Chapitre 24 : Second Monstre ? (non corrigé)

Secouée de violents soubresauts, je vis le vieil homme aux cheveux immaculés s'écraser lourdement au sol, hors d'haleine. Ses yeux bleus azur balayaient les alentours à une vitesse hallucinante, totalement fous. Même sa mâchoire carrée saupoudrée d'une barbe de quelques jours semblait crispée, serrée à ne laisser transparaître aucune émotion.

Tout autour, les flammes et la pluie d'obus constante consumaient les entrailles de la terre. Les combats faisaient rage, ennemis comme alliés tremblaient et dégoulinaient d'un liquide écarlate. Leur visage déchiré par la douleur trahissait cependant la soif de vengeance ; il semblait à cet instant que chacun avait autant perdu qu'un autre.

Étalée sur le tapis de cendres, je me remettais à peine de ma chute. En effet, nous étions en route pour le véritable champ de bataille, prêts à combattre les Changers et leurs alliés Aquass, Vampires et Loups quand une attaque surprise avait fait volé nos camions en miette. Sonnée et blessée, Kaï et Aïru m'avaient aidé à sortir de sous les débris. Nous nous étions ensuite mis à la recherche du feu d'artifice, un maigre bâton qui permettrait de faire savoir aux alliés marins et aériens que le moment était venu d'attaquer.

Le père de Kenfu, pourtant aussi souffrant de l'impact des explosions que moi, m'avait porté le long de nos recherches... Jusqu'à l'instant où le bâton était entré dans notre champ de vision, que le Roi l'avait attrapé et qu'un obus nous était tombé sur la tête.

A présent Kaï demeurait immobile, le regard viré sur le sol et accoudé à la terre grisonnante.

Je tournai lentement les yeux vers la gauche, sachant pertinemment que la vision que j'aurais à affronter ne serait pas des plus agréables. Était étendu là, couché sur le dos et les larmes roulant sur ses joues terreuses, Aïru. Un éclat d'acier s'enfonçait dans son thorax, telle une griffe meurtrière. Les râles rauques que le blessé lâchait à chaque seconde me donnait l'affreuse envie de dégobiller.

-Kaï... ! bredouillai-je d'une voix tremblante.

Mais le Roi de Phoenix ne coula pas un regard dans ma direction, les dents toujours serrées.

-Kaï, Aïru ! hurlai-je en sanglotant, pointant fébrilement du doigt le mourant.

Or, seuls les tintements des épées et les rugissements des explosions me répondirent : l'appelé refusait même de lever les yeux des flocons de cendres. Il gardait la tête enfoncée dans ses bras, la poitrine comprimée.

Je me traînais alors jusqu'à lui, rampant difficilement, secouée de longs sanglots amères tant la douleur me serrait le cœur et suintait des plaies qui s'ouvraient partout sur mon corps. Je me penchai juste à temps pour éviter une flèche ; même terrorisée, les yeux exorbités, je forçai mes bras à reprendre leur ascension. Chaque inspiration me coûtait une grimace ainsi qu'un gémissement ; la fumée âcre qui s'engageait dans mes poumons provoquaient un incendie intérieur.

Je m'étendis enfin aux côtés du vieux Roi, peinant à reprendre ma respiration ; mais alors que je posais une main sur son bras pour le secouer, il me rejeta violemment et bondit sur ses pieds, les yeux fous. Je me rapetissais au sol en hurlant de terreur, plus épouvantée encore qu'après avoir vu Aïru enfourché d'un éclat d'obus.

Les yeux de Kaï viraient au blanc vitreux, puis revenaient au bleu dans un flash horrifiant. Il avait l'air d'un possédé ; la tête coincée entre ses mains et la bouche ouverte, hurlant un cri silencieux, démontraient comme une immense souffrance intérieure. Mais que lui arrivait-il ?!

-JE SAIS ! hurla-t-il, tel un monstre tout droit sorti du plus profond des ténèbres. JE SAIS QU'IL EST MORT, D'ACCORD ?! FOUTEZ MOI LA PAIX ! LAISSEZ LE RESTER, OU FOUTEZ MOI LA PAIX, JE VOUS EN SUPPLIE !

Il tomba à genoux, les mains plaquées sur les yeux, secoué de lourds sanglots.

-Pourquoi moi... gémit-il, se roulant au sol comme un enfant terrorisé.

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