Chapitre 20 : Juste un Au Revoir (non corrigé)

J'enfilai rapidement l'uniforme de soldat, me débattant quelque peu avec les manches, puis ramenais mes cheveux en une queue lâche. Me voir aux couleurs vertes et écaillée d'un tissu camouflage devant la glace me faisait tout drôle ; c'était ainsi qu'on voyait les autres, les militaires à qui on rendait hommage sur des stèles, mais jamais soi-même. Était-ce là un signe de ma mort imminente ?

L'appel résonna pour la énième fois, et je quittai précipitamment la tente en terminant ma queue, l'élastique coincé entre mes dents. Je filai me ranger aux côtés des soldats assignés aux troupes terrestres, espérant qu'aucun ne signalerait ma mutinerie.

Mais tandis que je demeurai droite, que la file avançait lentement, j'aperçus Kaï qui se traînait dans ma direction, un sourcil haussé. Je gardai une expression neutre, de quoi paraître la moins coupable possible.

-Tu n'étais pas dans la troupe dix-neuf ? s'amusa le vieux Roi.

Je haussai les épaules, sans oser lui mentir.

-Nooa te demande à l'infirmerie, me dit-il simplement, son regard calculateur plongé dans le mien.

Je le remerciai intérieurement, soulagée. Au moins n'avait-il rien dit aux généraux. Je quittai le rang et prit la direction des grandes tentes au pas de courses.

-Je te laisse dix minutes ! lança Kaï d'une voix qui me parut comme lointaine.

Je passai le seuil de l'infirmerie, le cœur battant : je n'avais aucune envie de faire face aux reproches et râleries de Nooa et pourtant, je m'y avançai tout de même. Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas faire demi-tour, ignorer son appel ?

Je balayais les lits immaculés du regard, cherchant d'un oeil nerveux celui du jeune panda-roux.

-Sinna, ici ! me héla une voix par dessus mon épaule.

Je fis volte-face, surprise : à quelques mètres, étendu et enroulé de straps, un jeune garçon d'une dizaine d'années me faisait signe.

-Je ne sais pas qui tu es, tu sais ? lui dis-je, plus surprise que méfiante.

Il hocha la tête, approbateur, mais resta fixé sur sa volonté.

-Viens, Kenfu me connaît, insista-t-il.

J'allais donc me placer à son chevet, hébétée.

-Je m'appelle Morgan, m'expliqua-t-il.

Je me contentai de plisser les yeux : il m'avait semblé entendre ce nom quelque part.

-Pourquoi tu m'as appelé, Morgan ?

-Pourquoi tu n'es pas allée avec l'escouade marine ? préféra-t-il demander.

-Je ne sais pas, pourquoi cette question ? me méfiai-je, interloquée.

-Pourquoi Kenfu n'est pas venu me voir ?

-Tu vas répondre à toutes mes questions par une autre question ? m'emportai-je, quelque peu exaspérée du jeune garnement.

Il garda cette fois-ci le silence. Puis, le regard voilé de larmes, il murmura :

-Il était mon seul ami, tu comprends. Et pourtant on ne s'est parlé qu'une seule fois.

Je battis des cils, perplexe. Jouait-il la comédie ? J'avais eu, en l'espace de quelques secondes, un aperçut du catalogue complet de ses émotions. Était-ce du à la morphine qu'on lui injectait ?

Je fronçai les sourcils en me rappelant que les anesthésiants avaient été détruits dans les bombardements.

-Pourquoi me dire ça à moi, maintenant ? soufflai-je, peu empathique.

L'enfant haussa les épaules et renifla bruyamment.

-Je voulais lui dire au revoir.

Une image s'encra subitement dans mon esprit et me paralysa ; je revis mes frères, Ghy et Filius, aborder le même air à peine une heure plus tôt. Morgan abordait le même âge qu'eux, et son chagrin plus que palpable me ramenait directement aux jumeaux.

-Ne t'en fais pas, il va revenir, le rassurai-je d'une voix cependant peu rassurante.

C'était tout comme essayer de me convaincre que je n'allais pas laisser ma vie dans ces combats.

Le petit brun voulut ajouter quelque chose, mais il fut coupé par un nouvel appel ; je me raidis, effarée, et l'instant d'après je détalai vers les camions. J'entendis Morgan me lancer un adieu, auquel je ne répondis pas.

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