Chapitre 2 : Bombardement (non corrigé)

-A TOUS LES HABITANTS DE STELLARIUM, CECI N'EST PAS UN EXCERCICE ! répéta la voix, et elle me fit dresser les poils sur la tête. ORDRE D'EVACUER LE QUARTIER ERKAIN DE TOUTE URGENCE, ORDRE D'EVACUER LE QUARTIER ERKAIN DE TOUTE URGENCE...

Elle répétait cela, indéfiniment, et la peur m'envahit ; j'entendis soudain des cris, la terre trembla ; des avions militaires traversèrent le ciel, aussi rapides que la foudre, et des bombes furent larguées sur la ville. Les cris d'agonie, de peur, de douleur, ainsi que les rugissements surpuissants d'explosions résonnaient à mes tympans.

Je m'accrochai à Julie comme si elle était mon seul moyen de survivre à ces bombardements. Un jet de terre m'éclaboussa, et un éclat d'obus m'entailla la joue ; je gémis, et la mère de Kenfu s'empressa de m'entraîner au couvert des habitations. Nous nous changeâmes en panda en vitesse et elle se tourna vers moi, la mine terrifiée :

-Attends moi là, je dois aller chercher les autres dans l'école.

-D'accord, répondis-je simplement, sans broncher.

Elle s'élança à découvert et je la suivis ventre à terre, menée par la peur et la terreur. Nous filâmes sur les marches, évitâmes les débris en zigzaguant et atteignîmes les portes de bois quelques secondes à peine plus tard.

-Mais je t'avais dis de rester en bas ! me hurla Julie sous les bruits fracassants des explosions aux alentours.

-IL FAUT ALLER CHERCHER LES AUTRES A L'INTERIEUR ! me contentai-je de crier, la fourrure hérissée de terreur.

Un pluie de terre et de débris me tombèrent sur la truffe, et je me protégeai la tête des pattes. Julie m'attrapa brusquement et me tira à elle pour me protéger. Nous tentâmes d'ouvrir les portes, en vain, mais elles ne cédèrent pas à notre force et nous dûmes rebrousser chemin à toute vitesse ; je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine, mes oreilles sifflaient et ma vision se troublait à cause de la fumée.

Julie se changea à nouveau en humain et je fis de même ; nous filâmes à toute vitesse dans la rue la plus proche, sans que je ne cesse de trébucher. Je sentais le sang couler de ma joue, ma peau s'entailler chaque fois que je passais trop proche d'un débris aux alentours ; or, il n'y avait que ça.

Le ciel s'était voilé de noir, les habitations étaient en ruines. J'entendais fuser les bombes dans leur descente jusqu'à nous, les cris de terreur des habitants qui fuyaient dans toutes les directions. Bientôt, nous nous retrouvâmes bousculés au cœur d'une émeute agonisant de peur. Julie me serrait tant le poignet, de peur de me perdre, que le sang s'y était retrouvé figé.

Je savais qu'elle virait à droite et à gauche sans réfléchir, tentant désespérément et sans succès de s'éloigner des bombardements. Les pieds endoloris, recouverte d'une suie noire et de sang, j'essayai de la suivre tant bien que mal.

Soudain, elle me projeta au sol et me plaqua à terre ; un lourd bruit sourd passa au dessus de nos têtes, et quelques secondes plus tard, l'avion de chasse se crachait au milieu des ruines. L'explosion me vrilla les tympans, et pendant un instant ma vision se troubla. Une main m'empoigna avec force et me releva :

-Lève toi ! hurla-t-elle, prise de terreur.

Je forçai mes membres à se détendre et me levai en titubant, les larmes roulant sur mes joues. Je fus de nouveau entraînée par Julie dans le sens opposé de l'avion ; je jetai un regard en arrière et mon sang se figea dans mes veines ; ce n'était pas un avion de chasse ennemi. L'emblème de Stellarium y était peint, à présent consumé par les flammes. Je détournai vivement les yeux, ceux-ci embués de larmes. Était-ce là un signe ? Stellarium allait-elle être réduite en cendre, comme son emblème sur cet avion ?

Les débris fusaient partout.

Éclats d'obus et flammes ravageaient et avalaient tout ce qu'ils touchaient.

