d'air, comme s'il avait arrêté de respirer pendant un long moment. Sen vient le relever et lui frotte le dos.
- Hé Dabi ! Fais doucement...
Papa se tient les côtes encore douloureuses. En entendant mon père tousser je me suis ruée sur la porte de sa chambre pour entrer. J'étais vraiment inquiète, ça faisait vingt-quatre heures qu'il était inconscient.
- Papa !
J'allais lui sauter dans les bras, mais mon élan s'est vite coupé en voyant mon père courbé de douleur et je me suis souvenu que le moment est peut être mal choisi pour tenter une énième approche. Et puis... Il a l'air dans un état second, il a besoin d'un peu d'espace.
Je me recule un peu en laissant Sen s'occuper de lui.
- Ritsu, tu peux attendre dans le salon ? demande-t-il. Ce n'est qu'une toux, je t'assure que ton papa n'a rien de grave.
J'acquiesce sans faire d'histoires et ferme la porte avant de descendre au rez de chaussée. Je verrai Papa plus tard. Il se remet doucement de son réveil un peu brutal et boit le verre que Sen lui tendait. Ce dernier s'assoit à ses côtés en couvrant ses épaules avec sa chemise noire fétiche.
- Qu'est-ce qui s'est passé Bro...?
- ... Comment va Ritsu...?
- Elle n'a rien, juste encore un peu sous le choc de ce qui s'est passé hier soir. Elle avait peur pour toi.
Papa soupire en regardant son verre à moitié vide.
- Je savais que je n'étais pas la bonne personne pour elle...
- Dis pas ça enfin...
- Sen, t'as pas vu ce qui est arrivé ? Elle aurait pu se faire buter.
- Ca fait plaisir de voir que tu t'inquiètes pour ta fille, sourit Sen. Mais je peux t'assure que tu es le mieux placé pour l'élever. Je pense que c'est ce que Riku aurait voulu.
Mais un ange passe et Papa tourne la tête, ce qui fait perdre le sourire de Sen.
- Dabi, qu'est-ce que tu as fais ?
- Epargne moi tes leçons de morale et change de disque. J'ai fais ce qu'il y a de mieux pour une gamine de son âge, tu peux comprendre ça non ?
- Mais t'as rien compris en fait... s'indigne Sen. Ne me dis pas que--
Sen blêmit en croisant le regard grave de mon père qui ne le contredit pas. Son ami de toujours a directement compris...
- Dis moi que tu n'as pas osé...
- Si.
- Mais c'est de TOI qu'elle a besoin triple imbécile !! crie Sen en le tirant par le col. Dans ce cas j'aurais dû faire la même chose avec toi tant qu'on y est !! Et peut être que tu ne serais jamais devenu un Vilain ouais !
- ... Ouais t'aurais dû...
De mon côté, j'entendais Sen crier sur mon père et j'avoue que ça me faisait peur. Mais les voix étaient beaucoup trop étouffées pour distinguer le sujet de cette dispute.
- Si je l'avais fais tu ne serais jamais devenu Dabi et t'aurais jamais pu avoir ta vengeance ! Dans le même cas t'aurais jamais pu rencontrer Riku pour finir par ne jamais avoir eu Ritsu !! Non tu serais devenu civil insignifiant et sans histoire ! Comme moi ! Quand je t'ai vu pour la première fois j'ai tout de suite senti que c'était mon devoir de t'aider, quitte à être ton grand frère ! Putain Dabi, regarde un peu ce que tu as ! Ce qui devait arriver s'est produit hélas, mais tu ne peux pas faire de retour en arrière ! Tu as perdu ta femme mais aujourd'hui il te reste ta fille, alors si tu ne vie plus pour toi même, vis au moins pour elle ! Elle a besoin de toi, pas d'une famille d'accueil qui ne l'a jamais vu naître ! Ca ne restera que des étrangers pour elle ! Tu es tout ce qui lui reste à cette pauvre gosse et elle est tout ce qu'il te reste aujourd'hui ! En l'abandonnant, c'est comme si tu abandonnais Riku ! C'est ça ta preuve d'amour envers elle ??
- Bon t'as fini de brailler ?!
- T'as toujours pas compris on dirait !
- Je sais, je sais et JE SAIS putain ! repousse Papa d'un revers du bras. Tout ça je l'ai fais avant de réaliser !
- De réaliser "quoi" ?!
- ... Tu l'as dis toi même... Ritsu est le seul vrai souvenir qui me reste de sa mère... Mais j'ai pas envie de la voir sombrer comme je l'ai fais autrefois, alors si je peux lui offrir une meilleure situation je le fais sans hésiter.
Sen se rassoit en tentant de se calmer. Pour lui, mon père était en train de faire une énorme erreur en voulant m'éloigner de lui. Mais il ne trouvait aucune autre solution pour moi. Sans vraiment l'avouer, Papa ne cherche qu'à m'écarter du danger, persuadé de n'attirer que ça.
- Et tu comptes laisser faire ? demande Sen, totalement en désaccord avec cette adoption.
- Pour l'instant j'en sais rien... Si ma situation ne s'améliore pas, je la laisserai partir.
- Pour qui tu fais ça au juste, Dabi ? Pour elle ou pour toi ?
- ... Pour nous deux...
À suivre...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top