La fumée âcre nous empêchait de voir plus loin que quelques mètres, et mes poumons me brûlaient tant que bientôt, il me fut presque impossible de continuer à courir droit : ma vision se flouttait, la tête me tournait. Mes oreilles sifflaient, les bruits sourds d'avions et de bombes se crachant dans les entrailles de la ville me vrillaient les tympans. J'avais envie de pleurer, de vomir, de m'évanouir, mais Julie me tirait incessamment vers l'avant. Elle semblait ne jamais faillir devant tant de sang et de destruction. La mort imminente semblait la vêtir d'un courage à la détermination puissante.

Elle m'entraîna ensuite sur une grande place, et je reconnus malgré le nuage noir qui résidait ici que nous nous trouvions devant l'école.

-Aïru ! hurla Julie, et elle détala à toute vitesse droit devant en me traînant derrière elle comme un vulgaire pantin de bois.

Elle nous arrêta aux côtés de silhouettes floues et bondit sur l'une d'entre elles. Je tombai assise et secouai la tête pour que ma vision me revienne. Celle-ci devient alors plus nette et je pus voir autour de moi George, Jeane, un lapin blanc à la moustache noir à la patte tordue, Kaï et puis Aïru : ce dernier enlaçait Julie tendrement, le visage creusé d'inquiétude.

Moi, j'écarquillai les yeux d'horreur : Kenfu n'était pas là. Julie se détacha de son amant et son regard se posa sur nous, tour à tour. Ce fut à son tour de remarquer l'absence de son fils, car elle écarquilla les yeux à son tour et hurla, terrorisée :

-Où est Kenfu ?!

Tandis que Kaï demeurait silencieux, le nez rivé vers ses pieds, Aïru blêmit :

-Je pensais qu'il était avec vous !

-Il est encore à l'école ! s'étrangla Jeane, les larmes roulant sur ses joues.

Incapable de parler, je m'imaginai le jeune panda roux au coeur des flammes, étendu auprès des ruines, le pelage souillé et arrâché par les brûlures. Cette vision d'horreur me fit gémir :

-Que va-t-on faire ? sanglotai-je, la voix tremblante.

-On ne peut pas retourner le chercher, c'est trop dangereux ! renchérit George, la mine horrifiée. 

-J'y vais ! nous cria Julie en détalant vers l'établissement détruit et dévoré par les flammes.

Nous hurlâmes son nom comme une seule créature, lui ordonnant de revenir. Etant dans l'incapacité de me relever, je me traînait au sol comme pour la retenir. Aïru se débattait ses bras de Kaï pour courir à la suite de sa bien aimée : le Roi gardait une expression impassible, étrangement calme. Je fus prise d'un frisson d'horreur ; Kaï agissait comme si Julie n'allait pas revenir, qu'il voulait retenir Aïru de la suivre dans la mort.

Mais non, la mère de Kenfu ne pouvait pas mourir. Pas elle.

C'est alors qu'Aïru envoya son coude dans la mâchoire de Kaï, qui le lâcha sur le coup. Le vieux panda roux détala vers l'école, et nous restâmes plantés là, les yeux exorbités d'horreur. A ce rythme là, se seraient Kenfu et toute sa famille qui laisseraient la vie dans l'école.

Nous gardâmes nos yeux fixés sur le bâtiment recouvert d'une épaisse fumée âcre, le cœur tambourinant furieusement dans notre poitrine. Le suspense était insoutenable.

Brusquement, George et Jeane s'élancèrent à leur tour vers l'école sans réfléchir, et je hurlai leur nom d'une voix horrifiée. Que ferais-je s'ils mourraient tous ?

A présent ne restait que le lapin blanc, Kaï et moi. Ces deux premiers ne semblaient pas aptes à suivre les trois sauveteurs, alors nous restâmes assis là à fixer l'école, impuissants.

A peine quelques secondes plus tard, un avion militaire fendit les cieux au dessus de nos têtes dans un bruit sourd : nous nous plaquâmes au sol et l'engin s'écrasa dans les entrailles de l'établissement, provoquant une explosion monstrueuse : le feu dévala ce qu'il restait des marches à une vitesse phénoménale, nous projeta au sol et ma tête heurta un débris.

Le reste fut engloutit par la noirceur, et je perdis connaissance dans un sifflement aigü.   

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